Elections Municipales genevoises : et d'un tour de passé. Ouf !


    

Et alors ? Et oualà !

On ne s'était risqué à aucun pronostic sur le résultat du premier tour des Municipales genevoises : avec deux tiers d'abstentionnistes en Ville et dans les grandes communes, toute prévision tient de la prédiction cartomancienne... L'enjeu de ce premier tour des élections, en Ville de Genève, était d'abord de savoir si la gauche allait ou non regagner une majorité au Conseil Municipal : là encore, quand chaque siège gagné ou perdu l'est pour quelques bulletins et que la majorité se joue à un, deux ou trois sièges, une élection avec 35 % de participation se joue quasiment à pile ou face. Pile la gauche, face la droite... Aujourd'hui, c'est face : malgré la progression du PS, la gauche perd deux sièges du fait du recul des Verts et d'« Ensemble à Gauche », et la droite devient réellement majoritaire. Maintenant, place au deuxième tour de l'élection des exécutifs municipaux : dans le système genevois, ce sont eux, en réalité, qui détiennent l'essentiel du pouvoir local...


« Si nous devons commencer nos campagnes politiques en disant que nous sommes la vraie gauche et que les autres sont la fausse, le temps que ce catéchisme-là soit fini, nous serons tous morts »

Quand deux camps sont de forces à peu près égales, comme le sont, en Ville de Genève, la gauche et la droite (MCG compris), c'est le camp qui fait le moins de conneries qui gagne -ou du moins ne perd pas. Ce camp, ce peut encore être le nôtre, mais rien n'est acquis, même pas le minimum d'unité exigible entre formations politiques d'un même camp. Pendant trois mois socialistes et Verts ont proposé à « Ensemble à Gauche » une liste commune des trois composantes de l'Alternative, portant dès le premier tour les noms des quatre magistrats sortants. Non seulement EàG a refusé cette proposition constante, insistante, mais la coalition de l'autoproclamée « gauche de la gauche » a trouvé judicieux de présenter trois candidatures, au lieu que de concentrer ses efforts sur une seule, quelle qu'elle soit, et son Conseiller administratif sortant a multiplié les déclarations dégommant ses collègues de gauche du Conseil administratif... Résultat : « Ensemble à Gauche », qui a perdu un de ses électeur sur cinq et deux de ses douze sièges au Conseil municipal, doit raccrocher en catastrophe son wagon brinquebalant au train de l'Alternative, pour éviter (à supposer que tel soit encore son objectif) de faire cadeau de son siège au PLR, qui salive en trépignant devant depuis des mois. Or à Genève, ce sont les exécutif qui détiennent l'essentiel du pouvoir local : qu'ils soient majoritairement de gauche ou de droite, et dans quelle mesure ils le sont, va déterminer les possibilités de mener ou non une politique concrètement « alternative » à celle du gouvernement et du parlement cantonal, lesquels ne rêvent précisément, en ce moment, que de priver les communes en général, les villes en particulier. et tout spécialement celle de Genève, de toute capacité de leur faire contrepoids.

« Ensemble à Gauche » étant dans cet état d'esprit particulier où il lui suffit d'entendre un socialiste lui suggérer de faire quelque chose pour décider de faire le contraire,  on ne lui suggèrera rien de ce qui nous paraît souhaitable. Et même rien de ce qui paraît relever de l'évidence -sauf à vouloir à tout prix faire cadeau à la droite d'un siège de gauche à la Municipalité. Prenant nos camarades dans l'état où ils nous paraissent être, doit-on plaider le faux pour obtenir le vrai, leur proposer de faire ce qu'il serait absurde de faire en comptant sur le réflexe les conduisant à faire le choix inverse, pour qu'au bout du (mé)compte, ils finissent tout de même par admettre qu'électoralement et politiquement aussi, trois et un (ou une) font quatre, qu'on est plus forts ensemble que séparés et que si généreuse que soit, par nature, la gauche, il n'est pas indispensable de pousser cette générosité foncière jusqu'au masochisme ?  Faut-il prêcher « camarades, surtout ne rejoignez pas une liste commune de l'Alternative, restez dans votre coin, avec votre liste à vous tous seuls en priant on ne sait qui ou on ne sait  de ne pas vous retrouver au deuxième tour devancés par l'extrême-droite » ?

« Si nous devons commencer nos campagnes politiques en disant que nous sommes la vraie gauche et que les autres sont la fausse, le temps que ce catéchisme-là soit fini, nous serons tous morts », prévenait en septembre dernier, Jean-Luc Mélenchon, qui admettait honnêtement avoir lui aussi anonné ce catéchisme, et en admettait non moins honnêtement l'inanité... Mais il va de soi que le défaut de lucidité que Méluche reconnaîssait à la « gauche de la gauche » française, seule la « gauche de la gauch » française en souffre, et que la frontière a préservé la « gauche de la gauche » genevoise de ce miasme frontalier,  tout comme la ligne bleue des Vosges, le Ballon d'Alsace et le Rhin préservèrent la France du nuage de Tchernobyl.

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