Fonds de tiroir


Donc, résumons : grosse colère de collégiens, d'enseignants et de parents parce que le Département de l'Instruction Publique de Genève veut faire du Collège de Candolle l'Ecole de culture générale Ella Maillart, et  du Cycle d'Orientation de la Seymaz un collège. Bon, et alors ? Genève a bien fait d'un hôpital une prison (Saint-Antoine) dont on a fait un Palais de Justice, d'une Ecole Ménagère une Ecole de commerce (rue Rousseau), d'une Ecole supérieure de jeunes filles un collège (Voltaire) et d'un Collège Moderne un collège...  celui de Candolle, précisément... Alors, on se pourlèche déjà les babines à l'hypothèse qu'on fasse du Collège Calvin un centre de requérants d'asile... Là, pour le coup, on en aurait une, de belle, bonne, grosse manif de bourges... Dans la foulée de sa rocade scolaire, le DIP a annoncé la suppression de douze postes de directeurs du primaire. On attend donc la manif de directeurs devant l'Hôtel-de-Ville...

Pour éviter le déclassement (au sens social du terme, donc) du Collège de Candolle en Ecole de Culture Générale Ella Maillart, on va même jusqu'à suggérer de construire des bâtiments provisoires ou de réquisitionner des bâtiments commerciaux pour y installer les manants de l'Ecole de culture générale, entassés dans leurs locaux actuels, histoire de ne pas avoir à déplacer collégiens et élèves du Cycle. Quand on sait combien le «provisoire»  peut, à Genève, durer (que les anciens de l'Aubépine se lèvent !), on a quelque peine à prendre au sérieux ces « plans B ». Pourquoi pas l'installation d'une ECG dans des abris de la protection civile, pendant qu'on y est ?

En Birmanie, un Néo-zélandais et deux Birmans ont été condamnés la semaine dernière à deux ans et demi de prison pour « insulte à la religion », après avoir utilisé une image de Bouddha pour la pub de leur bar. C'est vrai qu'il n'y avait pas de raison que le bouddhisme ne participe pas au grand concours de connerie et de chasse au blasphème. Après tout, c'est une forme de dialogue interreligieux...

Nouvelle évasion dans les prisons genevoises : après ceux de Frambois, licencié, et de Curabilis, démissionnaire, le directeur de la Maison d'arrêt de Villars (où on est passé...), en place depuis 2007, a démissionné. Le Département du Maudet en chef explique qu'il a « décidé de saisir une nouvelle opportunité (pour) poursuivre sa carrière dans le domaine de la santé publique ». Ben ouais, c'est clair que quitter les administrations pénitentiaires genevoises, c'est encore le meilleur moyen de sauvegarder sa santé. Et que si les directeurs de prisons, chefs et cadres de la Pénitentiaire continuent de continuent de se faire la malle, on va y arriver, à l'autogestion de nos prisons par les prisonniers eux-mêmes.

Un gros bouquin qui vient de paraître en français (« Les nazis en fuite »), de l'historien austro-américain Gerald Steinacher, retrace l'histoire de la fuite des criminels de guerre nazis après l'effondrement du IIIe Reich, et des aides qu'ils ont pu obtenir pour échapper à leur jugement. L'ouvrage insiste sur la triple assistance dont ils ont pu bénéficier : celle du Vatican (par haine du communisme athée), celle de la CIA (qui pratiquait le recyclage des anciens nazis pour la "guerre froide")... et celle du Comité international de la Croix-Rouge, pas moins anticommuniste (quoique protestant) que le Vatican, qui a facilité la fuite d'anciens nazis (comme Klaus Barbie ou Adolf Eichmann), pas toujours repentis, en leur délivrant des titres de voyage entre 1945 et 1950 pour leur permettre de quitter l'Europe en passant par l'Italie pour s'embarquer à Gênes ou Trieste, notamment vers l'Amérique : « aussi longtemps (qu'ils) étaient en mesure d'apporter la preuve de leur anticommunisme, le CICR fermait les yeux  . Et qui mieux qu'un nazi peut « apporter la preuve » de son anticommunisme ? D'ailleurs, relève l'historien, les deux présidents successifs du CICR pendant et juste après la guerre, Carl Burckhardt et Paul Ruegger étaient, le premier pro-allemand et « au moins de façon latente, antisémite », et le second admirateur de Mussolini. Finalement, le CICR était à l'unisson de deux autres piliers de la neutralité suisse, les banques et le police des étrangers. A célébrer en chantant le « cantique suisse »...

Intéressant papier dans la "Tribune de Genève" du 17 mars, sur les métaux rares utilisés dans la fabrication des smartphones (qui en sont composés pour un quart) . On a donc (liste non exhaustive) : de l'arsenic (ça commence bien), de l'or, du béryllium, du cobalt, du gallium, de l'indium, du lithium (sucer son portable, ça préserve des troubles bipolaires ?), du palladium, du platine, de l'antimoine (non, c'est pas un métal laïc) et du tantale.  Plus de l'argent, du cuivre, du plomb et de l'étain. La production de ces métaux est passée d'une dizaine de milliers de tonnes par en en 1965 à 150'000 tonnes (dont 90 % extraits en Chine) aujourd'hui, et cette production massive appauvrit les gisements, ce qui nécessite des modes d'extraction plus gourmands en énergie et plus producteurs de pollutions de toute nature (sans parler des conditions de travail de ceux qui sont employés à cette extraction), et provoque une extension de la prospection des gisements à des zones qui en étaient jusqu'à présent préservées, comme l'Arctique ou le fond des océans. En outre, des métaux comme le tungstène, l'étain, le tantale ou l'or proviennent souvent de régions en guerre et leur extraction financent des groupes armés qui se livrent à d'innombrables exactions sur les populations civiles . Bon, bref, sachant ce que l'extraction de ces métaux coûte à l'environnement, à la santé et la vie des travailleurs et des populations locales, on se permettra de ricaner silencieusement la prochaine fois qu'on croisera un écolo rivé à son Ipad dernier modèle... et de reculer au plus loin possible (quand il aura rendu ce qui lui tient lieu d'âme) le moment de changer de smartphone -pour un appareil acheté d'occase.


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