Fonds de tiroir


L'organisateur des spectacles de Dieudonné en Suisse, s'exprimant (sous couvert d'anonymat) dans «Genève Home Information» du 28 janvier, nous explique que son engagement « est fondé d'abord sur deux principes : le respect de l'Etat de droit et le refus du 'deux poids deux mesures' ». Ben c'est très bien, tout ça, mais quel rapport avec Dieudonné ? ah oui : cet aveu que si « le chiffre d'affaire » des spectacles de Dieudonné est intéressant pour l'organisateur (et pour Dieudonné), « le bénéfice l'est beaucoup moins » dès lors qu'il faut payer les «impressionnantes» dépenses de sécurité « engendrées par les spectacles de Dieudonné », et que c'est évidemment pas Dieudonné qui va les payer...

Le référendum lancé par l'ASLOCA, soutenue par les partis de gauche, contre la diminution des aides de l'Etat aux locataires de logements subventionnés a largement abouti. On votera donc sur ce que la droite parlementaire a avalisé, soit une diminution des allocations, une diminution des subventions personnalisées ou une augmentation des surtaxes. Le Conseiller d'Etat Antonio Hodgers avait lui-même admis qu'avec le projet de loi proposé par le gouvernement et approuvé par le parlement, on touchait, contrairement à ce que promettait la droite et l'extrême-droite zacharisée, « les classes les plus modestes de notre canton et les classes moyennes basses ». D'où le référendum. Il en reste d'ailleurs deux à faire aboutir, lancés par l'AVIVO, contre d'autres mesures d'« économies » votées par le parlement, sur les budgets d'aide sociale cette fois. Sans parler des cadeaux fiscaux encore en train d'être emballés, comme la fixation le plus bas possible du taux d'imposition des entreprises. Et comme le parlement dont Genève s'est affublée ne va pas changer pendant les presque quatre ans à venir, des référendums de ce genre, il va falloir se préparer à en lancer et à en signer beaucoup. Zêtes prêts ?

Au premier tour de l'élection législative partielle dans la 4e circonscription du Doubs, pour remplacer le député Pierre Moscovici devenu Commissaire européen, on s'attendait à un triomphe du Front National, une déculottée du PS et un deuxième tour opposant la candidate du FN au candidat de l'UMP sarkozyste. Et finalement, si la candidate FN arrive bien en tête c'est sans triompher, et suivie par... le candidat du PS, malgré la présence de quatre autres candidats de gauche. Le candidat de l'UMP est donc recalé pour le deuxième tour. D'où «cacophonie» à droite sur le choix à faire : appeler à voter pour le FN ? Pas question, c'est la concurrence. Appeler à voter contre le FN ? Oui, mais alors c'est appeler à voter pour le PS... Pas question pour Sarkozy, qui appelle... à rien de précis, alors que son concurrent à l'investiture pour la prochaine présidentielle, Alain Juppé, appelle à voter pour le PS, parce qu'entre un adversaire démocratique (le PS, donc) et un adversaire raciste et xénophobe, on choisit quand même le démocrate. Réaction de Sarkozy : « Si on ramène tout à un problème de conscience, nous risquons de faire du Doubs un risque d'explosion de l'UMP ». Evidemment, pour avoir des problèmes de conscience, encore faut-il en avoir une. Et le Premier secrétaire du PS, Cambadélis, d'ironiser sur la non-position de Sarkozy : « Dire non au FN sans dire oui à ceux qui disent non au FN, c'est se faire des noeuds au cerveau ». Et si c'était ce qu'il y avait de mieux à faire avec le cerveau de Sarko ?

La liste des Verts libéraux pour l'élection du Conseil administratif porte comme dénomination : « ma ville, mon quartier ma rue » . Et encore, ils ont résumé. Parce qu'initialement, ils avaient prévu de se dénommer « ma ville, mon quartier, ma rue, mon îlot, ma maison, mon appartement, ma chambre à coucher »...

