PS français : Il va bien falloir choisir...


Levez-vous, orages nécessaires...

En France, le « virage » social-libéral désormais assumé par Hollande et Valls a réduit la base parlementaire et la base populaire de la présidence et du gouvernement en place à un tel (bas) niveau que seuls l'appel à la discipline de parti et le réflexe légitimiste des élus empêche encore l'éclatement du PS français. Et on dit bien l'éclatement, pas la dissolution : l 'éclatement entre un parti « démocratique » à l'italienne et un parti socialiste (ou social-démocrate, puisque quoique n'ayant jamais assumé cette filiation, le PS français a toujours été un parti social-démocrate, même quand il aimait jouer avec des références révolutionnaires). Un tel éclatement serait sans doute clarificateur du choix entre deux lignes que leurs tenant savent inconciliables, même s'ils se refusent à tirer les conclusions de cette certitude. Entre Hollande et Valls d'un côté, Montebourg, Veillon et Aubry de l'autre, il va pourtant bien falloir choisir. Avant ou après une défaite électorale ? Levez-vous, orages nécessaires !

«  Il y a un acteur nouveau sur la scène de l'histoire. C'est le peuple ». Nouveau, vraiment ?

Au sein du PS français, donc, les fronts se clarifient. Martine Aubry propose, contre le « social-libéralisme » à la Valls, une « nouvelle social-démocratie dans laquelle l'Etat stratège construit avec le privé ». Si on devait s'en tenir là, on ne voit pas plus ce que cette social-démocratie aurait de « nouveau » qu'on ne voit ce que le «néo-libéralisme» a de « néo »... Et d'en appeler, comme Aubry le fait, à « préparer l'avenir » (pour le passé et le présent, en effet, c'est trop tard) « autour du numérique, de l'écologique et du territorial » ne renouvelle pas non plus fondamentalement le projet socialiste. Alors quoi ? comment «  bâtir une société dans laquelle on vit avec les autres et où on n'est pas en concurrence avec ses voisins » (Aubry dixit) ? Et sur quelles valeurs fonder l'unité de cette « nouvelle social-démocratie», sachant qu'on ne peut la construire (ni quelque autre projet socialiste) « en cassant le passé », c'est-à-dire en renonçant à ce qui fait du projet socialiste (social-démocrate ou non, la différence entre la social-démocratie et les autres conceptions socialistes se faisant essentiellement sur le rôle de l'Etat) un projet radicalement contradictoire du projet libéral? Poser ces questions, c'est poser celle, précisément, de ce qui fonde cette différence : le principe d'égalité.

De la triple proclamation démocratique qui nous vient de la Révolution française, « liberté, égalité, fraternité », chacun des grands courants démocratiques européens privilégie l'un des termes (« privilégie », autrement dit met en avant, sans pour autant nier les deux autres). Le libéralisme va privilégier la liberté (individuelle et économique), la démocratie-chrétienne la fraternité (le sens « familial » du terme n'est pas sans signification). Et le socialisme, donc, l'égalité comme principe  identitaire. Dans la liberté, toujours, pour les libertaires, et autant que possible pour les sociaux-démocrates. Et dans la fraternité tant qu'à faire.

Mais les partis politiques ne sont pas propriétaires du champ politique : « Il y a un acteur nouveau sur la scène de l'histoire. C'est le peuple », proclame, à la gauche du PS (et hors du PS), et les yeux fixés sur l'Espagne, Jean-Luc Mélenchon.  Nouveau, vraiment, cet acteur ? Il est vrai qu'au temps des réseaux sociaux, de l'éclatement des lieux traditionnels de socialisation politique (les partis, les syndicats), la ville, la place publique, la rue redeviennent des espaces d'initiative politique, débarrassés de l'obsession du consensus qui tue la politique elle-même, en tant qu'elle est forcément un affrontement, car « seul le conflit crée de la conscience » et rien ne dissout plus vite, et plus totalement, la conscience politique que la peur de l'affrontement et la recherche d'un consensus à tout prix : quand on multiplie les consultations, les table-rondes, les sondages, les pseudo «Etats généraux» de tout et de n'importe quoi (en oubliant au passage que les plus célèbres de tous les Etats généraux n'ont pas accouché d'un consensus mais d'une révolution), c'est que l'on ne sait plus ni où on va, ni ce qu'on veut, ni ce qu'on vaut.

Les sociaux-libéraux ont embouché depuis un bon quart de siècle qu'ils sévissent (mais ils ont des ancêtres -les «fabiens» britanniques, par exemple...) les trompettes du «pragmatisme», au point d'en avoir fait quasiment une idéologie. Or s'il est évident qu'un projet politique suppose du «  pragmatisme », c'est-à-dire une capacité de le réaliser, sans quoi il ne relève que du rêve, il ne peut s'y mesurer à cette seule aune, et moins encore s'y résumer.
Le premier ministre « social-libéral » français, qui veut transformer le Parti socialiste en une sorte de Parti démocrate à l'américaine (ou démocratique à l'italienne), a appelé le 22 octobre à « en finir avec la gauche passéiste ».

Et de la gauche amnésique installée au(x) gouvernement(s) on fait quoi ?

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