On vous dit ça, mais c'est juste histoire de dire autre chose des élections municipales...


Votez pour vous !

Et si on parlait des élections municipales à venir autrement qu'en prêchant pour sa paroisse ? Si on parlait de la commune avant que de parler des élections ? Selon un beau et solide lieu commun, la commune est « le premier échelon de la démocratie ». Certes. Mais cette affirmation ne renvoie pas à la structure institutionnelle : elle fait référence à la pratique même de la démocratie, d’une démocratie vivante, enracinée, portées par les gens et portant sur des enjeux concrets. La commune est un lieu, le premier et le plus important, d’expérimentation politique, de mise en œuvre des procédures démocratiques sur ce qui a immédiatement des conséquences concrètes sur la vie même des habitants. C’est dire  que toute restriction des compétences de la commune est une restriction de la démocratie, et que toute tentative de suppression de ce « premier échelon de la démocratie » est une tentative de suppression de la démocratie elle-même, là où elle a un contenu vérifiable sur le terrain, et donc là où elle est subversive de l’ordre social – de tout ordre social, quel qu’il soit. Au printemps prochain, allez voter. Pour vous.


Au XXIème siècle, les pauvres regardent toujours voter les autres.

Entre un quart et un tiers de celles et ceux qui disposent du droit de voter et d’élire n’en font jamais usage et les deux tiers de celles et ceux qui en usent ne le font qu’occasionnellement. La participation citoyenne aux décisions politiques est particulièrement faible dans les zones urbaines, et plus faible dans les quartiers populaires que dans les quartiers « bourgeois » : le critère déterminant de la participation politique est toujours le niveau de formation, et celui-ci est toujours lié au niveau de revenu. Bref : si au XIXème siècle, « les pauvres regardaient voter les riches », au XXIème siècle, les pauvres regardent toujours voter les autres.
Aux citoyennes et aux citoyens qui renoncent à peser sur les décisions politiques s’ajoutent celles et ceux qui n’ont pas même le droit d’y prendre part (au plan cantonal du moins, puisque depuis 2005 les étrangères et étrangers établis disposent d’une partie des droits politiques au plan municipal) : les étrangères et les étrangers, qui sont pourtant usagères et usagers des services public, qui contribuent directement et indirectement aux finances publiques qui sans leur contribution verraient leurs déficit se creuser vertigineusement, et aux assurances sociales qui ne sont viables que grâce à leur apport massif. Or une part importante de ces « étrangères» et « étrangers » sont nés chez nous, étrangères et étrangers peut-être, mais pas immigré-e-s, puisqu’ils sont d’ici et pas d’ailleurs…
Notre système politique évolue ainsi lentement, mais sûrement, vers le retour à un système de type oligarchique que les révolutions démocratiques croyaient (ou voulaient faire croire) avoir aboli : parce qu’elle a accès (culturellement) aux informations qui lui permettent de choisir et de décider, une minorité de la population prend les décisions qui concernent tout le monde, alors qu’une majorité est ou se sent (ce qui politiquement revient au même) exclue du processus de décision. Cette inégalité d’accès aux « ressources » culturelles et aux informations nécessaires s’est accrue ces dernières années, d'un nouvel analphabétisme, qui ne concerne plus la lecture et l’écriture, mais l’informatique, qui n’éloigne plus du livre, mais de l’ordinateur et de l’internet. Or comme le vieil analphabétisme, ce nouvel analphabétisme est une privation de pouvoir, un éloignement des droits démocratiques.

Pour autant,  c’est de la politique dont on est tenu à l’écart, pas forcément du politique : en témoignent la multiplicité des mouvements sociaux, le nombre considérable des actions collectives, fussent-elles très localisées et ciblées sur des enjeux quotidiens.  Ces mouvements et ces actions peuvent entraîner à une action collective des femmes et des hommes qui s’étaient jusqu’alors tenus à l’écart de tout engagement public, et sans cet engagement de citoyens « neufs », le mouvement social ne serait que la courroie de transmission du mouvement politique, puisque la minorité politiquement active l’est aussi socialement. Les militantes et militants du mouvement associatif, les bénévoles des organismes d’entraide, des clubs sportifs, des groupements culturels, sont aussi des citoyennes et des citoyens exerçant les droits politiques dont ils disposent : ce n’est pas au sein du monde associatif  que se recrutent les abstentionnistes.
Par définition, la commune est le service public en actes. N’étant pas fauteuse de lois, sa réalité politique est celle de la mise à disposition de services, de la concrétisation de droits fondamentaux, de la matérialisation des discours politiques. La commune est le service public, parce qu’elle ne peut rien être d’autre –sauf à se nier en tant que commune.

Vous l'a-t-on assez scandé, notre vieux slogan, « Vive la Commune ! » ?

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