Dans notre calendrier de l'Avent : La grève et le Bien public


 
On avait, mardi, ouvert la première fenêtre de notre calendrier de l'Avent. Et dans cette fenêtre il y avait une grève et une manif.  Et dans le deuxième fenêtre, hier, il y avait aussi une grève et une manif. Et aujourd'hui encore, une grève et une manif.  Faut dire que notre calendrier de l'Avent, c'est une version de gauche, avec des grèves et des manifs, des débats sur la culture et les budgets publics, un projet de Nouvelle Comédie, un soutien à l'Usine, tout ça, mais pas l'ombre d'un sapin, pas la fumerolle d'une bougie, rien qui ressemble à une crèche. Mais une grève et des manifs. Du mouvement de la fonction publique (et parapublique, et des acteurs de la culture) on a déjà écrit ici et ailleurs qu'il ne défend plus seulement le statut de la fonction publique, les droits des fonctionnaires, les conditions de travail dans le secteur social ou les subventions à la culture, mais désormais le service public en tant que tel, et qu'ainsi, la grève de la fonction publique est finalement une grève pour les usagers du service public -une grève pour le Bien public, en somme. Tout à fait à sa place dans un calendrier de l'Avent, donc.

"C'est pas la dette qu'il faut maîtriser , c'est la DEDD"

L'Assemblée du personnel de la fonction publique a décidé, en pleine conscience du risque couru de voir le mouvement s’essouffler, de reconduire la grève entamée le 1er décembre : le comité unitaire considère en effet que "seule une mobilisation massive permettra d'arracher des concessions au Conseil d'Etat", qui semble incapable de même concevoir pouvoir en faire, et dont la seule réponse audible depuis quatre jours est de tenter de minimiser le mouvement auquel il fait face.

Economiser 140 millions de francs en 2016, réduire la masse salariale, les dépenses générales et les subventions de 5 % en trois ans, bloquer les postes pendant un quart de siècle (au moins), sans tenir compte de l'augmentation constante de la population du canton (0,6 % par an : faites le calcul vous-mêmes pour 25 ans...), supprimer des postes ici (dans les écoles, la santé, les services sociaux) pour compenser la création de postes là (la police, les prisons...), et s'apprêter à baisser le taux d'imposition de toutes les entreprises pour pouvoir augmenter, un tout petit peu, celui des multinationales, voilà ce que propose le gouvernement d'un canton qui à lui seul abrite 40 % des milliardaires résidant en Suisse... Quant au "personal stop" linéaire voté par la droite du Grand Conseil, contre l'avis du Conseil d'Etat, l'ancien conseiller d'Etat (radical) Guy-Olivier Segond l'a qualifié comme il convient de "pure imbécilité" (encore que sa  "pureté" soit contestable). Ajouter un blocage des postes au frein à l'endettement et au frein au déficit qui existent déjà ne peut mener qu'à une dégradation des prestations, en qualité et en quantité.
La population augmente constamment, la part de la population âgée aussi, les besoins en équipements publics, en personnel public, en services publics augmentent donc forcément aussi -croyez-vous que cela impressionne les comptables qui nous gouvernent ? que nenni. Ce qui les impressionne, c'est la dette. Qu'ils ont eux-même creusée et qui les impressionne comme la fosse impressionne le fossoyeur. Alors, au bord de la dette, ceux qui l'ont creusée (diable ! il faut bien emprunter pour construire des prisons...) font tourner leur moulins à prière budgétaire et récitent leur mantra : . Et nous appellent à psalmodier avec eux leur mantra  "Il faut réduire la voilure et changer de paradigme tout en allant de l'avant, mais en marche arrière".

On ne psalmodiera pas avec eux. D'abord parce qu'on n'aime pas psalmodier. Même en ouvrant les fenêtres de notre calendrier de l'Avent de gauche. Ensuite, parce que si on devait psalmodier quelque chose, on choisirait quelque prière plus fraîche et plus franche : "C'est pas la dette qu'il faut maîtriser , c'est la DEDD". La Droite Elargie, Distendue et Dilatée. Et sourde aux protestations que ses choix, ou ses non-choix, suscitent, non seulement au sein de la fonction publique, mais désormais bien au-delà.

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