« Ecopop » et le planning familial : OPA du nord sur les ventres du Sud ?
Sur Canal+ passait une série britannique particulièrement
anxiogène (dont la première saison est disponible en DVD), «
Utopia », qui nous narre les hauts faits d'un scientifique
terrifié par l'hypothèse d'une surpopulation humaine de la
planète, surpopulation qui menacerait la survie même de l'espèce,
à quoi seul un plan radical d'élimination des miséreux pourrait
parer, de telle sorte que la meilleure partie de l'humanité soit
sauvée. La meilleure partie de l'humanité ? Nous, bien sûr. Le
scientifique parano met donc au point un vaccin stérilisant les
populations excédentaires. Les populations excendaires ? Les
autres, évidemment. Une organisation puissante et clandestine est
mise au service de ce projet : elle corrompt et tue pour en
faciliter la réalisation -mais le scientifique finit par devenir
complètement cinglé et le vaccin est transformé afin de préserver
une seule « race » humaine, ou plutôt surhumaine, obtenue par
manipulation génétique. Un cauchemar né du croisement chimérique
des terreurs de Thomas Malthus et de l'imagination de Mary
Shelley. On n'est pas -et on ne sera sans doute jamais, dans le
monde décrit par Utopia... mais n'entendez-vous pas mugir dans nos
campagnes ces féroces fantasme de surpopulation et la conviction
qu'en sont responsables les pauvres du sud ? On n'a pas de vaccin
stérilisant ces métèques ? Instrumentalisons alors le planning
familial et les droits des femmes...
« Des enfants quand je veux, autant que je veux »... pas autant que VOUS voulez
Attribuer 10 % de l'aide publique fédérale au développement à la promotion du planning familial dans les pays du sud : L'initiative écoxénophobe « Ecopop » (qui se garde bien de proposer une augmentation de cette aide, ce qui signifie que les 10 % qu'elle va affecter au planning familial vont être prélevés sur l'aide existante, et donc réduire les autres formes d'aide) pare sa proposition de vertus féministes dont, à quelques exceptions près, les féministes sont les premières à dénoncer l'absence. Car avec « Ecopop », on n'est plus dans le planning familial que l'initiative prétend encourager, on est dans l'eugénisme dont elle se défend.
A moins de recourir à des méthodes du genre de celles mises en oeuvre en Inde (stérilisations de masse), où elles ont d'ailleurs échoué à freiner la surnatalité mais provoquent de véritables boucheries, ou en Chine (politique de l'« enfant unique »), où elles ont été si efficaces que se pose maintenant le problème d'un vieillissement accéléré de la population, la baisse du taux de natalité est le produit du développement social, économique et culturel, et de ses conséquences sur les femmes, conséquences mesurées par leur émancipation. Sans construction d'un système de santé, sans formation de son personnel, sans effort d'information des populations (y compris masculines) concernées, sans émancipation sociale et culturelle (y compris religieuse) des femmes, investir des moyens supplémentaires dans le planning familial relève du gaspillage de ressources dont des actions plus urgentes, et des efforts plus structurels, ont grand besoin. La première justification de la planification individuelle (ou de couple) de la procréation n'est d'ailleurs pas la limitation de la croissance démographique, et moins encore de l'émigration des pays pauvres vers les pays riches, mais précisément l'émancipation des femmes de la fatalité procréatrice -or cette émancipation suppose que soient remplies des conditions qui n'ont, elles, strictement rien à voir avec un projet de « dépopulation », et tout à voir avec la satisfaction des besoins matériels et le respect des droits individuels fondamentaux -et de ce point de vue, le soutien à la liberté d'organisation et d'association des femmes est plus important, y compris pour le développement du contrôle des naissances, que le soutien au planning familial. D'autant que le contrôle des naissances ne se réduit pas à la réduction du nombre d'enfants mais consiste en la capacité d'en choisir le nombre : « Des enfants quand je veux, autant que je veux », cela peut aussi signifier « plus d'enfants » -mais tous choisis, par celles qui vont les porter.
