Fonds de tiroir


Juste avant noël, un homme blessé a été renvoyé par la Suisse dans son pays; il était requérant d'asile, il avait été débouté de sa demande d'asile, et russe, il a été renvoyé de Genève en Russie. Après avoir été blessé dans l'incendie du foyer de requérants d'asile des Tattes, à Vernier, l'incendie qui a fait un mort et blessé très grièvement (paralysé) deux personnes,  le 17 novembre. L'homme expulsé de Suisse mi-décembre, a été arrêté dans les locaux de l'Office cantonal de la population (OCP) où il s'était rendu pour toucher une aide d'urgence, avant de se rendre chez les médecin. Conduit au centre de rétention de Frambois, puis à l'hôpital, il, y a été interpellé en pleine nuit par cinq agents cagoulés qui l'ont mis dans un avion pour Moscou et accompagné jusque là. Genève s'était engagée à ne pas arrêter les requérants d'asile dans les locaux de l'OCP ? il y a été arrêté. Ses blessures nécessitaient des soins quotidiens, et les autorités fédérales assurent que « la santé des rapatriés est toujours prise en compte»? il a quand même été expulsé. Le Conseiller d'Etat genevois Maurio Poggia avait promis dans la presse qu'on ne renverrait pas dans leur pays d'origine des personnes « en chaise roulante » ? lui n'avait que des béquilles, et le même Poggia se défausse en affirmant désormais n'être « pas au courant de ce cas »  et ne pas être « chargé des renvois ». Voilà, c'était à Genève, capitale mondiale des droits de l'Homme, juste avant noël... Bonne année, braves gens...

Si c'est pas une Genferei ça : Deux ans après les faits, le conseiller administratif Rémy Pagani a été «averti» (et un Pagani averti en vaut deux)  par le Conseil d'Etat agissant comme autorité de surveillance des communes (mais qui a mis trois semaines avant d'annoncer sa décision) pour avoir pénétré de force au sein du conseil d'administration des Transports publics genevois, et avoir rendu la séance de cet estimable organe impossible, le 17 décembre 2012. A la suite d'une proposition du PLR, le parlement avait exclu les membres d'exécutifs communaux de ce conseil. La mesure ne visait en réalité que Rémy Pagani, représentant de la Ville de Genève dont il était alors maire. Mais la loi sur les Transports publics genevois a de nouveau été modifiée en octobre dernier, par l'adoption d'une proposition socialiste abrogeant l'interdiction de siéger faite aux Conseillers administratifs, ce qui devrait permettre à Rémy Pagani de siéger à nouveau au conseil d'administration des TPG. Dans l'intervalle, la Ville de Genève a été représentée par Christian Ferrazino, prédécesseur de Rémy Pagani au Conseil administratif. Donc, on résume : Rémy Pagani (qui fera recours contre son « avertissement ») a été sanctionné en décembre 2014 pour avoir pénétré au sein d'un Conseil d'administration dont il avait été exclu mais où il siègera à nouveau, après avoir été remplacé le temps d'un changement de loi par son prédécesseur à la Mairie. Autrement dit : il a été sanctionné en décembre 2014 par le Conseil d'Etat (qui semble avoir du temps à perdre) pour avoir fait en décembre 2012 ce qui est à nouveau autorisé en 2014. Pour le président du Conseil d'Etat, François Longchamp, l'atttitude de Rémy Pagani en 2012 « n'a pas été en ligne avec celle qu'on attend d'un maire». Ah ouais ? Et l'attitude du Conseil d'Etat, elle est en ligne avec quoi ? le mode d'emploi d'une machine à remonter le temps ? 

Une vingtaine de milliers de Suisses résident en France sans s'y déclarer comme résidants. On attend avec gourmandise une campagne commune du Front National, de l'UDC et du MCG contre cette « immigration massive »  de clandestins, dont chacun fait perdre, en ne se déclarant pas à la commune française où il réside, en moyenne 2000 euros par an. Soit, au total, une quarantaine de millions d'euros. On attend. Mais quelque chose nous dit qu'on va pouvoir attendre longtemps...

