Fonds de tiroir


Le travail, c'est la santé, et le sport aussi. Ce que prouvent ces quelques chiffres, ne portant que sur la Suisse: 750'000 personnes se blessent chaque année sur leur lieu de travail, et le double pendant leurs loisirs. Le stress engendre des coûts sociaux d'un milliard et demi de francs annuellement, les troubles psychiques de 19 milliards. Les seuls maux de dos sont responsables d'une diminution de 2 % du produit intérieur brut. Chaque année, près de 300 nouveaux cas de pathologies liées à l'amiante sont enregistrés. Oualà. Bon, faut quand même nuancer : des milliers d'emplois et des milliards de chiffre d'affaires dépendent des maladies et des accidents professionnels et sportifs. Alors on va pas se coucher tout de suite, on va encore bosser un peu, et après on se fera un chti jogging. Pour relancer l'économie.

Depuis le 1er janvier, un salaire minimum garanti est en vigueur en Allemagne. Il n'est pas bien gras (8,50 euros de l'heure), mais il s'applique à tous les travailleurs (à quelques exceptions près) de tout le pays, et la réforme qui l'a introduit est soutenue par près de 90 % de la population, selon les sondages. Si bas qu'il soit, il va augmenter le salaire d'un travailleur des länder de l'est sur quatre, et, au total, de millions de salariés allemands : en 2013, l'Allemagne était l'un des pays d'Europe qui comptait le plus de bas salaires, et des accords de branche prévoyaient encore, avant l'introduction du salaire minimum, des salaires de base de 7,50 euros de l'heure. Dans l'agriculture, la restauration, le transport en taxi, les salaires moyens sont encore plus bas. Bon, maintenant qu'on a vanté les mérites du salaire minimum en Allemagne, on vante ses mérites en Suisse ? Euh, non, trop tard, il a été refusé en votation populaire. Evidemment, ceux qui y auraient avantage s'abstiennent  de voter ou n'ont carrément pas le droit de vote...

Le cheikh saoudien Mohammad Saleh al-Munadjid a pondu une fatwa interdisant « d'ériger des statues en neige, même pour jouer ». Parce qu'évidemment, en Arabie Saoudite, des tas de mécréants s'amusent à faire des bonshommes de neige. Même en plein désert et en plein été, paraît. Les mécréants ça ose tout, mais c'est pas à ça qu'on les reconnaît, contrairement aux cons producteurs de fatwas.

A Chêne-Bougeries, une liste unitaire de gauche, « Alternative pour Chêne-Bougeries » est lancée pour les Municipales, avec 7 candidates et candidats au Conseil Municipal : quatre socialistes, deux Ensemble à Gauche et une indépendante. Premier succès : Il n'y avait jamais encore et autant de candidat-e-s de gauche dans cette commune bourgeoise. Deuxième succès : la liste est unitaire. Ben ouais, y'a pas de raison de reproduire partout les mêmes conneries... Bon vent, les alternatifs chênois...

« Charlie Hebdo »  tiré à sept millions d'exemplaires et en rupture de stock, dix fois plus d'exemplaires que d'habitude distribués en Suisse... Ben merde alors, pour paraître anticonformiste, va falloir se mettre à lire « Minute » ?

Le MCG a perdu un siège à Bardonnex. Sans combattre. Parce qu'il a forcé un conseiller municipal, administrateur d'un site de cul, à démissionner, puis obligé un « vient ensuite » à refuser de siéger à sa place, pour favoriser une « vient ensuite » qui a, elle aussi, refusé de siéger. Commentaire de l'élu démissionné : « Dans cette histoire, le parti s'est tiré une balle dans le pied ». Juste dans ce avec quoi le parti pense, en fait...