Le rapport d'« Ecopop » aux droits des femmes est de même nature que son rapport à l'écologie et ce n'est pas un hasard si selon le dernier sondage tombé sur les intentions de vote, les partisans d'Ecopop se recrutent essentiellement au sein de l'UDC, dont 64 % des sympathisants soutiendront l'initiative, alors que près des trois quarts des sympathisants des Verts et plus des deux tiers des sympathisants socialistes y sont opposés : cette initiative fleurit dans le terreau xénophobe (et de plus en plus ouvertement raciste) sur lequel l'UDC fait pousser ses propres initiatives.
« Une croissance continue de la population mondiale est physiquement impossible », reconnaît Philippe Roch, partisan d'« Ecopop» -Mais alors pourquoi l'agiter comme un épouvantail pour justifier une OPA sur le ventre des femmes du sud ? Sans doute parce que l'époque s'y prête : une époque de peurs.
« Des enfants quand je veux, autant que je veux »... pas autant que VOUS voulez
Attribuer 10 % de l'aide publique fédérale au développement à la promotion du planning familial dans les pays du sud : L'initiative écoxénophobe « Ecopop » (qui se garde bien de proposer une augmentation de cette aide, ce qui signifie que les 10 % qu'elle va affecter au planning familial vont être prélevés sur l'aide existante, et donc réduire les autres formes d'aide) pare sa proposition de vertus féministes dont, à quelques exceptions près, les féministes sont les premières à dénoncer l'absence. Car avec « Ecopop », on n'est plus dans le planning familial que l'initiative prétend encourager, on est dans l'eugénisme dont elle se défend.
A moins de recourir à des méthodes du genre de celles mises en oeuvre en Inde (stérilisations de masse), où elles ont d'ailleurs échoué à freiner la surnatalité mais provoquent de véritables boucheries, ou en Chine (politique de l'« enfant unique »), où elles ont été si efficaces que se pose maintenant le problème d'un vieillissement accéléré de la population, la baisse du taux de natalité est le produit du développement social, économique et culturel, et de ses conséquences sur les femmes, conséquences mesurées par leur émancipation. Sans construction d'un système de santé, sans formation de son personnel, sans effort d'information des populations (y compris masculines) concernées, sans émancipation sociale et culturelle (y compris religieuse) des femmes, investir des moyens supplémentaires dans le planning familial relève du gaspillage de ressources dont des actions plus urgentes, et des efforts plus structurels, ont grand besoin. La première justification de la planification individuelle (ou de couple) de la procréation n'est d'ailleurs pas la limitation de la croissance démographique, et moins encore de l'émigration des pays pauvres vers les pays riches, mais précisément l'émancipation des femmes de la fatalité procréatrice -or cette émancipation suppose que soient remplies des conditions qui n'ont, elles, strictement rien à voir avec un projet de « dépopulation », et tout à voir avec la satisfaction des besoins matériels et le respect des droits individuels fondamentaux -et de ce point de vue, le soutien à la liberté d'organisation et d'association des femmes est plus important, y compris pour le développement du contrôle des naissances, que le soutien au planning familial. D'autant que le contrôle des naissances ne se réduit pas à la réduction du nombre d'enfants mais consiste en la capacité d'en choisir le nombre : « Des enfants quand je veux, autant que je veux », cela peut aussi signifier « plus d'enfants » -mais tous choisis, par celles qui vont les porter.
Le rapport d'« Ecopop » aux droits des femmes est de même nature que son rapport à l'écologie et ce n'est pas un hasard si selon le dernier sondage tombé sur les intentions de vote, les partisans d'Ecopop se recrutent essentiellement au sein de l'UDC, dont 64 % des sympathisants soutiendront l'initiative, alors que près des trois quarts des sympathisants des Verts et plus des deux tiers des sympathisants socialistes y sont opposés : cette initiative fleurit dans le terreau xénophobe (et de plus en plus ouvertement raciste) sur lequel l'UDC fait pousser ses propres initiatives.
« Une croissance continue de la population mondiale est physiquement impossible », reconnaît Philippe Roch, partisan d'« Ecopop» -Mais alors pourquoi l'agiter comme un épouvantail pour justifier une OPA sur le ventre des femmes du sud ? Sans doute parce que l'époque s'y prête : une époque de peurs.
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