OPA arnaqueuse sur l'écologie : Ecopop, ou la catatonie environnementale


C'est-y pas plus clair comme ça ? Dans la « Tribune de Genève » du 6 novembre, c'était l'avocat d'extrême-droite Pascal Junod qui était commis à la défense de l'initiative « Ecopop » et à l'attaque des écolos qui ne la soutiennent pas. Il semble bien pourtant que certains prennent encore ce projet xénophobe pour un manifeste de la décroissance... Or de quoi nous parle Ecopop, non dans son exposé apologétique (et apodictique), mais dans le texte soumis au vote populaire ? De population ? oui, mais de population immigrante. De planning familial ? Oui, mais de familial ailleurs, et le plus loin possible. Et en Suisse, et au comportement des Suisses (de souche, de résidence ou d'importation), quels changements propose-t-elle ? Aucun. Ecopop ne dit rien de l'aménagement du territoire, rien de la politique des transports, rien de la consommation intérieure, rien de la production et de la consommation d'énergie : hors de son obsession démographique, Ecopop est catatonique.

Remplacer 60'000 résidents par 60'000 pendulaires, une solution écologique ?

La Confédération s'attache à faire en sorte que la population résidant en Suisse ne dépasse pas un niveau qui soit compatible avec la préservation durable des ressources naturelles » : tel est le projet d'« Ecopop ». Un projet aux jolies couleurs verdoyantes, qui suppose d'abord un lien quasi mécanique entre la quantité de population et la préservation des ressources naturelles, et ensuite que la quantité de population à considérer est celle de la population résidente, comme si la frontière politique était une barrière écologique... Deux présupposés, deux âneries.
Plafonner l'immigration n'est d'aucun effet sur ce qui devrait importer à qui se préoccupe sérieusement de l'utilisation du sol et des ressources naturelles. Etmême d'aucun effet sur l'immigration elle-même, puisque les obstacles à l'immigration légale seront contournés à la fois par l'immigration illégale et par l'emploi de frontaliers : Ecopop a beau proposer de limiter l'immigration à 0,2 % de la population résidente, l'immigration continuera d'être cinq ou dix fois supérieure -mais elle sera plus nombreuse à être sans droits, sans protection, sans encadrement, parce qu'illégale. Quant à l'«économie» , elle trouvera sa main d'oeuvre là où il y en a et où le contingentement de l'immigration en Suisse ne s'appliquera pas : de l'autre côté de la frontière. Parce que les frontaliers n'étant pas résidents, et n'étant donc pas touchés par la limitation de l'immigration, c'est à eux qu'on recourra pour compenser légalement l'immigration manquante. Remplacer 60'000 immigrants par 60'000 pendulaires, voilà la solution intelligente proposée par Ecopop. On vous laisse imaginer les effets sur l'environnement de ce va-et-vient constant (de préférence en bagnole) entre lieu d'habitation à l'étranger et lieu de travail en Suisse.

Le produit intérieur de la Suisse et de ses huit millions d'habitants dépasse celui, cumulé, des 34 pays les plus pauvres et de leurs 850 millions d'habitants et si le monde entier consommait (et gaspillait) comme la Suisse, il faudrait quatre planètes pour couvrir cette consommation (et ce gaspillage). La Suisse dépasse donc du quadruple le « niveau compatible avec la préservation durable des ressources naturelles » qu'Ecopop prétend lui faire retrouver en bloquant l'immigration pour permettre à la population résidente de continuer à vivre sa petite vie de population résidente de l'un des pays les plus gloutons du monde. On aura bloqué l'immigration pour continuer à bétonner l'espace, moins pour loger les gens que pour vendre des marchandises et entasser des voitures : l'immigration n'est pour rien dans la prolifération des centres commerciaux et des parkings -ce sont bien des immigrés qui les construisent, mais pour des résidents...

Selon les projections du démographe genevois Philippe Wanner, si « Ecopop » devait être appliquée, la population active de la Suisse se réduirait en 2030 à 4,7 millions de personnes, soit 700'000 de moins qu'attendus, à moins de repousser l'âge de la retraite... à 81 ans en 2050... Et l'environnement, ne s'en portera certainement pas mieux : contrairement aux apparences, la consommation individuelle de ressources naturelles (y compris d'espace) augmente avec l'âge, et une population vieillissante représente une charge environnementale plus lourde qu'une population jeune. Evidemment, d'ici à ce que la Suisse ait été transformée en un gigantesque EMS stockant des grabataires indigènes soignés par des clopinants résidents, les promoteurs d'Ecopop seront tous morts (comme nombre d'entre nous), ce qui devrait leur (et nous) éviter de payer le prix de leurs délires malthusiens.
« Après nous le déluge », en somme.


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