Fonds de tiroir


Selon une enquête réalisée auprès de plus de 1700 personnes (dont 40 % d'étrangers) pour le Service (fédéral suisse) de lutte contre le racisme (SLR), si l'antisémitisme est historiquement stable, l'islamophobie est très réactive à l'événement et la xénophobie fleurit tout particulièrement sur le lieu de travail. Ces conclusions valent, évidemment, pour la Suisse, mais on ne jurerait pas qu'on ne puisse aussi les appliquer à quelques pays voisins -sinon à tous.  45 % de l'échantillon reproduisait en 2010, un an après le vote sur l'interdiction des minarets,  des stéréotypes négatifs (misogynie, fanatisme, mépris des droits humains) à l'égard des musulmans en général, mais cette proportion redescendait à 30 % en 2012 et à 19 % en 2014. On peut supposer qu'elle aura repris l'ascenseur après les tueries de Paris, en janvier 2015... Selon l'enquête, il existe un « noyau dur » d'islamophobie pesant 18-19 % des personnes interrogées, indépendamment de l'année de l’interrogation. Quant à l'antisémitisme, au sens de «judéophobie», il apparaît comme étant d'une bien plus grande (ce qui ne signifie pas qu'elle soit moins inquiétante) stabilité entre 11 % (en 2014) et 15 % des personnes interrogées cultivent des stéréotypes antisémites. Plus généralement, entre 5 et 6 % de la population se sent « dérangée »  dans l'espace public par la présence de personnes visiblement étrangères, ou supposées telles par leur couleur de peau, leur langue, leur religion ou leur nationalité. Cette proportion passe à 13-17 % lorsqu'on passe de l'espace public au voisinage immédiat. 56 % des sondés d'ailleurs que le racisme est un problème à prendre au sérieux en Suisse. Et les 44 autres %, ils s'en foutent ou ils admettent eux-mêmes être racistes ? En tout cas, on a du pain (azyme ?) sur la planche...

Encore une odieuse attaque contre les droits acquis des travailleurs à Genève. Traîtresse, la gauche a  proposé, et fait accepter par le Grand Conseil, avec l'appui de la droite de la droite et contre le PLR et le PDC, la suppression du 14ème (voui, le quatorzième...) mois de salaire versé chaque année à 400 hauts cadres de l'Etat (mais en épargnant ceux des Hôpitaux Universitaires), sous prétexte que les sacrifices doivent toucher tout le monde et pas seulement le fonctionnaire lambda. N'importe quoi : ça sert à quoi d'être haut fonctionnaire si on est traité comme un petit, hein ?

ça nous manquait : un évêque de Genève, à Genève. Et un évêque titulaire. Pas un évêque à partager avec Lausanne et Fribourg, ni un évêque de Genève résidant à Annecy, ni un évêque auxiliaire, non, un évêque de Genève, à Genève. En tout cas, à défaut de nous manquer à nous, ça manque à l'évêque de Genève, Lausanne et Fribourg, qui en a touché deux mots à son collègue de Rome (le pape, donc). Faut dire que ça fait bientôt un demi-millénaire qu'il n'y a plus d'évêché de Genève, depuis que les Genevois ont foutu dehors le dernier titulaire, en 1533. Ce qui ne nous rajeunit pas. Donc, l'évêque de la moitié de la Romandie, Charles Morerod, trouve que son diocèse est trop grand, qu'il n'arrive plus à faire son boulot correctement, et qu'il se retrouve «souvent dans un rôle de fonctionnaire». Et alors, qu'est.-ce qu'il a contre les fonctionnaires, Morerod ? Il veut avoir affaire au Cartel ou quoi ?  Côté protestant, le président de l'Eglise de Genève, Emmanuel Fuchs, n'exprime pas un refus absolu d'un diocèse de Genève, mais exprime le souhait que le titulaire connaisse l'histoire religieuse de la ville et s'inscrive dans sa « tradition oécuménique ». Et ne soit pas nommé par l'un des deux derniers souverains absolus d'Europe (le pape -l'autre, c'est le prince de Monaco) mais élu par les fidèles, pendant qu'on y est ? Il veut un évêque protestant ? Libre-penseur ? Dugong ? On peut proposer la candidature de Pierre Gauthier ou d'Yves Scheller ?

Séisme à Piogre : finalement, le docteur Morel n'est plus PDC mais PLR : il a changé de parti, explique le président du PDC, parce qu'il avait des « difficultés à être en accord avec le mode de fonctionnement et les choix politiques » du PDC. En fait, plus prosaïquement, il a changé de parti parce qu'il s'est fait recaler à tous les postes qu'il convoitait. Brillamment élu et réélu au Grand Conseil (ou il est cependant d'une rare discrétion -manière de dire qu'on ne l'y entend guère) , il tente la candidature au Conseil d'Etat, puis se ravise, annonce son départ du PDC puis se ravise, se fait nommer chef du groupe PDC au Grand Conseil puis se fait dégommer, se présente à la vice-présidence du parti mais est battu, et finalement se présente à l'exécutif municipal de Vandoeuvres aux côtés d'un UDC homophobe et d'un MCG spéculateur, est contraint par le PDC de retirer sa candidature mais réaffirme son adhésion au PDC avant de passer au PLR, au grand désappointement du MCG qui salivait déjà à l'idée de le récupérer, dans sa grande tradition de recyclage des invendus des autres partis. Et maintenant, Morel guigne sur le Conseil des Etats. Philippe Morel est colonel de l'armée suisse. On ne sait pas dans quelle arme,. mais on espère qu'il ne sévit pas à l'état-major, parce que son sens tactique laisse un peu à désirer.

Jugé en correctionnelle pour avoir dit du journaliste Patrick Cohen « moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz, dommage...», et en avoir ensuite rajouté en disant ne pas vouloir « choisir entre les juifs et les nazis » et être « neutre dans cette affaire » (une vraie banque suisse, le gars), Dieudonné à tenté d'expliquer que non, il était pas antisémite, qu'il faisait rien que de l'humour, et que s'il n'était pas antisémite, c'est que «ça n'est pas drôle» d'être antisémite. En revanche, prendre les gens en général et ses spectateurs en particulier, pour des cons, c'est assez marrant. D'ailleurs, ça marche, alors pourquoi s'en priver?

Drame épiscopal : si un évêché de Genève pourrait être restauré presque 500 ans après avoir été aboli par la Réforme (il est vrai qu'entre-temps le nombre des catholiques a dépassé à Genève celui des protestants, grâce à l'immigration italienne, espagnole et portugaise), il risque d'être désargenté, vu que les catholiques genevois n'ont pas assez d'argent pour se payer un évêque et payer les prêtres... un partenariat public-privé avec la Fondation Gandur, ça arrangerait peut-être les choses, non ?

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