Nouvelle « législature » municipale genevoise : D'abord résister au recul... Puis avancer...

   

Demain, le « nouveau » Conseil Municipal de Genève entre en fonction. Avec une nouvelle présidence dont on vous touchera quelques mots demain, promis. Mais la polémique née de l'impudence démocratique de socialistes osant présenter à cette présidence une (excellente) candidate contre un candidat MCG, a un peu fait oublier à quoi était voué ce parlement municipal dans lequel on va siéger pendant cinq ans. Avec beaucoup de pain sur la planche : les enjeux de la «législature municipale» qui s'ouvre sont considérables pour toutes les communes : des projets très concrets menacent leur capacité à maintenir les prestations qu'elles assurent à leur population, voire (s'agissant de la Ville et des villes, dans les domaine de la culture, des loisirs et du sport, mais aussi de la sécurité) à la population de tout le canton, et à financer les investissements nécessaires à la concrétisation des droits sociaux ), à la qualité de vie et à l'offre culturelle. Ainsi, la « réforme » fiscale voulue par la droite, abolissant la répartition de l'impôt municipal entre commune de résidence et commune de travail pour ne garder que l'imposition sur le lieu de résidence, coûtera très cher (au moins 120 millions par an) à la Ville de Genève, et mettra en péril les prestations qu'elle assure à tout le canton. Notre premier combat politique sera de résister à ces entreprises funestes... Notre premier combat, non le seul : d'abord résister au recul, puis avancer.


« Vouloir et ne vouloir pas, quoi de plus misérable ! »  (Victor Hugo)


En l'absence au Conseil Municipal de la Ville de toute majorité absolue pour l'un ou l'autre camp (la gauche, la droite et l'extrême-droite), absence confirmée par le résultat des dernières élections municipales, la gauche, disposant d'une majorité relative (39 siège sur 80 jusqu'en avril, 37 sièges dès le 2 juin), a dû compter sur les absences (physiques ou intellectuelles) sur les sièges de droite pour faire passer ses propositions et faire refuser celles de ses adversaires. Arithmétiquement minoritaire, la gauche municipale est donc condamnée à l'unité si elle veut faire face à toutes les menaces pesant sur la Commune...
Qui, et que, représentons nous en tant qu'élu municipal ? les communes de Gy et Russin ont droit à 9 conseillers municipaux, soit un-e élu-e pour 55 habitants. Lancy et Vernier ont droit à 37 conseillers municipaux, soit respectivement un-e élu-e pour 818 habitants et un-e élu-e pour 945 habitants. Et en Ville de Genève (80 élus) on pèse chacun-e 2453 habitants. Putain, quelle responsabilité... ça fout les jetons, non ? Euh... non, finalement...

Défendre un service public fort, défendre les droits de ses salariés, défendre les ressources financières des communes et leur autonomie, défendre les prestations à la population (y compris les prestations sociales, comme les allocations accordées par la Ville aux rentiers AVS-AI bénéficiant de l'aide complémentaire, ou l'allocation de rentrée scolaire) : tels sont les enjeux des cinq ans à venir. Ils sont défensifs ? certes, mais la meilleure défense n'est-elle pas l'attaque, quand on en a les moyens ? -Les villes de gauche les ont, ces moyens, mais elles les consacrent déjà en partie à combler le déficit d'engagement social et culturel du canton. Elles risquent fort de devoir accentuer encore ce rôle, non seulement de contrepoids politique aux choix de la droite cantonale, mais aussi de substitut à ses défaillances (volontaires). Elles vont surtout devoir se battre pour maintenir leur capacité, non plus seulement matérielle mais aussi légale, d'agir : le projet de « nouvelle répartition des tâches »  entre le canton et les communes n'a en effet pas réellement le but fonctionnel qu'il se donne -il a surtout le but politique, à peine dissimulé, de transformer les communes en simples instruments d'exécution  des décisions cantonales, et de mettre au pas une Ville de Genève qui n'entend pas se réduire à cette fonction...
Significativement, la «législature» municipale entamée en 2011 a été close il y a deux semaines par l'adoption de trois projets du Conseil administratif concrétisant trois engagements de la Ville dans une politique culturelle au bénéfice de la population de tout le canton : deux de ces engagements (le Musée d'Art et d'Histoire et les cinémas indépendants) sont de la Ville seule, sans le canton -et dans le troisième (la Nouvelle Comédie), l'engagement du canton, complémentaire de celui de la Ville, dépend encore de la bonne ou mauvaise volonté d'un parlement cantonal dont la majorité politique n'a jamais fait montre de beaucoup d'enthousiasme à «financer la culture», surtout aux côtés de la Ville, véritable épouvantail politique de cette majorité cantonale...
Bref, qu'on se le dise (comme il nous semble vous l'avoir déjà asséné)  : Vive la Commune !

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