Fonds de tiroir


Face à la grève de la fonction publique, la semaine dernière, les réactions et les prises de position des partis politiques ont respecté les lignes du clivage gauche-droite : la gauche a soutenu le mouvement, la droite l'a condamné. On était dans l'ordre des choses et des discours... à une exception près : le MCG. Non pas qu'il fut « ni de gauche, ni de droite » comme il aime encore se dire : il fut à gauche, à droite, au milieu, ailleurs et nulle part tout à la fois, ses pontes (Eric Stauffer, Roger Golay...) disant tout et son contraire : Gominator qualifie les grévistes manifestant d'« enfants gâtés en promenade » ? Luminator « soutient le mouvement des fonctionnaires » ... Roger Golay dénonce : « il y aura bientôt plus de dirigeants que d'exécutants à l'Etat»  ? le député Jean Sanchez noie le (gros) poisson : « on ne peut pas généraliser ». Sanchez précise que « le débat de fond n'a pas encore eu lieu au sein du parti » ? Son luminescent président affirme la « clarté et l'unité de la ligne du parti ». Ouais, même qu'elles crèvent les yeux.

Conseil Municipal de la Ville de Genève, mardi dernier, heure des questions : un MCG interroge le Conseil administratif sur la manif de soutien à l'Usine. On s'attend au pire, on n'est pas déçu : l'imbécile compare les quelques tags laissés par la manif au gigantesque pogrom nazi de la « nuit de cristal » lors de laquelle, du 9 au 11 novembre 1938, deux cents synagogues et lieux de culte juifs furent détruits, 7 500 commerces et entreprises exploités par des Juifs saccagés, une centaine de juifs assassinés, des centaines d'autres poussés au suicide ou décédés des suites de leurs blessures et près de 30 000 déportés en camp de concentration : au total, le pogrom et les déportations qui le suivirent causèrent la mort de 2 000 à 2 500 personnes. Ce petit rappel historique passera certainement largement au dessus de la tête de l'abruti èmecégiste. Disons qu'il aurait pu servir seulement à mesurer la profondeur de son abrutissement, s'il n'était insondable.
Le PS a réagi par un communiqué, se disant « convaincu que le bureau du Conseil municipal prend toute la mesure de la gravité des propos tenus et demande au Président, plus haut représentant du Conseil municipal de notre ville et garant du respect des valeurs de notre République, d’intervenir afin que le MCG présente ses excuses lors de la prochaine séance du Conseil municipal ». Ah ben sûr que si Médor le lui demande, le MCG présentera ses excuses. Il a l'habitude. Sauf que d'habitude, c'est Poggia qui le fait pour lui.

Y'a pas que l'Usine qui est victime de la stupidité bureaucratique : y'a aussi les abris d'urgence que la Ville ouvre depuis 2002 dès que l'hiver s'annonce (1290 personnes en ont bénéficié l'année dernière et au début de cette année): sur les 200 places mises à disposition chaque année pour les sans-abri dans les abris des Vollandes, des Pâquis, du 31-Décembre et de Richemont, une révision des normes de sécurité incendie, communiquée très tardivement, à quelques jours de l'ouverture des abris, en a fait perdre plus du tiers. Est-ce que quelqu'un pourrait nous rappeler quand Courteline et Boulgakov ont été élus au Conseil d'Etat ? Parce que nous, on s'en souvient pas.

Il y a dans le canton de Genève des communes où on sait museler les oppositions (de gauche). Pas comme en Ville de Genève, donc. Et le modèle de ces communes politiquement bien gérées, c'est Chêne-Bougeries, où le Conseil administratif (deux PLR sur trois élus, ce qui explique beaucoup de choses) a édicté une directive interdisant toute relation directe entre des fonctionnaires et des conseillères ou conseillers municipaux. Les employés municipaux ne peuvent désormais plus « recevoir des demandes provenant directement du Conseil municipal ». Plus moyen, donc, pour les élus de s'informer directement sur les conditions de travail de la fonction publique locale. Et pour plus de sécurité, le Conseil administratif (ou plutôt les deux PLR, dans le dos du troisième Conseiller administratif, un Vert) veut que le Conseil municipal lui soumette son ordre du jour. Quant à la directive posant ces deux exigences, il aura fallu pour pouvoir en prendre connaissance que le Conseiller administratif Vert et que le président du Conseil municipal (Vert aussi) invoquent la loi cantonale qui garantit l'accès aux documents publics. Comme quoi, si vous voulez en revenir aux jolis temps staliniens, c'est pas sur la gauche de la gauche qu'il faut compter : c'est sur le PLR.

Gominator est très colère. Parce que Gominator a un magasin de cigarettes électroniques, qui a été tagué une nuit où les défenseurs de l'Usine manifestaient contre l'offensive visant le centre culturel alternatif. Alors pour Vaporetor, y'a pas l'ombre d'un doute: c'est l'Usine qui a tagué son magasin. Alors il a porté plainte contre l'Usine. Mais pas seulement : il a aussi porté plainte contre Sami Kanaan, parce que le Conseiller administratif soutient l'Usine. Limpide, mais insuffisant. Parce qu'il y a aussi 37 conseillères municipales et conseillers municipaux qui soutiennent l'Usine, et leurs partis (le PS, les Verts, Ensemble à Gauche), et des milliers de citoyennes et yens genevois, signataires d'une pétition de soutien à l'Usine, et des centaines d'actrices et d'acteurs, de créatrices et créateurs culturels genevois. Il va avoir du boulot, Querulator, à déposer plainte contre tout ce monde. Et ça va en faire, du papier de chiottes au Palais de Justice...

D'après la police belge, les djihadistes responsables des attentats parisiens de vendredi dernier communiqueraient entre eux grâce au service chat de la Playstation Sony. On savait déjà que les jeux vidéos pouvaient rendre très con. On apprend donc qu'en plus, ils peuvent rendre très dangereux.



Commentaires

Articles les plus consultés