Fonds de tiroir


Selon une étude zurichoise, analysant les score personnels de 476 candidates et candidats lors des dernières élections cantonales genevoises (celles de 2013), un-e candidat-e dont le nom « sonne étranger » aurait gagné quatorze places sur sa liste, au résultat final, s'il avait arboré un patronyme «suisse». Cette discrimination selon le nom se constate sur les listes de gauche comme sur celles de droite (et s'est à nouveau constatée aux élections municipales de ce printemps), quoiqu'avec une moindre force à gauche, et une moindre force en Ville de Genève. Mais à Onex, Meyrin et Carouge, on biffe ardemment les métèques. Et selon la professeure de psychologie sociale Edith Salès-Wuillemin, comme « les personnes issues des classes économiques les plus basses se sentent plus menacées» par la concurrence des immigrant, les électrices et les électeurs de ces classes populaires sont plus enclins à sélectionner leurs candidat-e-s en fonction de leur nom. Salauds de pauvres. On ajoutera que l'électorat originaire des immigrations anciennes (italiens, espagnols, portugais) ressentent plus fortement les immigrations nouvelles (africaines, asiatiques, moyen-orientales) comme une concurrence que les « Suisses de souche » et que dans cet électorat de la « deuxième génération », on pratique aussi plus que la moyenne la sélection par le nom. Salauds de secondos. Ajoutez à cela que les noms « exotiques » ne provoquent pas la même réaction selon qu'ils sont européens ou non, et que les noms africains ou arabes sont les plus visés par le biffage électoral, et  vous aurez un élément d'analyse utile pour évaluer la réalité du «multiculturalisme» et du « vivre ensemble » dans la capitale mondiale du monde mondial. Pis d'abord, Mohammed Benmokhtar n'a qu'à s'appeler Benjamin Bolomey ou Gontran Dufour, comme tout le monde...

On connaît (et on en sourit encore) le résultat de l'élection de la Municipalité de la Ville d'Onex : triomphe, eu deuxième tour, de la liste, disons de « front démocratique » pour éviter la référence à un « front républicain » hors de propos dans ce cas là, et veste matelassée pour le Conducator du MCG, Eric Stauffer. Et ce n'est pas faute pour le MCG d'avoir fait tous les efforts possibles et imaginables pour que Gominator puisse survivre politiquement à cette élection : rien que pour ses affiches, et rien que pour Onex, et sans compter tous le reste (imprimés, stands, annonces etc...) le MCG aurait dépensé plus de 50'000 balles, et son budget de campagne total dépasse les 60'000 francs. A titre de comparaison, le budget total de campagne du PS était deux fois plus bas (27'000 balles), ceux du PDC (22'000 balles), des Verts et du PLR (20'000 balles chacun) étaient trois fois plus bas... « On bénéficie de gros donateurs quand on mène une politique au bénéfice de ces gros donateurs », résume la présidente du PS (et Maire d'Onex) Carole-Anne Kast... Le MCG est d'ailleurs le deuxième parti le plus riche de Genève après le PLR. Bon, l'essentiel étant la dégominatorisation réussie d'Onex, on se dira que les « gros donateurs » du MCG sont de piètres investisseurs. Au moins dans ce cas là. Parce qu'ils récidivent dans la distribution du pognon aux petits copains, pour la votation du 14 juin sur leur loi libéralisant la transformation de bureaux en logements...

Le 31 mai, en Ville de Genève, sera le dernier jour de l'année Kanaan. Et le lendemain, 1er juin, le premier jour de l'année Esther. On reste donc dans la Bible (dont Calvin faisait la constitution de Genève). Pas de panique : ce sont des années de Mairie dont on parle. Et à Genève, on change de maire chaque année, le 1er juin (jour des pois, 13 Prairial, dans le calendrier républicain). On se calme, amis laïcards : on quittera la Bible en 2016 pour l'année de Guillaume Barazzone puis, en 2017 celle de Rémy Pagani et en 2018 celle de Sandrine Salerno. Mais on retrouvera le pays de Kanaan en 2019, jusqu'au 31 mai 2010. Après Jesus Christ. Parce que le calendrier, c'est cyclique. Comme la politique genevoise. Et ses Maires.

Les socialistes de la Ville de Genève occupent le terrain et travaillent dans le concret : ils proposent au conseil municipal d'interpeller le Conseil administratif sur la problématique des mictions sauvages contre les murs proches des lieux de sortie, murs transformés en urinoirs de fortune pour teufeurs imbibés et que les socialistes (enfin, pas tous...) suggèrent de recouvrir d'une peinture hydrophobe renvoyant la pisse sur les godasses du pisseur. Au masculin, forcément : c'est en application du slogan socialiste « pour toutes et tous sans privilèges »  qu'on va nous enlever, à nous, mâles brimés, l'un de nos derniers privilèges : pouvoir pisser contre les murs en sortant de gargote. On versera donc, discrètement, une larmichette sur ce privilège en voie de disparition, et sur le temps heureux où, sortant complètement torché du bordel où nous perdîmes notre pucelage entre les bras (et le reste) accueillants d'une professionnelle déjà classée au patrimoine et en voie de syndicalisation par Grisélidis, nous arrosions, titubants, une palissade pâquisarde en brâmant une chanson de corps de garde...

Au terme des élections municipales, on a regardé les statistiques de la population des communes pour savoir ce dont était supposé, en tant qu'élu municipal, être représentatif: les communes de Gy et Russin, avec 491 habitants chacune, ont droit à 9 conseillers municipaux, soit un-e élu-e pour 55 habitants... Lancy et Vernier avec respectivement 30'268 et 34'973 habitants, ont droit à 37 conseillers municipaux, soit respectivement un-e élu-e pour 818 habitants et un-e élu-e pour 945 habitants. Et en Ville de Genève avec 80 élu-e-s pour 196'257 habitants, on pèse chacun-e 2453 habitant-e-s. Putain, tout ce monde à représenter, quelle responsabilité... ça fout les jetons, non ? Euh... non, finalement...





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