Elections fédérales : un peu plus de gauche ou encore plus de droite ?


   

Le poids des votes

La maison « CauseS touSjours« » ne reculant devant aucun cadeau, elle vous livre un scoop :  au soir des élections fédérales de cet automne, la Suisse n'aura pas basculé à gauche. Ni d'ailleurs à droite, puisqu'elle y est déjà. Mais elle peut y être encore un peu plus, à droite, ou un peu moins. Un  peu plus si l'UDC et le PLR atteignent leur objectif commun d'être majoritaires à eux deux au parlement et au Conseil fédéral, un peu moins si le PS progresse, et que les Verts d'une part, le PDC d'autre part, restent à peu près stables. Tout cela tient à moins d'une dizaine de sièges au parlement et à un seul siège au gouvernement. Et on aurait tort de sous-estimer cet enjeu, si modeste qu'il paraisse.


Pour une poignée de sièges

Le fond de l'air politique est de droite, en Suisse comme, assez généralement dans le reste de l'Europe. Les inquiétudes ne sont plus environnementales mais sociales et culturelles (le fantasme de l'« immigration de masse » en fait partie), et cela a des effets sur les choix électoraux. Certes, les électorats ne traversent généralement pas tout le champ politique pour passer d'un «extrême» à l'autre (encore qu'une partie de l'électorat communiste se soit régulièrement retrouvé à l'extrême-droite, passant du PCF au FN ou du PdT au MCG) : ils vaquent plutôt dans la proximité, à l'intérieur de chaque camp ou entre les ailes les plus proches d'un camp et de l'autre. Ainsi, à Genève, aux dernières élections municipales, le PDC a-t-il pu capter une partie de l'électorat des Verts et une partie de l'électorat du PLR (et celui-ci une partie de l'électorat de l'UDC) pendant que le PS progressait lui aussi, mais au détriment des Verts et de la « gauche de la gauche »... Résultat  : un recul global de la gauche, et une droite plus distendue qu'élargie, qui montre ses muscles à défaut de pouvoir montrer ses neurones. Au plan fédéral aussi, ce sont les Verts et la « gauche de la gauche »  qui font les frais du déplaement à droite de l'électorat, alors que le PS progresse, mais sans arriver à compenser les reculs de ses alliés. A droite, si l'UDC ne progresse plus, le PLR reprend du poil de la bête -du coup, la première se met à faire les yeux doux au second, qui fait mine de résister à ces avances en mettant en exergue la contradiction de ses choix « européens » et de l'europhobie de sa soupirante. Plaidant pour une grande alliance UDC-PLR, le président de l'UDC, Toni Brunner reconnaissait qu'elle sera difficile à conclure, parce qu'il y a «encore beaucoup d'animosité à notre égard de la part de gens qui (...) ont mal supporté que l'UDC grandisse, en partie aux dépens du "grand frère" libéral-radical ». Des jaloux, rien que des jaloux. Mais « que ces gens se rassurent, l'UDC ne cherche pas à prendre le contrôle du PLR ». Ouf, on s'inquiétait : l'USAM suffit donc à l'UDC...

Dans un entretien paru dans Le Temps du 29 août, l'ineffable Conseil fédéral UDC Ueli Maurer exprime, pour les élections fédérales de cet automne, un souhait : une majorité de droite au parlement fédéral. Parce que le parlement fédéral sortant, il n'est pas à majorité de droite ? A en croire l'UDC, non : le parlement serait de « centre-gauche », voire carrément de gauche. Parce que pour l'UDC, seuls le PLR et elle sont, en Suisse, à droite. Droite conservatrice pour l'UDC, libérale pour le PLR -et encore : « sur les questions économiques, nous sommes sur la même ligne » que le PLR, reconnaît Maurer. On avait remarqué, aussi. A Genève, on connaît la « droite élargie », qui se distend du PDC au MCG, mais à Berne, l'UDC mise sur une droite rétrécie : elle et le PLR. Point barre.Tous les autres sont plus ou moins de gauche. Même le PDC, le PBD, les Verts libéraux. Du coup, l'enjeu pour l'UDC et pour le PLR c'est d'être majoritaire à eux deux,m pour faire ce qu'ils veulent, et défaire ce que les autres ont fait. Et cela se jouera à une poignée de sièges, moins d'une dizaine sur les 200 du Conseil national et les 46 du Conseil des Etats.

En Suisse, la gauche, dans les urnes et au parlement, pèse entre un quart et un tiers des suffrages et des sièges depuis l'introduction en 1919 du scrutin proportionnel pour l'élection du Conseil National (première revendication satisfaite de la Grève Générale de 1918). Un quart des suffrages quand elle est au plus mal, un tiers quand elle est au mieux. Et nous sommes aujourd'hui entre ce plancher et ce plafond. Minoritaires, de toute façon, mais pas forcément contrraints à l'impuissance -question d'alliances... Une dizaine de siège de plus ou de moins dans un camp ou l'autre, ce sont des droits sociaux garantis ou démantelés, des libertés fondamentales défendues (voire élargies) ou restreintes, des réfugiés accueillis ou refoulés. Nos votes, et ceux de nos élu-e-s, et nos campagnes électorales, ont ce poids là -et il est lourd.

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