Fonds de tiroir


Le refus du PDC genevois de s'allier au MCG et à l'UDC pour soutenir la candidature de Benoît Genecand au Conseil des Etats, et l'expression de ce refus par le président des démo-chrétiens, a suscité la colère du député MCG Carlos Medeiros, dit Medor, qui a traité Sébastien Desfayes de « petit ignare connaissant autant la stratégie politique que mon chien ». Au fond, ce n'est pas Medor que les démo-chrétiens de la Ville auraient dû contribuer à faire élire à la présidence du Conseil Municipal, c'est son clebs. Aboiement pour aboiement, autant se farcir ceux du médor de Medor...

Une belle crise de nerf collective de la droite genevoise a donc commencé, au lendemain du premier tour de l'élection des représentants de Genève au Conseil des Etats, par une convocation du PLR et du PDC par l'UDC (et le MCG) à un petit dej' destiné à consacrer une liste unique de la droite et de sa droite, face à la liste unique de la gauche. Le PDC avait alors déjà retiré son candidat, Lorétan, au profit du candidat PLR, Genecand. Mais il n'entendait pas le moins du monde (on parle du PDC cantonal, donc, pas de son excroissance municipale) se coltiner l'UDC et le MCG dans une alliance formelle. Du coup, le Conducator du MCG dénonce l' « arrogance » du PDC (le PDC, arrogant... n'importe quoi...) et décide  « pour que ces idioties cessent » d'en inventer une nouvelle : être candidat après avoir décidé de se désister au profit de l'UDC Nidegger. L'UDC dénonce de son côté le « sectarisme des dirigeants actuels du PDC et du PLR »  (alors que le PLR en voulait bien, lui, de l'alliance avec l'UDC) et affirme que l'élection d'un candidat de droite au scrutin majoritaire « est impossible sans l'UDC », le président du PDC réaffirme qu'« aucune confiance ne peut être accordée à ces guignols »  (l'UDC et le MCG, donc...) et des caciques du PLR (Zweifel, Aellen, Zaugg, Lüscher) font état publiquement de leurs regrets d'une «occasion manquée»  par la droite genevoise, « la plus bête du monde ». La plus bête du monde ? C'est beaucoup de prétention, camarades. Mais la plus marrante, en l'occurrence, sans doute.
Pour le reste, et vous convaincre de votre choix électoral, vous pouvez visionner le clip de campagne de la gauche genevoise (avec la participation bénévole, mais efficace, des caciques de la droite) pour l'élection du Conseil des Etats sur
http://www.lemanbleu.ch/replay/video.html?VideoID=28150

Et pour ceux que les genevoiseries électorales fatiguent, ce petit rappel vaudois : l'UDC a refusé de soutenir le candidat du PLR au Conseil des Etats, Olivier Francais. parce que le premier des « viennent ensuite » sur la liste PLR au Conseil national, Fathy Derder (qui accèderait donc au parlement si Olivier Francais, élu au Conseil National, était élu au Conseil des Etats) a eu des mots méchants sur l'UDC. Et donc pisque c'est comme ça et que Derder il nous aime pas, on votera pas pour Français, na ! Et tant pis (enfin... tant mieux...) si ça favorise l'élection des deux candidats de gauche, la socialiste Géraldine Savary et le Vert Luc Recordon. A quoi ça tient, les choix politiques, hein... Alors, les Genevois, toujours persuadés pouvoir être gratifiés de la «droite la plus bête de Suisse»  (version Nidegger) voire «du monde» version Stauffer ? On peut pas partager avec les voisins vaudois ? Cette arrogance boudelacustre est décidément insupportable.

Débat (enfin... si on peut qualifier ça de débat) sur l'Usine au Conseil Municipal de Genève. La droite canonne le centre culturel alternatif à l'arme lourde, le Conseiller administratif Sami Kanaan défend l'Usine, le MCG accuse Sami Kanaan d'être « subversif »  (dans la bouche d'un MCG, c'est une injure). Bon, ben pisque c'est comme ça,  désormais, on ne l'appellera plus que le Che Kanaan...

Lors du premier tour de l'élection au Conseil des Etats, les deux candidats de gauche étant sortis en tête devant tous les autres, la  « Tribune de Genève »  a attentivement examiné les résultats respectifs de la socialiste Liliane Maury Pasquier, sortie première, et du Vert Robert Cramer, qui la suit de 3000 voix. Premier constat : Liliane obtient quatre point de plus (35 %) que le total des votes PS et Verts, et est deux fois et demi plus souvent ajoutée à un-e candidat-e d'ensemble à gauche que Bob (les deux obtenant un même pourcentage de leurs suffrages auprès de l'électorat PDC et PLR). Deuxième constat: le ticket de gauche arrive évidemment en tête dans les arrondissements et les communes de gauche, mais aussi dans des communes de droite (Presinge, Puplinge, Chancy) et auprès des Suisses de l'étranger (qui votent d'habitude plutôt à droite), et, au total, dans vingt des 45 communes genevoises. Troisième constat : les candidats PDC et PLR ne font pas le plein de l'électorat de leurs partis : alors que l'Entente capitalise 35 % des suffrages lors de l'élection du Conseil national, le candidat PLR, Genecand, n'en obtient que 28 % lors de celle du Conseil des Etats, et le candidat PDC Loretan que 25 %. Et non seulement le duo PLR-PDC n'arrive pas en tête dans plus de communes que le duo PS-Vert, mais les communes où il dépasse la gauche sont moins peuplées que celles où la gauche le dépasse (dont les principales villes du canton), et il est même dépassé par l'UDC à Vernier, Onex et Meyrin. Enfin, et c'est l'élément fondamental de l'analyse, celui qui nous fait cultiver un optimisme de cep quant au résultat du deuxième tour, Robert Cramer  « confirme sa bonne implantation dans le vignoble genevois, puisqu'il arrive en tête à Dardagny, Russin, Laconnex et Meinier, et deuxième à Satigny, pourtant vieux fief radical ». Ben ouais, quoi : se construire une base solide et l'entretenir, c'est le B-A-BA du politicien.

L'institut Sotomo a tenté de mesurer l'« instablité électorale » induite par les électrices et les électeurs qui ont changé de parti (c'est-à-dire de vote pour un parti) entre les élections au Conseil national de 2011 et celles de cette année. Résultat : le passage le plus important est celui de 3400 électrices et d'électeurs Verts au PS (en sens inverse, 1600 électrices et électeurs socialistes de 2011 ont voté Vert en 2015), suivi du passage d'électrices et d'électeurs du PLR à l'UDC. Bref, ça bouge, mais essentiellement à l'intérieur des camps (gauche, droite), dans le cadre d'un glissement à droite, qui à Genève a essentiellement profité au PDC et au PLR, mais a été tempéré par un léger renforcement du PS. Bon, vous nous direz qu'on s'en doutait un peu, de tout ça,  mais si on ne faisait que des sondages qui puissent réellement nous apprendre quelque chose, la plupart des instituts de sondage mettraient la clef sous la porte, et bon nombre de politologues devraient se trouver un autre boulot.

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