Fonds de tiroir


Or donc, mardi, au Conseil Municipal, la droite « élargie » (distandue), c'est-à-dire le PLR, le PDC, l'UDC et le MCG, a fait passer en urgence, en débat accéléré et sans renvoi en commission pour étude, l'engagement de 25 pompiers et la réfection d'une caserne. Parce qu'elle a découvert qu'il y avait urgence. Que les effectifs actuels des pompiers genevois (le SIS, Service d'incendie et de secours, un service municipal qui fonctionne pour tout le canton) étaient insuffisants. Et que rien n'avait été fait pour y remédier. Bon, d'accord. Mais qui est le responsable politique du SIS depuis dix ans ? Un Conseiller administratif PLR (Pierre Maudet), puis un Conseiller administratif PDC... la droite élargie (dilatée) a ainsi fait publiquement le constat de l'incompétence de ses propres magistrats... On saluera donc  cette toute nouvelle disposition à l'autocritique.

La Fondation Ethos, qui milite, assez désespérément, pour mettre un peu d'éthique (voire même de ce qui pourrait tenir lieu de démocratie, mais réduite aux droits des actionnaires) dans le fonctionnement des grandes sociétés privées, de leurs assemblées générales et de la rémunération de leurs dirigeants, est déçue : la première année (2015) de mise en oeuvre de la fameuse initiative « Minder », du nom de son Conseiller aux Etats d'auteur, est fort mitigé : « l'esprit de l'initiative est parfois contourné en matière de vote des rémunérations des instances dirigeantes des entreprise », constate, fort marri, le président d'Ethos, Dominique Biedermann : la participation aux assemblées générales des actionnaires n'a pas augmenté, des caisses de pension ont vendu leurs actions pour acheter des fonds de placement en actions pour éviter d'avoir à se prononcer sur le pactole coulant de l'entreprise dans les poches de ses dirigeants, les investisseurs étrangers votent pour les rapports sur les rémunérations par peur de voir les dirigeants en place démissionner en cas de refus de ces rapports, qui ont donc été acceptés sans moufter dans plus de 85 % des cas. 72 % des sociétés ont fait voter ces rapports sans même connaître les performances des dirigeants dont ils acceptent les rémunérations, et plus d'un tiers d'entre elles n'ont pas fixé de limite statutaire à ces rémunérations. Enfin, 44 % des entreprises concernées par l'initiative ont contourné l'interdiction des « parachutes dorés » (les dédommagements lors des départs de directeurs) en les transformant en compensation des « clauses de non-concurrence ». En fait, seules 28 % des sociétés concernées par l'initiative ont respecté le « code de bonne conduite » qui en découlait. Quand on vous dit que le capitalisme trouve toujours le moyen de s'adapter aux cadres qu'on tente de lui imposer, et que c'est même l'une de ses plus grandes forces, vous nous croyez, maintenant, bandes de pauvres ?

Selon le professeur britannique (en neurosciences) Paul Kelley, spécialiste du sommeil, le rythme  «standard »  d'une journée de travail, soit de 9 à 17 heures, relève de la  « torture  », de la privation de sommeil, de l'irrespect des rythmes biologiques humains :  « les adultes de moins de 55 ans ne devraient pas démarrer leur journée avant 10 heures du matin », affirme le prof. Bon, pour nous, 10 heures du matin, c'est encore vachement trop tôt, mais on va pas poser notre cas perso en modèle. Reste cette évidence qu'aller à l'encontre de nos horloges biologiques est facteur de stress, d'improductivité, de mauvaise humeur, de perte de mémoire, d'hypertension, de problèmes de foie et de problèmes caridaques. C'est tout ? Non : en plus, ça nous emmerde. Et c'est bien le plus grave.

La droite municipale genevoise (sauf le PDC, qui s'est souvenu que l'un des siens était membre du Conseil administratif) trouvait intelligent de refuser les comptes de la Ville de Genève pour l'année dernière, au motif qu'elle avait refusé le budget dont ces comptes sont la traduction, et qu'elle ne voyait donc pas pourquoi elle accepterait ces comptes, même si les comptes sont bien tenus, reflètent fidèlement la réalité des dépenses et des recettes de la commune, attestent que l'exécutif municipal a bien fait ce que le parlement municipal lui avait demandé de faire, et qu'il l'a fait en respectant les règles et les lois. Toutes conditions remplies par des comptes vérifiés par un contrôle interne et un contrôle externe. Or tout ce qu'on demande à des comptes, c'est précisément cette attestation de fidèlité à la réalité, et même s'ils devaient être refusés par le Conseil Municipal,  il seraient acceptés par l'autorité de surveillance, qui n'a aucune raison de faire un cadeau au Conseil administratif. Bon, finalement, une majorité (de gauche) a accepté les comptes 2014 de la Ville, contre une minorité de droite (PLR, UDC, MCG) grâce à l'abstention du PDC. On attend donc avec une impatience qui confine carrément à la fébrilité (non, on rigole, là) ce que « la droite municipale la plus bête du monde » va prendre comme posture quand elle devra choisir d'entrer ou non en matière sur un nouveau projet de budget 2016 : faire son boulot de droite et proposer des amendements de droite à un budget de gauche, ou attendre béatement que le Conseil administratif de gauche fasse le travail de la droite à la place de la droite, en présentant le budget eque la droite est incapable de concevoir elle-même...

On est tombé sur le canard électoral du MCG (ben ouais, c'est notre problème de papivore, des fois on lit n'importe quoi), et sur cette page autosatisfaite , sous le titre « Avec le MCG du concret »  (sans virgule, ce qui suggère l'existence d'un MCG du non-concret) et cette phrase : « il est impossible de décrire sur une page toute l'activité déployée par le MCG à Berne » . En effet : une page ne sert à rien, une ligne suffit : « le MCG a fait, depuis le strapontin de son luminescent président, un peu de bruit que personne n'a écouté mais qui le satisfait entièrement », au point de vouloir pour son conducator un deuxième strapontin pour faire encore un peu plus de bruit que personne n'écoutera non plus mais qui le satisfera encore plus.

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