Elections municipales genevoises : c'est parti !

« Vive la Commune ! » (on ne s'en lasse pas...) 1716 candidates et candidats se présentent sur 170 listes pour l'élection, le 19 avril, des 924 conseillères et conseillers municipaux des 45 communes genevoises, et 224 pour l'élection des 137 membres des exécutifs communaux, le 10 mai.  Les mandats municipaux sont désormais de cinq ans, soit un de plus qu'auparavant, mais combien de temps les conseillères et conseillers municipaux resteront-ils et -elles en fonction ? Déjà, plus de la moitié (51,6 %) des élues et élus en 2011 ont démissionné de leur mandat en cours de route, ou n'ont pas accepté leur élection ou leur promotion comme « viennent-ensuite ». Autrement dit : la majorité des conseillères et conseillers municipaux genevois siègent actuellement sans avoir été élus, et un-e sur dix n'était même pas candidat-e... Et cela alors que le mandat durait un an de moins. Au terme de la prochaine « législature » municipale, ne restera-t-il plus en fonction qu'un tiers des élu-e-s d'avril prochain ? Accrochons-nous, et vive la Commune ! Communes genevoises, terres de contrastes politiques... Depuis les dernières Municipales genevoises, quelques règles ont changé du fait de l'adoption d'une nouvelle constitution cantonale. Ces changements  imposent aux partis et aux coalitions politiques qu'ils forment quelques ajustements : pour l'élection, à la majoritaire, des exécutifs communaux, il faudra désormais une majorité absolue des suffrages pour être élu au premier tour (un tiers suffisait auparavant, ce qui rendait l'hypothèse d'un deuxième tour très peu vraisemblable, les partis se coalisant pour additionner leurs électorats). Des seconds tours sont donc pratiquement inévitables dans toutes les grandes communes (et, évidemment, en Ville de Genève), dès lors que l'ensemble des listes de gauche n'ont pas réussi à se coaliser, ce qui ce qui aurait permis, peut-être, l'élection au premier tour déjà d'un, voir deux en Ville, de leur candidat-e-s. Entre les deux tours, des alliances peuvent se sceller et des listes séparées au premier tour fusionner sur une liste inédite. Furax, le MCG, évidemment menacé par la possibilité d'alliances entre la gauche et la droite démocratique, avait tenté de saboter le débat parlementaire puis poussé l'UDC à lancer contre la révision de la loi un référendum qui s'est gaufré au stade de la récolte de signatures. Dès lors, si l'on fait le recensement des configurations possibles, et en ne tenant compte, sectairement, que des communes où  la gauche est présente dans l'élection des exécutifs, on observe que Genève, si réduite que soit la superficie de la République, est une belle terre de contrastes politiques : Premier cas de figure, trop rare, celui de l'unité, ou de l'unicité : à Confignon, Pregny-Chambésy, Satigny et Troinex, il n'y aura qu'une seule candidature de gauche, et qu'une seule liste, unitaire, de gauche à Carouge. Deuxième cas de figure, la dispersion : à Bernex, au Grand Saconnex, à Meyrin, et Genève, socialistes et Verts font liste commune et « Ensemble à Gauche » (« A Gauche Toute » à Meyrin..) liste séparée, au risque de se retrouver en queue de peloton au premier tour et de devoir compter, pour revenir dans la course au deuxième tour, sur la bienveillance de ceux avec qui ils ont refusé de faire liste commune. A Chêne-Bougeries, les Verts font cavaliers seuls, PS et « Ensemble à Gauche » font liste commune. A Thônex, une « Gauche sociale » concurrence les Verts. Troisième cas de figure : la réduction de la gauche au PS et aux Verts, en l'absence d'« Ensemble à Gauche » : à Carouge, « Ensemble à Gauche » disparaît de la course (mais soutient le PS et les Vsrts), faute d'avoir trouvé des candidats. Du coup, à l'exécutif municipal, socialistes et Verts ne présentent que deux candidatures, ce qui, forcément, accordera un siège à la droite que la gauche avait éjectée de la Municipalité il y a quatre ans. A Chêne-Bourg, Lancy, Onex, Plan-les-Ouates et Versoix, PS et Verts font également liste commune en l'absence d'« Ensemble à Gauche ». Quatrième cas de figure : un « front républicain » du PS, des Verts et d'une partie de la droite démocratique, contre l'extrême-droite, mais sans la «  gauche de la gauche », absente ou boudeuse : à Vernier, une alliance entre le PS et les Verts et un candidat du PLR, déjà passée il y a quatre ans (en l'absence de la « gauche de la gauche ») pour lourder le MCG Cerutti du poste où il sévissait , a été reconduite (sans participation de la « gauche de la gauche » pourtant à nouveau présente) pour l'empêcher de revenir ou d'être remplacé par un autre MCG (même moins pathétique). A Onex, où Gominator avait il y a quatre récupéré le siège que la gauche avait laissé à une droite incapable de le prendre, PS et Verts font liste commune, mais pourraient élargir leur alliance au deuxième tour, sur le mode verniolan, pour les mêmes (pertinentes) raisons. C'est donc parti pour les élections de toutes les moins contestables, puisqu'un Conseil municipal, ni un exécutif municipal, ne pondent pas des lois mais accordent des crédits permettant d'assurer des prestations qui elles-mêmes concrétisent des droits fondamentaux, tout cela, finalement, se rapprochant du vieux projet libertaire de « passer du gouvernement des hommes à l'administration des choses »...

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