Fonds de tiroir


Le Procureur général Olivier Jornot, en grand équipage, accompagné du Premier procureur Yves Bertossa, de greffiers, de spécialistes de la criminalité économique, d'inspecteurs de la Brigade financière de la police genevoise, mais aussi d'une cohorte de journalistes, photographes et cameramens préalablement avertis du raid pour pouvoir y assister, a donc perquisitionné la succursale genevoise de la banque britannique HSBC, désormais illustre depuis l'étalage dans les media de ses turpitudes (le fameux «Swissleaks»). Le procureur Jornot a ouvert contre HSBC une procédure pénale pour « blanchiment aggravé », sur le soupçon que la banque a blanchi de l'argent provenant de trafics (de drogue, d'armes etc...) ou servant à financer le terrorisme islamiste. Genève fait ainsi ce que la Suisse n'a jusqu'à présent pas osé faire : enquêter sur des pratiques bancaires mises en évidence par les « fichiers Falciani », et qu'on se plaisait en Helvétie à réduire à un simple accueil,  non punissable en Suisse, du produit de la fraude fiscale. Et au grand dam de quelques élus de droite (Luscher, Barazzone) accrochés aux derniers lambeaux du secret bancaire, Jornot, PLR grand teint, a expliqué que les circuits de la fraude et de l'évasion fiscale étaient souvent (sans blague ?) les mêmes que ceux du blanchiment de l'argent criminel. Jean Ziegler, sort de ce corps !

La gauche de la gauche ne présentera aucune liste à Carouge, aux Municipales, faute de combattants, alors qu'elle y est représentée au Conseil Municipal depuis 70 ans, et également au Conseil administratif pendant, sauf erreur, une bonne vingtaine d'années (mais par intermittence). Du coup, elle soutient la liste commune du PS et des Verts au Conseil administratif. Et comme on la connait, à Genève, la gauche de la gauche, pour qu'elle en arrive à soutenir le PS et les Verts sans présenter elle-même de candidats, faut vraiment qu'elle soit à deux doigts de la catalepsie...

Tract de campagne des partisans de la nouvelle loi sur la police : pourquoi voter cette nouvelle loi (à part bien sûr pour le plaisir de plébisciter Maudet) : pour que « notre police » soit « plus efficace, plus visible, plus moderne, plus proche, plus adaptée »... et qu'elle soit « Suisse » . Parce que jusqu'à présent, donc, « notre police » était inefficace, invisible, archaïque, lointaine, inadaptée et pas suisse ? Sachant que depuis un siècle et demi, et aux seules trois exceptions de Léon Nicole (mais c'était y'a 80 ans...), Bernard Ziegler et Laurent Moutinot, tous les ministres genevois de la police viennent de la droite de l'échiquier politique, on se demande si les auteurs du tract en faveur de la loi sur la police ne sont pas, en fait, d'odieux gauchistes camouflés faisant le procès de la milice de l'ennemi de classe...

On a retrouvé dans les couloirs du metro new-yorkais l'ex-Conseiller d'Etat PDC et ex-député MCG Philippe Joye errant et sans ses médicaments, abandonné là par un escroc  (« un monsieur très intelligent, très gros travailleur, très sérieux » selon Joye...) qui lui avait fait miroiter un destin de président d'une ONG humanitaire qui s'est révélée être une arnaque. Or ce n'est ni la première, ni sans doute la dernière fois qu'on retrouve Joye aux fraises dans un cul de basse fosse : la première fois, c'était quand le MCG l'avait balancé au parlement cantonal. Et la prochaine fois, ce sera quand le MCG le balancera au Conseil Municipal de Vernier, où les stauffériens présentent sa candidature. La loi est mal faite, quand même : si vous abandonnez Medor attaché à un arbre sur la route des vacances, vous êtes punissables mais on peut impunément abandonner Joye attaché au MCG au Grand Conseil ou au Conseil Municipal... Mondo cane...

Niqué profond, le franc fort : en l'espace de dix minutes, jeudi soir, le taux de change du dugong est passé de 40 à 300 francs pour un dugong. Bon, évidemment, le problème c'est que le dugong n'est convertible qu'en assignats de la première République et en bons d'échange de la Catalogne libertaire...

La multinationale Firmenich a annoncé avoir été stupéfaite d'apprendre que l'un de se sous-traitants, le groupe brésilien Stefanini, payait 800 francs par mois des informaticiens roumains employés à la mise à niveau du parc informatique de la multinationale. « Nous sommes une entreprise responsable et prenons ces accusations très au sérieux », a déclaré le porte-parole de Firmenich, entreprise «responsable» qui ne sait donc pas combien sont payés les gens qui travaillent sur ses ordinateurs, mais qui verse au sous-traitant qui les sous-paie des honoraires « largement supérieurs au salaire minimum »  qu'ils devraient toucher en Suisse. Une entreprise «responsable» qui attend donc pour rompre ses relations avec lui qu'on révèle publiquement que l'un de ses sous-traitants se fout de sa gueule et de la gueule du monde, puisque le sous-traitant en question, qui a reconnu (difficile de faire autrement, faut dire) que les salaires qu'il versait ne correspondaient pas aux salaires suisses usuels, se dit membre d'une ONG brésilienne, Ehos, qui oeuvre à ce que les entreprises gèrent leurs affaires de manière « socialement responsable ». Comme Firmenich. C'est fou, la responsabilité sociale qui imprègne ce dossier... Finalement, un accord a été trouvé entre l'Etat, Firmenich, Stefanini et les syndicats : les cinq employés concernés recevront, rétroactivement (ils travaillent chez Firmenich pour Stefanini depuis fin novembre) l'équivalent du salaire usuel de la branche. Tant mieux pour eux et bravo aux syndicat qui ont secoué le cocotier, mais le problème de fond reste entier : Stefanini n'était pas dans l'illégalité, ni Firmenich. Les limites de l'Etat de droit sont parfois très, très étroites...

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