Fonds de tiroirs


Le Conseil Municipal de la Ville de Genève (disons plutôt : sa majorité de droite, aidée d'un morceau d'«Ensemble à Gauche») n'a pas apprécié que les socialistes, soutenus par les Verts (et un autre morceau d'«Ensemble à Gauche» -celui, minoritaire, qui arrive à faire la différence entre un candidat d'extrême-droite et une candidate socialiste ) aient osé remettre en cause la mécanique du « tournus »  à la présidence du parlement communal, en présentant une (excellente) candidate contre le candidat de la droitunie, le MCG Carlos Medeiros. Elle a donc non seulement voté en bloc (à deux dissidences près) pour Medeiros, ce qui efface définitivement la prétention du MCG d'être « ni de gauche ni de droite », et l'a fait élire (grâce à l'appui de deux ou trois « Ensemble à Gauche » et à l'abstention de quatre ou cinq autres) à la présidence. Pour punir ensuite les socialistes de leur impudence en n'élisant que des candidats (au masculin) de son cru (PLR et PDC) aux deux vice-présidences. Le Conseil Municipal de la Ville de Genève, quand il s'agit d'élire sa présidence, n'est pas un parlement, c'est un guichet: vous prenez un numéro, vous vous mettez dans la bonne file, et quand on appelle votre numéro, vous êtes président. Pas parce qu'on pense que vous serez un bon président : parce que c'est votre tour. Et qu'on ne touche pas au tournus. Des fois, la politique, ça ressemble à un mécanisme... et faut pas toucher aux mécanismes. Parce qu'on finit par se retrouver dans la situation de Charlot dans «Les Temps Modernes»...

Avant d'être élu (par la droitunie) à la présidence du Conseil Municipal de la Ville de Genève, contre la candidate socialiste Martine Sumi, le MCG Carlos Medeiros se plaignait des socialistes dans la «Tribune de Genève»  : « ils ne jouent pas le jeu » en contestant le «tournus» de la présidence entre les partis. Ben fallait le dire, alors, que c'était un jeu...

Le 20 mars, les chambres fédérales se sont prononcée pour le maintien des privilèges fiscaux accordés par la Suisse à la FIFA avec l’argument que les associations sportives internationales donnent de la Suisse une image internationale et lui confèrent une certaine réputation... On voit désormais laquelle. Par 116 voix contre 67, droite contre gauche, le Conseil national s’est prononcé contre la remise en cause des privilèges fiscaux accordés par la suisse à la FIFA ! Les votes des élu-e-s genevois-es pour ou contre le maintien des privilèges fiscaux de la FIFA ont été les suivants : 6 OUI Amaudruz et Nidegger (UDC), Lüscher et Hiltpold (PLR) Barazzone (PDC) et Golay (MCG), 5 NON (au maintien des privilèges fiscaux de la FIFA : Bernasconi, Sommaruga et Tornare (PS) Leuenberger et Mahrer (Vert).  Le patron de la FIFA, l'illustre Sepp Blatter, qui s'était dit « peiné » que la Suisse envisage par ailleurs de punir la corruption privée en «ciblant» la FIFA, pouvait être soulagé : on continuera à faire semblant de croire que la FIFA est une organisation sans but lucratif, peuplée de philanthropes.

On connaît la phrase de Victor Hugo : « ouvrir une école, c'est fermer une prison ». Les libéraux-radicaux genevois en ont donné une nouvelle version : « engager un gardien de prison, c'est supprimer un poste d'enseignant ». Ce jeu à somme très, très nulle prend à Genève la forme d'un projet de loi PLR, qui demande son traitement en urgence,  baptisé « Pour le renforcement du frein à l’endettement ». Objectif du texte : la réduction des emplois de service public et para-public, et donc des prestations à la population. Méthode ? plus aucun nouveau poste ne pourrait être crée sans en supprimer un autre et toute augmentation de dépense se traduirait par la suppression d'autant de postes nécessaires pour la compenser. On ouvre un nouvel EMS ? On coupe dans l'action sociale. On ouvre (si non peut dire) une nouvelle prison? On coupe dans l'enseignement. Le degré zéro de la « gouvernance » : impossible dans ces conditions de «piloter» des politiques publiques, de gérer des services publics en fonction des besoins de la population.
 

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