Fonds de tiroir


Oualà, c'est confirmé, on sera fichés en 2016. Bon, on l'était déjà, mais là, on le sera une fois de plus, dans le grand registre national des resquilleurs, qui contiendra (nous dit l'ATS) nos noms, prénoms, dates de naissances, lieux d'origine, adresses et autres données nécessaire à notre identification. C'est informations seront, c'est promis, juré, croix de bois chemin de fer, effacées après deux ans si le resquilleur (ou la resquilleuse, si, si, y'en a) a payé son dû, mais sinon elles pourront être gardées pendant dix ans. C'est bon  de savoir que notre souvenir gît quelque part. Même si c'était déjà le cas, vu que depuis 2006 un registre des resquilleurs existait déjà, mais moins complet. N'empêche qu'en 2014, on avait été 490'000 à s'être fait gauler sans titre de transport (qu'on l'ait oublié ou qu'on soit un vrai de vrai de la resquille. 490'000, dis donc, c'est quasimebnt la population du canton de Genève, ça... Cé qué l'é nô...

Les résultats du premier tour des récentes élections régionales françaises avaient inquiété des catholiques, qui avaient appelé les électeurs chrétiens à "faire barrage" au Front National, et se sont dit attristés, comme le jésuite Henri Madelin, par le "silence de l'épiscopat". Selon un sondage IFOP, 32 % des électeurs se disant catholiques ont voté FN au premier tour, soit une proportion supérieure à la moyenne nationale de 28,4 %. Chez les catholiques pratiquants, le vote FN est passé de 9 % en mars (élections départementales) à 24 % en décembre (élections régionales). Le quotidien catho "Pélerin" s'alarme : "la digue catholique s'écroule"... La "digue catholique", quelle "digue catholique" ? Pas besoin de remonter jusqu'à la Sainte Ligue pour constater la permanence d'une tradition d'extrême-droite dans le catholicisme français : le quotidien catho "La Croix" se flattait ainsi d'être "le plus antisémite de France", et une bonne partie de la hiérarchie catholique bénissait Pétain (et la collaboration) sous Vichy... La digue, la digue, la digue du... quoi, déjà ?

Le journal évangélique « Quart d'heure info » pose, dans son édition « tous ménages » de noël, une bonne question : « Où était Dieu lors des attentats de Paris », en novembre dernier ? Une bonne question qui avait déjà été posée par Voltaire après le tremblement de terre de Lisbonne, puis par nombre de philosophes après la Shoah : « Où était Dieu à Auschwitz ? »  Avec les victimes ou avec les bourreaux ? Ou en simple témoin ? Le canard évangélique laisse le théologien (évangélique aussi, on reste en famille) Louis Schweitzer répondre, à propos des attentats de Paris : Dieu « était là, comme il est là depuis le début de l'histoire, au milieu des horreurs que les hommes accomplissent », car « Dieu n'est pas absent quand le mal arrive », mais comme il « l'a laissé coexister avec le bien » et laissé les hommes choisir entre l'un et l'autre, il peut dégager sa responsabilité, Dieu : si le mal existe, c'est pas de sa faute, c'est le libre arbitre. Comme quoi on peut être éternel, omniprésent, tout-puissant et tout de bonté, tout en étant un sacré (c'est le mot) hypocrite. Bref, à Paris comme à Auschwitz, Dieu était là, nous dit le théologien. Et il faisait quoi ? il comptait les morts. Voilà. Rien de tel qu'un bon théologien bien évangélique pour conforter notre athéisme. S'il était besoin.

On veut croire, bêtement, que la mobilisation villageoise contre l'installation de requérants d'asile dans leur bled était une spécialité rupestre, un rite de ploucs, une tradition de culs-terreux de la Suisse profonde... et puis voilà que nous cassent nos heureuses illusions la levée de boucliers de parents d'élèves de Lully, un chti village de la commune de Bernex, à dix kilomètres du centre de Genève, contre l'installation d'une cinquantaine de réfugiés dans l'abri PC de l'école. Avec les mêmes fantasmes, les mêmes phobies, les mêmes lieux communs racistes qu'à Trifoullis-les-Oies. Le directeur de l'Hospice Général a bien tenté de rassurer les « parents d'élèves » (des Genevois moyens, donc, pas le restant plouc de la colère du dieu des paysans) avec des arguments à leur portée (des agents de sécurité seront présents dans l'abri, la gendarmerie et la police municipale feront des rondes), rien n'y a fait : les autorités ont eu droit à toute la série des angoisses reptiliennes : «qui va assurer ma sécurité face à cinquante hommes ? »... « Devra-t-on faire vacciner nos enfants ? »... contre la connerie de leurs parents, il faudrait, oui, si un vaccin était disponible... Hélas (trois fois)...

Le référendum lancé par l'« Alliance contre l'Etat fouineur » contre la nouvelle loi sur le renseignement a abouti. Le bon peuple votera donc sur une loi dénoncée par les référendaires (dont la Jeunesse Socialiste) comme ouvrant la voie à un « Etat fouineur », en élargissant au-delà du nécessaire et de l'acceptable les pouvoirs des services de renseignement de la Confédération. En période de délires sécuritaires, Un référendum comme ça, ça fait du bien par où ça passe...


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