Budget de la Ville de Genève : L'action sociale aussi est frappée


La droite coagulée ne s'est pas attaquée qu'au seul budget culturel de la Ville de Genève, cette semaine,  si elle en a fait sa cible principale. S'attaquant à toutes les subventions, et toutes les lignes de fourniture, elle s'est aussi attaquée au budget de l'action sociale. Le CAPAS (collectif d'associations pour l'action sociale), qui regroupe 34 associations accordant à plus de 88'000 personnes des prestations de toute nature (de la distribution de seringues, la vaccination et les soins de santé primaire au repas et à la réinsertion professionnelle), sonne l'alarme : ces prestations sont en augmentation constante (comme le nombre de leurs bénéficiaires) depuis des années, sans que les subventions aient suivi. Mais maintenant, non seulement elles ne suivent plus l'augmentation des besoins, mais il faudrait qu'elles reculent ?  Qu'est-ce qui va en souffrir ? le soutien aux familles et aux adultes en situation précaire, les mesures d'insertion sociale et professionnelle, le soutien aux personnes atteintes dans leur santé psychique, le suivi des jeunes déscolarisés, l'intégration des migrants et des marginaux...

Des gens de peu, des gens de trop


L'opération budgétaire de cette semaine en Ville de Genève peut se parer de tous les prétextes possibles et imaginables, elle n'est qu'une démonstration
de force arithmétique et de faiblesse politique -de force arithmétique qui tient à la coalition de quatre groupes parlementaires disposant, en s'additionnant, de 43 des 80 sièges du Conseil municipal (mais ils en disposaient déjà de 41 dans le Conseil municipal élu en 2011), de faiblesse politique qui tient à l'absence de tout programme crédible, et à la vacuité des critiques adressées à l'exécutif municipal (ou à ses quatre cinquièmes si on ne compte pas le vacataire de droite), et plus particulièrement à la responsable socialiste des Finances, quand même une agence de notation comme Standard & Poors, gardienne parmi d'autres du temple libéral (et de ses marchands), qualifie de "fortes" la "gouvernance" et la gestion financières de la Ville et sa "situation de liquidités" d'"adéquate". Peu importe, d'ailleurs, ce genre de verdict, venant d'où il vient : l'offensive de la droite coagulée, n'a pas plus de raison empirique et pragmatique qu'elle n'est constitutive d'un programme politique, ni soucieuse de ses conséquences sur ceux qu'elle prend en otage.

Sa faiblesse politique ne rend cependant pas moins dangereuse l'offensive de la droite municipale, relayant celle de la droite cantonale, elle-même relayant celle de la droite fédérale, contre les engagements culturels et sociaux des collectivités publiques. Car c'est bien de cela dont il s'agit : pas seulement de raboter des budgets en récitant les mantras de l'"équilibre", de la réduction de la dette et des restrictions de dépenses, mais surtout de libérer un maximum d'espace pour la transformation des droits sociaux en marchandises productrices de profits pour des entreprises à qui on les aura affermés, après avoir fait tout ce qu'il était possible de faire sans susciter d'opposition massive pour rendre les services publics incapables d'assumer efficacement leurs missions. Dans le champ culturel, cela se traduit par la concentration des moyens publics sur quelques grandes institutions prestigieuses, mais dont on sait qu'elles ne seront jamais ni rentables, ni durables sans que les fonds publics y pourvoient. Dans le champ social, cela se traduit par l'affaiblissement du soutien au secteur associatif, en particulier dans les domaines où les populations aidées ne sont pas perçues par l'opinion publique comme des victimes : on ne s'attaquera pas directement, frontalement, aux droits sociaux des handicapés ou des vieux, mais aux associations d'aide aux toxicomanes, aux homosexuels, aux immigrants illégaux, et à t
outes les actions en faveur de gens de peu. De gens de trop, surtout. 
Et le CAPAS avertit : les mesures budgétaires imposées par la droite, en mettant en danger ces prestations et en reportant des prises en charge urgentes, auront "des effets néfastes sur la sécurité de notre ville. (...) de plus en plus de personnes seront laissées pour compte, n'ayant pas d'autre moyen que de recourir à des moyens illégaux pour survivre". Elle aura l'air de quoi, alors, la droite coagulée, quand elle demandera un renforcement des effectifs de la police pour faire face à ce basculement dans la délinquance ? De ce qu'elle est : d'une bande de pompiers pyromanes qui, sous prétexte d'anticiper des pertes de recettes fiscale qu'eux-mêmes s'apprêtent à provoquer, s'attaquent aux services publics, aux associations, aux lieux et aux acteurs culturels -et même aux institutions culturelles, pour punir le Conseil administratif, et chacun-e de ses quatre magistrats de gauche, de ne pas être le Conseil administratif, le magistrat, la magistrate que la droite coagulée souhaiterait.

C'est, au modeste niveau d'une municipalité (celle de la deuxième ville de Suisse), à cette politique autant qu'aux méthodes employées pour la concrétiser, que nous allons opposer l'arme du référendum, contre des coupes budgétaires de toute évidence destinées à affaiblir la capacité d'une collectivité publique, la commune, d'assumer son rôle premier : la concrétisation, la matérialisation de droits hautement proclamés par les textes constitutionnels et légaux, mais qui n'ont de réalité que si la collectivité publique, précisément, et celle-là en particulier, leur en donne.
Vive la Commune !

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