Fonds de tiroir


Petites nouvelles de la crise du logement à Genève : En 2013, Genève comptait presque autant de bordels (pardon : de « salons »...) que de prostituées et prostitués (pardon : de travailleuses et travailleurs du sexe) exerçant de manière indépendante dans des logements : 133 salons, 140 travailleuses et travailleurs du sexe. Mais quand le salon est installé dans un immeuble de logements, les locataires apprécient peu les nuisances que sa fréquentation provoque. Or lorsque le salon est déclaré comme tel, c'est-à-dire comme un commerce légal, et qu'il n'est pas installé dans un logement, il est tout à fait légal, et on ne peut pas faire grand chose. En revanche, puisqu'il s'agit d'un commerce, s'il occupe un logement, il est coupable d'un usage illégal, à moins que la fonction principale du logement en question reste l'habitation : en d'autres termes, les tenanciers d'un bordel sont soumis aux mêmes règles que les médecins ou que toute autre profession libérale exercée à domicile. Or la Brigade des moeurs a recensé en septembre 2013 16 salons « de massage » installés dans des appartements dévolus exclusivement à l'habitation. Et la Cour des Comptes suggère d'autoriser la prostitution indépendante en appartement par deux personnes sans que l'appartement en question devienne un « salon », histoire de réduire la dépendance des prostitué-e-s à l'égard des tenanciers de bordels. Bon, bref, de plus en plus d'appartements vont devenir des locaux professionnels en même temps que d'habitation. Si y'a un marché, qu'est-ce qu'on parie que Zacharias va s'y précipiter ?

Dans un entretien au journal «Première ligne», voué à défendre les politiques de « réduction des risques liés aux consommations de drogues », le Conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia prend l'exact contre-pied des positions de son propre parti, y compris de celles qu'il avait lui-même soutenues avant d'être conseiller d'Etat. Poggia relève que des lieux comme le local d'injection « Quai 9 », qu'une motion MCG (qu'il avait signée) voulait déplacer le plus loin possible du centre-ville, n'attirent pas les toxicomanes puisqu'ils sont implantés là (à Cornavin, en l’occurrence) où les toxicos sont déjà présents, et qu'on ne peut pas, sans mettre en danger la politique de réduction des risques, exclure de ses lieux des personnes (dont il se sent obligé de  rappeler à qui le nie que «ce sont des êtres humains»...) qui viennent de l'extérieur de Genève puisque « Genève est la métropole régionale » et qu'il va donc « de soi  qu'elle attire une population à la recherche de produits stupéfiants ». Alors, à la question (innocente) de savoir s'il n'avait pas un peu changé d'avis depuis le temps où il signait une motion (à la con) demandant le « déplacement du Quai 9 » à la périphérie, là où il n'y aurait personne qu'il gênerait mais surtout personne qui s'y rendrait, Mauro Poggia ne peut que répondre, après avoir avoué qu'il lui arrivait de « soutenir des motions avec lesquelles (il n'était) pas forcément d'accord », par l'excuse bateau que «le débat mérite d'être posé» (il faudrait juste éviter de le poser comme on pose une pèche...) mais qu'ensuite « la réalité nous rattrape très vite » et qu'on finit par se rendre qu'on a signé une connerie. On progresse, on progresse...

Des fans de la Garde Suisse du Vatican ont lancé juste avant noël une pétition exprimant une «profession de foi claire» en sa faveur, persuadés qu'ils sont que le pape veut la dissoudre et qu'il privilégie la Gendarmerie vaticane à la Garde pontificale. Méchant pape. On attend à Genève une pétition en faveur de la Compagnie 1602 sur le soupçon que Maudet voudrait la dissoudre au profit des Vieux Grenadiers, ou on la lance nous-mêmes ?

Découverte de l'institut de recherches Sotomo : si l'initiative UDC « contre l'immigration de masse » a été acceptée par le peuple le 9 février, c'est (on résume) par peur des étrangers (en grec : xénophobie), et pas pour d'autres raisons, genre pression démographique, crise du logement, disparition des surfaces agricoles, proximité de la frontière d'Etat : l'attitude face aux étrangers a pesé vingt fois plus que la crainte d'un «bétonnage» du territoire du à l'immigration, le clivage gauche-droite a été déterminant et les communes où le « oui » a été le plus fort sont celles qui ont voté le plus massivement contre les minarets en 2009 et pour le renvoi des « criminels étrangers » en 2010. Autrement dit : où les votes anti-étrangers sont systématiquement les plus forts, même si on n 'y a pas vu un étranger vivant depuis l'invasion française en 1798. C'est vachement utile, comme analyse: on se doutait pas que là où les xénophobes sont nombreux, les votes xénophobes sont fréquents, on s'en doutait pas...

Chaque mois, près de 4000 usagers des TPG se font gauler pour avoir pris le bus ou le tram sans payer (compte tenu des oublis d'abonnements). Et les deux tiers d'entre eux paient les amendes qui leur sont infligées pour resquille. En 2014, ils seront au moins 1000 de plus à se faire prendre qu'en 2013, «grâce» au renforcement des contrôles -mais on  doute fortement que le coût de ce renforcement soit compensé par le paiement des contrebûches délivrées : 25 agents et agentes patrouillent quotidienne sur le réseau jusqu'à deux plombes du mat', ce qui doit coûter au bas mot, rien qu'en salaires et cotisations sociales, dans les deux millions et demi de francs par an, pour en encaisser six millions en 2013, probablement un peu plus en 2014 et encore un peu plus en 2015 puisque le tarif des amendes augmentera. N'empêche, on est bien content de contribuer à réduire le déficit des transports publics... Quoiqu'on persiste à se demander si entre le coût des distributeurs de billets et le coût des contrôles, on ne réduirait pas ce déficit en instaurant la gratuité des transports publics.

Le Jeunesse Socialiste genevoise, qui ne veut pas que le mot « socialiste »  soit associé au mot « austérité », reproche à la Conseillère d'Etat socialiste Anne Emery-Torracinta de ne pas avoir rompu la collégialité gouvernementale et de ne pas s'être désolidarisée du projet de budget du Conseil d'Etat, ce qui la rend «complice de la majorité bourgeoise du Conseil d'Etat dans sa guerre contre la fonction publique ». Ben ouais, les jeunes, c'est ça, la participation minoritaire de la gauche à un gouvernement majoritairement de droite : on avale tellement de couleuvre qu'on devient un vrai vivarium. Et se «désolidariser» de la majorité n'y changerait pas grand chose (ça améliorerait l'image, d'accord, mais rien de plus). Chevènement résumait ça très bien : quand on est ministre et qu'on est pas d'accord avec le gouvernement, « on ferme sa gueule ou on démissionne ». Encore qu'il y ait une troisième solution : se rendre insupportable et se faire virer. Mais c'est pas dans la culture du PS. Hélas.

Donc, si on en croit la presse, le président de l'UDC zougoise a été arrêté (puis remis en liberté provisoire) juste avant noël sur le soupçon d'avoir fait absorber du GHB (la « drogue du violeur ») à une députée verte, lors d'une soirée « bien arrosée », pour ensuite abuser d'elle. Toutes accusations qu'il réfute, faisant dire à son avocat que la relation sexuelle était consentie, ce que la députée nie. On ne se prononcera pas sur la véracité des accusations, mais on rappellera tout de même que le « consensus » (helvétique) ça s'écrit en un seul mot et que ça se pratique autrement. Même si on demande si la « drogue du violeur », l'UDC n'en fait pas un usage massif avant certaines votations pour pouvoir entuber plus à l'aise un maximum de votant-e-s...


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