Le « recentrage » bourgeois version «libérale» du MCG se poursuit : Gominator ne soutient plus les chauffeurs de taxis genevois, mais leurs concurrents déloyaux de «Uber», une multinationale qui pèse 41 milliards de dollars (ça doit faire saliver Stauffer, tous ces milliards...) et dont les activités débordent sur le secteur des taxis alors qu'elle n'est pas autorisée à y sévir (il s'agit plutôt d'une entreprise de mise à disposition de voitures qu'elle ne possède pas, conduite par des chauffeurs qui ne sont même pas ses employés), que ses activités sont interdites dans de nombreuses villes et pays d'Europe, et sont contraires à la législation en vigueur à Genève. Un chauffeur de taxi s'interroge ? Stauffer « a-t-il acheté des parts dans Uber ? »... connaissant le personnage, on se demande plutôt si Uber n'a pas acheté des parts dans Stauffer, toujours à vendre au plus offrant (le PLR, Zacharias... Uber ?)...

Selon une enquête de l'IFOP sur la pregnance des préjugés antisémites (au sens de « judéophobe »), trois groupes spécifiques se distinguent de la population française en général : un premier groupe formé des militants et sympathisants du Front National et des électeurs de Marine Le Pen en 2012; un deuxième groupe formé des musulmans (en distinguant les croyants d'une part, les pratiquants d'autre part, de l'ensemble des musulmans)... et un troisième groupe, formé à notre consternation des militants et sympathisants du Front de gauche (mais pas forcément des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2012, grâce lui soit surtout rendue à lui-même). Si 35 % des Français estiment que « les Juifs utilisent aujourd'hui dans leur propre intérêt leur statut de victimes du génocide nazi pendant la seconde guerre mondiale », cette proportion ascende à 62 % des proches du Front National, 62 % des pratiquants musulmans et  51 % des proches du Front de Gauche. L’affirmation selon laquelle « les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l'économie et de la finance » est approuvée par 25 % des Français, 50 % des proches du Front National, 74 % des pratiquants musulmans, et 33 % des proches du Front de Gauche. Si 22 % des Français considèrent que « les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de media », cette proportion ascende à 51  % côté Front National , 61  % côté musulmans (mais reste à 28 et 23 % côté Front de Gauche). Les Juifs ont-ils « trop de pouvoir dans le domaine de la politique » ? 19 % des Français sont d'accord, 41 % des frontistes, 51 % des Musulmans et 27 % des partisans du Front de Gauche. Enfin, si 16% des Français sont persuadés qu'il « existe un complot sioniste à l'échelle mondiale », ils sont 37 et 38 % à le penser chez les frontistes et les lepenistes (la proportion de «complotistes» chez les partisans du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon est au niveau de celle de l'ensemble des Français). Que les préjugés judéophobes soient présents en proportion souvent supérieure à celle (excédant déjà la raison) dans la population française, chez les militants et sympathisants du Front de Gauche (24 % d'entre eux considèrent que les Juifs sont trop nombreux en France, contre 16 % de l'ensemble des Français, et 8 % des socialistes), on peut y voir un effet de la confusion entre sionisme, judaïsme en tant que religion et origine juive en tant que tradition culturelle, mais on devrait surtout y voir une invitation, adressée à la gauche en général (et à la « gauche de la gauche » en particulier) à dissiper cette confusion calamiteuse... dont la première à souffrir, après l'intelligence politique, est la solidarité avec les Palestiniens.

Et une démission de plus (et pas des moindres) dans le marigot pénitentiaire genevois : la directrice de l'Office cantonal de la détention, Michèle Righetti, se barre pour devenir directrice générale adjointe des hôpitaux universitaires. Après le directeur de Curabilis et une bonne dizaine de démissions, déplacements, révocations, licenciements, des mouvements de grève du personnel et une mutinerie des prisonniers. Commentaire du Maudet en chef des polices et des prisons : « la rotation du personnel est un phénomène naturel et même sain dans l'Etat »... au point où on est, aut engager des derviches tourneurs... En tout cas, nous, on prévient solennellement : ça sert à rien de nous supplier de prendre la tête de l'Office de la détention si on n'a pas carte blanche pour y faire tout ce qu'on veut. Pour le salaire, on peut négocier, mais pour les horaires de boulot, c'est pas avant 16 heures. Et on veut un logement de fonction à Saint-Antoine. Si possible dans notre ancienne cellule. Voilà, on est à disposition.

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