Soutenir le mouvement des femmes marocaines, sans attendre le printemps...


Le "printemps arabe" de 2011 semble ne pas avoir touché le Maroc, malgré l'émergence du "Mouvement du 20 février", et on ne parle guère du royaume chérifien qu'à propos des enclaves espagnoles de Ceuta et de Mellila et du renvoi dans le désert (ou la Méditerranée) des migrants qui tentent par elles de gagner l'Europe. Le conflit sahraoui est tombé dans les oubliettes (il se poursuit cependant) et la répression, parfois entrecoupée de quelques concessions démobilisatrices, a jusqu'à présent suffi pour préserver le régime de toute menace politique intérieure. Que le bon roi M6 ait eu son compte secret à la HSBC genevoise ne semble pas avoir troublé outre mesure la quiétude de son pouvoir : les changements réclamés par le Mouvement du 20 février ne se sont traduits qu'à la marge, les partis islamistes ont été intégrés dans le gouvernement, et la répression a fait le reste. Pourtant, la société bouge. Ainsi, un mouvement de femmes a vu le jour et s'est renforcé. Il se bat aujourd'hui contre les violences conjugales, et contre l'exploitation des filles pauvres comme "petites bonnes" de la classe moyenne et de la classe possédante. Ce mouvement a besoin de soutien, et le mérite, sans que nous attendions pour le lui accorder que survienne un "printemps marocain".  Le SOLIFONDS* lance donc un appel à ce soutien : répondez-y...

* SOLIFONDS mail@solifonds.ch / http://www.solifonds.ch / Compte postal PC-80-7761-7

Contre la violence faite aux femmes et contre le travail domestique des filles

Au Maroc comme dans les autres pays d'Afrique du Nord, y compris ceux qui ont connu le "printemps arabe", les mouvements sociaux et les défenseurs des droits humains témoignent d'une répression constante et d'intimidations permanentes, sur quelque terrain qu'ils agissent : mouvements de chômeurs, mouvements politiques d'opposition démocratique, syndicats, mal coordonnés, menant des actions séparées les unes des autres, sont dans le collimateur du pouvoir. Sous la cendre, cependant, la braise : un mouvement comme la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF) ne baisse pas les bras, et réclame l'interdiction du travail domestique des enfants, et l'adoption (puis l'application...) d'une loi réprimant la violence envers les femmes.

La loi marocaine interdit l'emploi d'enfants et d'adolescents de moins de 15 ans ? 40'000 filles et fillettes de 8 à 15 ans sont employées comme domestiques (les "petites bonnes"), devant travailler toute la journée, sept jours sur sept, presque sans salaire, livrées au bon vouloir et au mauvais pouvoir (notamment sexuel -celles qui tombent enceintes après avoir été violées par leur patron sont renvoyées, rejetées par leurs familles, et choisissent souvent de se suicider) de leurs patrons et patronnes, privées d'école et de toute perspective sociale autre qu'une exploitation sans autre fin que leur propre mort. La Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes revendique un âge minimum d'emploi de 18 ans pour les employées de maison comme pour tout-e autre employé-e, et le respect de cette limite.
La constitution marocaine proclame l'égalité des femmes et des hommes ? Plus de 60 % des femmes marocaines sont victimes de violences. Un projet de loi déposé devant le parlement (dominé par les islamo-conservateurs du Parti de la Justice et du Développement qui ont remporté les élections de 2011, et ne sont évidemment pas de ceux qui vont se battre pour le respect des droits des femmes) condamne certes le mariage forcé et le harcèlement, mais pas la violence conjugale, considérée comme relevant de la sphère "privée" (privée de droits ?), quand elle n'est pas excusée comme inhérente à l'identité sexuelle (celle de celui qui cogne ou de celle qui prend les coups ?).

L'activisme de la FLDDF auprès des media, des mouvements sociaux et des parlementaires a besoin de moyens, et elle en manque : une campagne d'information efficace coûte cher, le lobbying auprès des politiciens aussi. La FLDDF s'est donc adressée au SOLIFONDS* pour un soutien, et le SOLIFONDS s'adresse à nous pour le lui permettre.

* SOLIFONDS mail@solifonds.ch / www.solifonds.ch / Compte postal PC-80-7761-7

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