Fonds de tiroir


Pour essayer de sortir de l'impasse où il s'enlise le débat sur le projet de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire de Genève, l'exécutif municipal a proposé au Conseil municipal de le mandater pour renégocier la convention passée entre la Ville et la Fondation Gandur  pour l'Art, convention fortement contestée sur plusieurs de ses points, et obsolète sur d'autres. Le PS soutient la proposition du Conseil Administratif, et propose même de la rendre plus contraignante, mais fait face à l'opposition générale des autres groupes du Conseil Municipal. On comprend parfaitement  l'opposition des Verts et d'Ensemble à Gauche : adversaires du projet de rénovation et d'extension du musée, ils n'ont aucun intérêt à améliorer une convention dont le contenu actuel plombe politiquement tout le projet. Mais la position du PLR, du PDC et du MCG semble quant à elle relever d'une véritable politique de la terre brûlée : périsse le musée, pourvu qu'on s'interdise de toucher à la convention passée avec la Fondation Gandur pour l'Art. Mais cette convention, c'est quoi de si sacré qu'il faille s'interdire d'y toucher ? Le décalogue ? Le Coran ? En sacralisant ce texte qui n'est qu'un contrat passé entre une commune et une fondation privée, est-ce que la droite municipale se rend compte que le contenu actuel de cette convention, les déclarations de Monsieur Jean-Claude Gandur (« nan ? Je veux pas renogocier, c'est tout ou rien... »), le soutien aveugle que le PLR, le PDC et le MCG  lui apporte et leur refus de donner au Conseil administratif le mandat de renégocier cette convention, sont les meilleurs arguments des référendaires ? Et qu'en refusant toute renégociation d'une convention dont on se demande désormais si elle a été négociée par la Ville ou dictée par les avocats de la FGA, ils sont en train de condamner le projet qu'ils font mine de défendre ?

En 2006, François Cavanna souriait de la modestie du lectorat de « Charlie » : « On ne tirera jamais à un million d'exemplaires»... Eh bien si, à plusieurs millions même, pendant quelques semaines, neuf ans et douze morts plus tard... mais il aura pour cela fallu que la rédaction soit massacrée à la kalachnikov Après le carnage, qu'il renvoie au célèbre « viva la muerte »  du général franquiste Milan Astray, l'historien Michel Porret résumait « quarante ans d'intelligence collective décimée à l'arme de guerre » par cet éloge funèbre : « Wolinski ciblait la connerie, il en est mort ». Comme beaucoup d'autres, qui ne nous tenaient moins à coeur que parce qu'ils nous étaient inconnus : de 2009 à 2014, 370 journalistes ont été tués dans l'exercice de leur métier,  plus de 1100 depuis 1992. Auxquels il faut donc ajouter les victimes du carnage de « Charlie Hebdo ».

Dans le rapport annuel du Service de renseignement de la Confédération, portant sur les menaces qui pèsent sur la Suisse, les Jeunes Socialistes bernois sont cités au nombre des « extrémistes de droite, de gauche et de la cause animale » (drôle d'amalgame...). Retrouver les Jeunes Socialistes dans une liste d'« extrémistes », quand même, ça surprend. ça surprend, mais en même temps, ça rassure. Même s'ils ne sont cités qu'à propos d'une manif à Berne contre l'élection de « Miss Suisse », dont il dénonçaient le sexisme et qu'ils présentaient comme un « zoo de femmes ». Une vingtaine de manifestant-e-s avaient d'ailleurs été arrêtés. N'empêche : qu'il y ait encore de sagaces analystes des « menaces pesant sur la Suisse »  pour considérer des socialistes, même jeunes, comme une menace, ça fait chaud au coeur. Allez Papy, tu peux prendre ta tisane et ranger ton tromblon, la relève est assurée...

On a lu avec un gros sentiment de nostalgie de la langue de bois perdue (ou que l'on croyait telle) l'« Appel du Parti Suisse du Travail pour la Journée internationale des travailleurs »(le 1er mai, donc). Titre de l'appel : « sur la base du marxisme ». Et « sur la base du marxisme », il s'agit de
« transformer la société. Pour cela, le Parti suisse du Travail se fonde sur les bases du marxisme. otre but est la construction d'une société nouvelle, socialiste, c'est-à-dire la nationalisation des principaux secteurs de l'économie (notamment les banques), une économie qui fonctionne pour le bien de toutes et tous et non pour les profits de quelques un-e-s et une démocratie réellement populaire, à partir des lieux de travail, où le pouvoir appartient réellement au peuple et non à quelques lobbys privés. Mais nous ne voulons pas en rester là. Notre idéal est la société communiste, c'est-à-dire une société sans classe, dans laquelle la vie a un sens pour tout le monde, dans laquelle l'exploitation de l'homme par l'homme, la domination et l'aliénation sot supprimées et où l'équilibre écologique est reconstitué ».
Bon, ben voilà, on a retrouvé une avant-garde du prolétariat en marche. Et on ne ricane pas, siouplait : tremblez, banquiers et koulaks. Et sociaux-traîtres.

Commentant le bon résultat des Verts lors de l'élection des Conseils administratifs, comparé à leur mauvais résultat lors de celle des Conseils Municipaux, Le Journaliste plaide, dans GHI de la semaine dernière, pour une évolution « vers un système proportionnel, plus juste et plus représentatif » que le système majoritaire en vigueur pour l'élection des exécutifs municipaux. Et de s'interroger  : « mais qui le proposera?». Ben, ceux qui perdent les élections à la majoritaire (et en rendent responsable « le système »), qui d'autre ?



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