Journée d'action unitaire de la fonction publique genevoise, jeudi : Pas touche aux services publics !
Demain, jeudi, sera une journée action unitaire et de grève de la
fonction publique genevoise, avec une manifestation de soutien à la
clef. Le budget cantonal 2015 ayant été voté, l'action syndicale et
politique ne consiste plus à tenter d'empêcher qu'il soit «
antisocial », puisqu'il l'est, mais à tenter d'en réparer les
béances et d'en limiter les dégâts, et à faire front contre les
projets de loi que la droite, ultramajoritaire au parlement, a
déposé ou va déposer, pour alourdir encore la facture sociale de sa
propre politique d'« économies » sur le dos (si possible courbé) des
plus faibles, dans le même temps que se déversent les cadeaux
fiscaux dans les poches des plus forts. Dès lors, cette mobilisation
ne doit pas être seulement celle des salariés de la fonction
publique, mais celle de la population au service de qui ces salariés
travaillent. Car toucher aux services publics c'est toucher aux
droits sociaux de toutes et tous. Qu'on se le dise et le manifeste,
à 17 heures, jeudi, place Neuve : pas touche aux services publics !
Assurer la réalité des droits de toutes et tous, et pas seulement de
celles et ceux qui peuvent se les payer.
Avec notre déclaration d'impôts, on a reçu une gentille lettre du
gentil ministre des Finances de la gentille République et canton de
Genève, Serge Dal Busco, qui nous explique que payer nos impôts est
un «devoir civique, quel que souit le niveau de vos revenus ou de
votre fortune», parce qu'ainsi on permet « au service public
d'accomplir ses missions, qui profitent à l'ensemble de la
population ». Voui, mais alors, le service public, faudrait éviter
de le dégrader, et ces missions, éviter de les réduire, même aux
prétextes qui suivent dans la lettre du gentil M. Dal Busco,
histoire de justifier les coupes budgétaires, notamment dans l'aide
sociale, par la volonté proclamée de gérer les « finances publiques
de manière économe et efficace » et de «réduire le niveau trop élevé
de la dette cantonale». On les paiera, nos (modestes) impôts. Mais
uniquement pour faire plaisir au gentil M. Dal Busco. Pas pour
construire des prisons. Ni pour surpayer des potentats régnant sur
des régies et des institutions publiques gérées comme des
entreprises privées.
On vous parle là de nos (petits) impôts à nous, petit contribuable
de base (qui parle quand même de lui au pluriel de majesté)... mais
si on parlait un peu des impôts de ces contribuables friqués et de
ces grosses entreprises à qui depuis des lustres on accorde des
cadeaux fiscaux qui ont plombé les caisses publiques, à qui on
promet de nouveaux cadeaux, et qui ne voient certainement pas
d'inconvénients à ce que les prestations des services publics se
dégradent, des transports publics aux hôpitaux en passant par les
écoles, puisque eux ont les moyens de se passer de ces services
publics en s'en payant de privés ? Les coupes budgétaires sont
justifiées (ou prétextées) par la nécessité d'équilibrer les budgets
publics (et de rembourser la dette publique creusée par
l'insuffisance de l'autofinancement des investissements publics)
-mais s'est-on sérieusement posé la question d'un équilibrage de ces
budgets et d'un remboursement de cette dette... par un
rétablissement de la charge fiscale de départ ? L'impôt, évidemment,
est un instrument de redistribution des richesses, et on comprend
bien que ceux qui disposent de plus de richesse rechignent à en voir
redistribuer une partie à ceux qui en disposent le moins -mais
est-ce le rôle des gouvernants et des parlements de complaire aux
premiers en tenant pour futiles les conséquences de ce choix sur les
seconds ?
« Faire plus avec moins », aujourd'hui, cela signifie « faire plus
d'économies avec moins de droits sociaux »; cela signifie des
budgets de collectivités publiques ou de régies publiques et des
effectifs du personnel de la fonction publique qui ne suivent pas
l'augmentation des besoins de la population, ce qui a des
conséquences immédiates, non seulement pour les salariés du secteur
public mis sous pression et à qui on demande d'en faire toujours
plus avec moins de moyens (d'où des charges, des cadences, des
horaires de travail toujours plus pénibles), mais aussi pour les «
usagers », transformés en clients captifs, de ces services : les
prestations se dégradent, elles sont facturées de plus en plus
lourdement à celles et ceux qui en bénéficient, lors même que dans
les discours justificatifs des politiques d'« économie » on continue
de se gargariser de références à la satisfaction des besoins de la
population...
Quand, jeudi, le personnel de la fonction publique genevoise et le
plus grand nombre possible d'« usagers » de leurs services et de
leurs régies seront dans la rue pour dire au gouvernement et au
parlement « touchez pas aux services publics », ils ne diront pas
autre chose que ceci : vous n'avez pas été élus pour dégrader à la
fois les conditions de travail de « vos » employés et les
prestations de vos concitoyens : vous avez été élus pour faire le
travail que la constitution et votre serment d'élus vous imposent de
faire: assurer la réalité des droits de toutes et tous, et pas
seulement de celles et ceux qui peuvent se les payer.
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