Brèves de comptoir


La lecture de la « Feuille d'Avis officielle »de la République & Canton est toujours roborative : dans son numéro du 29 mai, il aura fallu 7 pages entières pour publier un arrêté en 101 points expliquant pourquoi le Conseil d'Etat a finalement déclaré aboutie et valide l'initiative du PLR pour une traversée routière du lac alors que le nombre de signatures recueillies sur des formulaires valides, c'est-à-dire contenant le nom des membres du comité d'initiative, était inférieur au nombre minimum de signatures exigibles pour que l'initiative aboutisse (il fallait 9725 signatures, il n'y en avait que 9013 sur des formulaires conformes), et qu'en outre des doutes planaient (et planent encore) sur les critères formels du texte : l'unité de la matière, la clarté du texte et la conformité au droit supérieur... Donc, en sept pages et 101 points, le Conseil d'Etat de droite a repêché l'initiative de droite du naufrage, et l'a déclarée aboutie et formellement valide. Faut bien que ça serve à quelque chose, d'avoir une majorité gouvernementale de droite...

Le projet de Pierre Maudet de privatiser le convoyage des détenus, de la prison au Palais de Justice, a décidément du plomb dans l'aile -à défaut d'en avoir dans la tête : non seulement les syndicats et la gauche s'y opposent, mais même le Procureur Général, le PLR Jornot, s'oppose au projet du Conseiller d'Etat, le PLR Maudet. Pour Jornot, la privatisation du convoyage et de la surveillance sur les sites du Palais de Justice et du Ministère Public reviendrait à «privatiser des tâches considérées comme régaliennes par la justice ». C'est précisément l'un des arguments avancés par les syndicats et la gauche pour refuser ce projet -et peu importe que le terme de «régalien » soit utilisé à tort, puisque n'est « régalien » que ce qui est le privilège d'un roi et que nous sommes en République et dans un Etat de Droit. Disons qu'il s'agit de privatiser des tâches à fort contenu « sécuritaire » (l'acheminement des détenus dans les cabinets des procureurs et dans des tribunaux, la gestion des « violons » (les cellules du Palais de Justice), la sécurisation des audiences...) et à forte composante de confidentialité et de secret de fonction, que forcément des agents publics (policiers, gendarmes, Assistants de sécurité) assurent mieux que des employés de sociétés privées. «Je ne me suis pas fâché avec Pierre Maudet », assure Olivier Jornot. C'est dommage, il aurait pu faire ce pas, mais on se contentera de son opposition aux pulsions privatisatrices de son compère, quand il dit que « c'est comme si on privatisait Champ-Dollon »... il aurait d'ailleurs mieux fait de ne pas le dire, ça risque encore de donner des idées à Maudet.

L'Hospice Général de Genève a annoncé lundi l'ouverture de deux abris de Protection Civile pour loger (disons : stocker) des requérants d'asile : un abri de 40 places à Carouge, pour des hommes seuls, un abri de 90 places à Thônex. Total, 130 requérants d'asile stocké-s sous terre. Les Verts dénoncent ces conditions d'accueil dégradantes pour ceux qui les subissent et indignes de ceux qui les leur imposent. Ben quoi ? Les gouvernants de toute l'Europe, Suisse comprise, sont prêts à enterrer le droit d'asile, sous les applaudissements nourris de l'extrême-droite, il est donc logique qu'on enterre aussi les réfugiés. Non ?

Donc, le soutien du PDC à la candidature de Medeiros à la présidence du Conseil Municipal de la Ville de Genève, puis le signature d'un accord entre le PDC, le PLR, l'UDC et le MCG, continuent de faire des vaguelettes chez les démo-chrétien : la cheffe du groupe parlementaire au Grand Conseil, Béatrice Hirsch, qui affirme qu'elle n'aurait « jamais voté pour M. Medeiros », considère que cet accord « ne sert à rien, puisque le MCG ne s'y sentira pas tenu ». Le député Vincent Maître, pour qui Medeiros n'est que « le fidèle pitbull » de Stauffer (d'ailleurs on le surnomme Medor -mais dans son dos...), considère que « dealer avec le MCG, c'est (pour le PDC) brader ses valeurs et sa morale». Le Conseiller administratif de Lancy, Stéphane Lorenzini, élu  (contre le luminescent président du MCG)  grâce au soutien du PS et des Verts, dénonce un accord passé avec le MCG contre la gauche, à l'encontre du mot d'ordre au niveau cantonal, ce qui délivre un « très mauvais message  parce qu'il «renforce» et «légitime » le MCG. La vice-présidente du PDC cantonal, Alia Chaker Mangeat,  rappelle que la ligne politique du PDC « est claire » (mais l'est-elle encore ?) : « aucune alliance avec le MCG et l'UDC ». Enfin, la députée Anne-Marie von Arx Vernon signale qu'en plus du vote pour Medeiros et de l'accord passé avec le MCG, le PDC a participé à l'élection d'une présidence formée de trois hommes (un MCG, un PLR, un PDC) en reléguant la seule femme candidate, la socialiste Martine Sumi, sur un strapontin de secrétaire. Voila. Et maintenant on attend les explications du PDC de la Ville de Genève sur son soutien au MCG. On sent qu'elles vont être d'une clarté, d'une cohérence et d'une hauteur de vue à faire pâlir un « centriste » catholique italien des années soixante.

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