Le MCG s'oppose à la nouvelle loi cantonale sur la police, soumise au vote populaire le 8 mars, avec comme argument central qu'elle ne contient pas de disposition réservant la police aux ressortissants suisses. A la mi-janvier, cependant, le Conseil d'Etat a édicté une disposition du règlement d'application de la loi générale sur le personnel de la fonction publique, disposition imposant précisément cette condition de nationalité suisse pour entrer dans la police. Ce qui ne rassure pas le MCG, pour qui il faut que cela soit inscrit dans la loi et pas dans un règlement. Bon, après tout, nous on s'en fout que nos flics soient suisses ou patagons, la seule chose qu'on attend d'eux est qu'ils fassent correctement le boulot qu'on leur confie, et rien de plus. Donc, le 8 mars, quand on nous demandera si on accepte ou pas la loi sur la police, on répondra qu'on s'en fout et on votera blanc. Parce que franchement, à choisir entre voter « oui »  pour faire plaisir à Maudet et Jornot ou voter « non »  pour faire plaisir à Golay et Cerutti, c'est encore le coup de blanc qu'on choisit.

Les Municipales genevoises sont lancées... mais pas dans toutes les communes, la démocratie ayant apparemment quelque peine à se généraliser dans le peu qui reste de cambrousse genevoise : c'est ainsi que dans 18 communes, l'élection de l'exécutif municipal sera tacite parce qu'il n'y a pas plus de candidats (trois) que de sièges à pourvoir (trois), et que la même atonie politique frappera l'élection des Conseils Municipaux dans cinq communes, pour la même raison. Quant aux communes où élections il y a tout de même, elles seront parfois marquées par des candidatures surprenantes, comme à Presinge, où l'ancien Maire de la Ville de Genève Patrice Mugny se propose comme adjoint au Maire du village, à Dardagny où le choix exaltant se fera entre les candidats d'« Avenir 1 » et « Avenir 2 » (que sont devenus ceux d'« A Venir 0 » ?) ou au Grand Saconnex, où la candidate d'Ensemble à Gauche, notre camarade Magali Orsini, sera confrontée à la fois à la candidature de son fils sur une liste PLR et à une alliance pour le moins curieuse entre le PS, les Verts et une liste de droite populiste, le « Groupement apolitique du Grand Saconnex », un GAG qui n'en est pas un, ou en Ville de Genève, où un incertain Faysal Ben Salah a été annoncé par la Chancellerie d'Etat comme étant le troisième candidat du MCG au Conseil administratif de la Ville de Genève, alors qu'on attendait que ce soit le Conseiller municipal et député Pascal Spühler... pour finalement que le Spühler qu'on attendait ait bien été rétabli comme candidat, et le Ben Salah qu'on n'attendait pas soit reparti là d'où il venait. Faut dire que ça nous étonnait, aussi, que le MCG présente la candidature d'un frontalier... Enfin, à Vandoeuvres, c'est le député PDC Philippe Morel qui se retrouve, au grand dam de son parti, sur une liste commune avec le promoteur immobilier MCG Ronald Zacharias et l'udéciste homophobe Jérémy Gardiol. Morel expliquant piteusement  que «figurer sur la même liste que ces gens ne signifie pas que je partage leurs positions et leurs propos». Non, juste qu'il veut partager leur électorat pour devenir adjoint au Maire en plus d'être député...

Au chapitre des Municipales, on observe que la parité des genres sur les listes électorales a peine à s'imposer, surtout à droite (mais pas seulement) : si la liste du PS pour le Conseil Municipal, de la Ville compte 53 % de femmes et celle des Verts 48 %, on recule à 41 % sur la liste d'Ensemble à Gauche, à 33 % sur celle du PLR, à 25 % sur celle de l'UDC , à 24 % sur celle du PDC et à 21 % sur celle du MCG... Bref, y'a des hommes qui n'ont pas du tout envie que la femme soit leur avenir politique...

Dans une pub parue, le MCG propose « 10 raisons de voter NON à la mauvaise loi sur la police ». Dont cette raison, qui vaut le détour, venant du MCG : « NON à l'instrumentalisation politique de la police ». C'est même plus l'hôpital qui se fout de la charité, c'est carrément le commissariat qui se fout de la sécurité...

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