Le 19 avril, 924 conseillères et conseillers municipaux (18 de plus qu'il y a quatre ans, 152 de plus qu'en 1983) seront élus dans les 45 communes genevoises, pour un mandat de cinq ans (un an de plus qu'auparavant, nouvelle constitution oblige). Mais combien de temps resteront-ils réellement en fonction ? Déjà, plus de la moitié (51,6 %) des élues et élus en 2011 ont démissionné de leur mandat en cours de route, ou n'ont pas accepté leur élection. Autrement dit : la majorité des conseillères et conseillers municipaux genevois siègent sans avoir été élus, et un sur dix n'étaient même pas candidat-e-s... Et cela alors que le mandat ne durait que quatre ans. Il dure désormais cinq ans. Au terme de la prochaine « législature » municipale, ne restera-t-il plus en fonction qu'un tiers des élu-e-s d'avril prochain ? Et dans ces conditions, est-ce qu'il ne serait pas plus rationnel de remplacer carrément les élections municipale par un tirage au sort à partir de la liste des habitant-e-s ayant le droit de vote, et de réduire les mandats à un ou deux ans, plutôt que les allonger d'un an? En fait, non seulement ça serait plus rationnel, et sans doute même plus démocratique puisque ça mettrait tous les habitants sur pied d'égalité, indépendamment des ressources financières dont disposent les partis politiques pour faire campagne, mais, par la simple loi des probabilités, ça produirait fatalement des conseils municipaux plus représentatifs de la population... Mais bon, nous, on dit ça, c'est histoire de causer, c'est pas pour vous dissuader de voter ni d'être candidat-e. Vous avez d'ailleurs encore dix jours pour vous lancer... Vous verrez, c'est exaltant,  un Conseil municipal. La preuve : hier soit, on a terminé le premier jour de la session de celui de la Ville par ceci : « Réponse à la question écrite du 12 novembre  2014 de M. Pierre Rumo : "Qu'est-il advenu des mollusques du Muséum d'Histoire Naturelle ?" ». Réponse : « La procédure pénale suit son cours. Il n'est donc pas possible à ce jour, de communiquer publiquement des infiormations y relatives. Néanmoins, le Conseil administratif ne manquera pas de tenir le Conseil Municipal informé dès que la procédure sera close ». ça donne envie, non ? Au cas où, on précise tout de même que les 585 mollusques en question ont été volés. et non pas élus au Conseil Municipal...

Petit florilège des fausses-culeries d'après massacre de « Charlie Hebdo » : l'Arabie Saoudite dénonce « un acte lâche qui n'a rien à voir avec l'islam ni même les autres religions » (notez le « ni même »...); le « télécoraniste » (la version islamiste des télévangélistes américains) égyptien Youssef Al-Qaradawi, l'un des mentors des Frères Musulmans, rejette « tout acte qui conduit à verser le sang des innocents » ; en Tunisie, Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda, exprime sa «solidarité avec les victimes, leurs familles et tout le peuple français ami»; en Iran, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères assure que l'attaque contre « des innocents est étrangère à la pensée et aux enseignements de l'islam ». A se demander comment ça se fait qu'on trouve encore des méchantes gens dans ces gentils  pays pour accuser «Charlie» de blasphème ?
    
Le Conseil Municipal de la Ville de Genève a adopté, à une écrasante majorité (contre le seul groupe UDC et un « indépendant »  éjecté du MCG), une proposition du Conseil administratif lui demandant de « s'engager contre la peine de mort ». La peine de mort a été abolie dans le code pénal genevois en 1871, dans le code pénal suisse en 1938, sauf dans le code pénal militaire où elle a subsisté jusqu'en 1992. Elle est toujours prévue dans les lois d'une soixantaine d'Etats, et pratiquée dans la moitié d'entre eux : elle n'y a fait reculer ni réparer ni les meurtres, ni les viols, ni le terrorisme. Elle n'y a fait reculer que la justice. Mais on recommence à entendre un peu partout des voix réclamant sa réintroduction, en Europe. Il y a 153 ans, alors que se tenait à Genève un débat constitutionnel sur l'abolition de la peine de mort, Victor Hugo écrivait au pasteur Bost : « Au moment où l'Europe recule, il serait beau que Genève avançât ». Genève n'a pas beaucoup avancé l'autre soir, mais du moins n'a-t-elle pas reculé.


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