Une initiative populaire de l'Asloca pour des « logements abordables »


   

L'Asloca suisse a lancé, avec le soutien de l'Union Syndicale Suisse, du PS, de la JS, des Verts et des coopératives d'habitation , une initiative populaire fédérale « pour des logements abordables », exigeant de la Confédération  qu'elle «  encourage l'offre d'appartements à loyers bon marché dans tout le pays », en concertation avec les cantons. Les collectivités publiques, qui disposeraient d'un droit de préemption sur les terrains, devraient favoriser l'achat et la construction de logements pour des coopératives sans but lucratif ou des sociétés d'intérêt public. Dans toute nouvelle construction, la part de tels logements devrait s'élever au moins à 10 %. L'initiative prévoit même que la Confédération encourage l'achat d'appartements ou de maisons familiales par des particuliers, pour leur usage personnel.
L'initiative doit aboutir avant le 1er mars 2017, et on peut déjà la signer ici :
http://logements-abordables.ch/fr/initiative-logements/

Et si on appliquait la Constitution ?

Il y a, dans la Constitution suisse, depuis quarante ans, un article (108) qu'il serait bon, en période de pénurie de logements abordables, de respecter, d'autant que cette pénurie, comme le rappelle l'ASLOCA, ne frappe pas que les villes mais sévit désormais dans tout le pays -un pays oùi 66 % des habitants du pays sont locataires de leur logement principal. Il dit quoi, l'article 108 de notre auguste Charte fondamentale ? Il dit (entre autres) que la Confédération doit encourager la construction de logements ainsi que l'acquisition d'appartements et de maisons familiales destinés à l'usage personnel de particuliers. Et il n'y a pas que la Constitution, il y a aussi la loi : celle sur le logement permettrait à la Confédération d'agir pour concrétiser l'article constitutionnel. Pourquoi «permettrait»  et non pas « permet »  ? Parce que la Confédération ne fait pas usage de la possibilité que lui donne la loi, qu'elle ne respecte donc pas le mandat constitutionnel -et que depuis 2003, le programme d'allégement du budget fédéral a gelé les prêts sans intérêts (ou à taux d'intérêts favorables) destinés à la construction de logements d'utilité publique. Il faut donc réveiller la dormeuse fédérale, lui redonner un mandat, lui rappeler celui qu'elle a déjà reçu. L'initiative de l'Asloca veut pourvoir à cette urgence : son but est d'atteindre une proportion de 10 % de logements d'utilité publique dans les logements nouvellement construits.
Les milieux immobiliers sont, évidemment, prêts au combat : ils invoquent déjà le primat des cantons et des communes dans la construction de logements d'utilité publique, et récusent le droit de préemption comme étant contradictoire de la liberté contractuelle (alors même que ce droit existe déjà, que la collectivité ne peut en user qu'avec l'accord du vendeur et que le prix d'achat du bien préempté est celui du marché). Bon, bref, l'initiative de l'Asloca est lancée, ne reste plus qu'à la faire aboutir.

A part ça, à Genève, où en quinze ans on a accumulé un retard de construction de 20'000 logements. on se bouge aussi, comme on peut, qund on veut se bouger. Ainsi, le Parti socialiste genevois a-t-il proposé la création de 2000 logements, dont la moitié (au moins) de HLM, sur 44 hectares, en zone agricole mais ne faisant l'objet d'aucune activité agricole et qu'on peut donc parfaitement déclasser en zone de développement, et que l'Etat peut obliger le propriétaire à vendre. Vu la crise du logement qui continue à sévir à Genève, ça devrait plaire. Ben non, ça plait pas. Parce que les logements que le PS propose, il les propose dans la commune très droitière et très friquée de Vandoeuvres, et sur un golf (dit « de Cologny ») propriété d'une société immobilière dont le président est un banquier privé (Mirabaud). On ne pourra au moins pas dire que le PS cherche la facilité. D'ailleurs, la Maire de Vandoeuvres se dit « choquée » : « nous sommes jalousés et pris pour cible, accusés d'être un 'ghetto de riches" par les socialistes ». Ben ouais, c'est ça, les socialos : des racistes anti-riches. Et puis, ajoute la Maire, « il existe d'autres espaces disponibles dans le canton ». De préférence dans des communes de gauche ou des quartiers de pauvres. Si possible déjà très densifiés. Des bas quartiers, quoi, pas des golfs. Faut pas mélanger les torchons et les serviettes.
Et dire qu'il y en a encore qui croient que la lutte des classes, c'est un truc du passé...

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