Usagers et usagères, employées et employés ensemble pour défendre le service public

Cet après-midi, à 17 heures, au parc Saint-Jean (devant les syndicats patronaux), tous les syndicats genevois, appuyés par toute la gauche, appellent le personnel, les usagères et les usagers des services publics à manifester pour les défendre face à une majorité gouvernementale et parlementaire qui s'apprête (jeudi) à décider de coupes budgétaires massives dans l'éducation, la santé, le social, l'administration, en s'attaquant à la fois à la population la plus fragile du canton et aux employés de la fonction publique et parapublique. Cette manifestation accompagne une journée de débrayages dans tous les secteurs, non pour la défense de « privilèges » (qui ne sont que des droits qu'il s'agit d'accorder à tous les travailleurs du secteur privé, plutôt qu'en priver ceux du secteur public), mais pour la défense du seul secteur capable d'assurer à toutes et tous des prestations indispensables sans en exclure celles et ceux qui ne peuvent y accéder quand elles sont « proposées » (c'est-à-dire vendues) au « prix du marché »... Comme si les « fonctionnaires » ne faisaient pas partie de la population et n'étaient pas contribuables... Lors du débat budgétaire en Ville de Genève, la droite (en général, mais le PLR en particulier) n'a cessé d'opposer « les fonctionnaires » à « la population » et « aux contribuables », non seulement rhétoriquement dans la profusion de discours dont elle a abreuvé le Conseil Municipal (avec une mention particulière pour la suffisance de ceux du PLR Genecand et les glapissements de ceux du MCG Sormani), mais aussi politiquement, par les amendements qu'elle a déposés pour dénaturer, voire couler, le projet de budget de la Municipalité  (dont, exemplaire, l'amendement consistant à piétiner le statut du personnel de la fonction publique municiupale et la convention collective du personnel de la petite enfance, pour « geler les annuités »). Comme si les «fonctionnaires» ne faisaient pas partie de la population et n'étaient pas contribuables... Comme si, surtout, les services publics étaient l'ennemi à abattre. En fait, c'est bien le cas : le service public, aujourd'hui, à Genève, c'est bien, pour la droite genevoise, municipale comme cantonale, l'ennemi à abattre. Parce que cet ennemi est au service, non de l'Etat comme on le croit généralement, ni du marché, comme le voudrait cette droite, mais de la population toute entière, dont il concrétise les droits fondamentaux sans les calibrer à la recherche d'un profit. Ce sont les mêmes forces politiques (le PLR, l'UDC, le MCG, et généralement aussi le PDC) et économiques qui veulent aujourd'hui mettre à mal les services publics au nom de la rigueur budgétaire, et qui ont, hier et avant-hier, plombé les finances publiques d'un milliard de frrancs de rentrées fiscales en quelques années -tout en s'apprêtant à les plomber encore de quelques centaines de millions de francs en adoubant une « réforme de la fiscalité des entreprises » libérant celles-ci d'une grande partie de leurs charge fiscale, en « compensation » d'une (modeste) réduction des cadeaux accordés aux multinationales. Pompier pyromane, ce n'est pas seulement une dérive individuelle : c'est aussi une méthode de gestion des finances publiques. Les services publics ne sont pas une vache sacrée, mais ils sont le seul instrument dont dispose une collectivité pour assurer la concrétisation des droits dont elle proclame le caractère fondamental dans le discours qu'elle tient sur elle-même, dans sa constitution, dans ses lois. Et ils ne sont pas la propriété de l'Etat, et moins encore des majorités parlementaires et gouvernementales, mais celle de toute la population. Ils sont un bien commun, et c'est ce bien commun qu'il s'agit de défendre, aux côtés de celles et ceux, leur personnel, qui les font vivre et fonctionner, et ne se mettent en grève aujourd'hui que parce que leur voix n'est pas entendue, leurs droits pas défendus, leur travail pas reconnu.

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