Fonds de tiroir


En juin dernier, la droite coagulée du Conseil Municipal de Genève élisait, à la présidence dudit Conseil, le MCG Carlos Medeiros. Qui promettait alors qu'il allait s'abstenir de régler ses comptes sur Facebook et d'insulter, comme il en avait coutume, ses adversaires. Résultat six mois plus tard: Médor traite le Conseiller municipal socialiste Sylvain Thévoz de « Trou du cul », le m,enace physiquement et appelle à descendre dans la rue en armes pour lutter contre la « racaille subventionnée » (les cultureux alternatifs, donc). Bref, le naturel revient au galop. Une trentaine de conseillers municipaux PS, PDC et PLR (dont certains avaient contribué à l'élection de Médor à la présidence du Conseil Municipal...) et de députés PS, Verts, PDC et PLR ont interpellé le Conseil d'Etat, et les Verts de la Ville de Genève qui n'ont pas signé le courrier en question (qu'ils jugent trop « moralisateur »), ont interpellé la surveillance des communes, qui dépend du département présidentiel du Conseil d'Etat. Lequel Conseil d'Etat avait adressé en octobre 2013 à tous les conseils municipaux, en demandant qu'elle soit lue en séance, une lettre leur rappelant l'« obligation de bienséance et de retenue » des Conseillers municipaux, et qu'il est « répréhensible (...) de proférer des menaces ». Le gouvernement cantonal s'était heureusement abstenu de donner le Grand Conseil en exemple de «retenue» et de cette « bienséance » de celles et ceux qui y siègent, ça aurait un peu affaibli le message. Qui est donc lourdement tombé dans l'oreille d'un sourd présidant le Conseil municipal.

Les deux initiatives populaires cantonales lancées par la Maison des Associations, l'une pour financer son agrandissement et l'autre pour rembourser sa dette (due aux travaux d'assainissement des bâtiments) ont abouti, sous réserve de la vérification des signatures (la marge est faible entre le nombre de signatures valides exigées, soit 7403, et le nombre de signatures récoltées, soit respectivement 9282 et 8847). Elles seront donc soumises au Grand Conseil, qui va certainement, vu sa composition politique, les refuser, et donc ensuite au peuple, dans une votation  qu'il sera difficile de gagner. Mais la Maison des Associations vaut la peine de ce combat difficile : logeant plus de 60 associations, proposant onze salles de conférence et accueillant chaque année 1500 événements, elle est un élément essentiel du dispositif genevois, y compris de celui de la « Genève internationale ». Or la MdA est très à l'étroit et, ouverte il y a quinze ans, ne plus plus sans être agrandie répondre aux demandes d'accueil qui lui sont faites. La première initiative demande donc au canton de financer son agrandissement, pour 16,5 millions de francs, en créant (dans des bâtiments qui, précisément, appartiennent au canton) quatre salles de conférence et trente bureaux supplémentaires, ainsi qu'une quinzaine de logements étudiants. La deuxième initiative demande au canton de prendre à sa charge le solde, soit 2,2 millions de francs, de la dette contractée pour financer l'assainissement des bâtiments, et pour laquelle la Fondation pour l'expression associative, qui gère la MdA, débourse chaque année un quart de million.

C'est fou ce qu'il y a à Genève de gens qui se préoccupent des «Fêtes de Genève»... Un comité d'initiative « pour des Fêtes de Genève plus courtes et plus conviviales », GenèveTourisme (qui organise les Fêtes), le Conseil administratif (qui mandate Genève Tourisme), et maintenant un groupe de réflexion pour des « Fêtes autrement » qui propose de «construire des bases participatives, culturelles, durables et innovantes » (il manque « transversales » et «multiculturelles»...) pour « le futur des Fêtes de Genève ». Et de proposer à Genève Tourisme et à la Ville des pistes de travail pour un « élément identitaire, rassembleur » remplaçant l'actuel « espace de consommation » dont l'intérêt n'est mesuré qu'à ses 120 millions de francs de retombées dans l'économie locale. Le groupe propose de maintenir la fermeture des quais à la circulation, de garder la course des garçons de café, la parade du lac et le feu d'artifice, de les compléter avec des activités sportives et créatrices, des manèges non motorisés, des stands « inscrits dans une vraie démarche paysagère » et ouverts à la production artisanale locale, et des «installations éphémères innovantes», en encadrant tout ça par des médiateurs pour favoriser la mobilité douce, limiter les nuisances sonores et inciter au compostage. On en salive déjà, de ces fêtes politiquement correctes. Et en attandant, on va se repasser « Jour de Fête » de Tati...

L'ordre va enfin régner au sein des partis politiques suisses, nous informe « Le Courrier » du 4 janvier. Parce qu'il n'y régnait pas, l'ordre ? Vous ne vous étiez pas aperçu que c'était carrément le boxon, l'anarchie ? Heureusement, de sagaces analystes le révèlent en creux : selon deux politologues bâloises, les partis suisses sont devenus ces derniers 25 ans plus disciplinés, plus homogènes et plus professionnels. A contrario, ils étaient donc indisciplinés, hétérogènes et amateurs ? C'est surtout qu'avant, ils n'étaient guère que les faîtières de partis cantonaux qui faisaient ce qu'ils voulaient. Maintenant, les consignes viennent d'en haut dans 75 à 85 % des cas de votations fédérales et sont suivies dans 90 % des cas dans les cinq plus grands partis du pays (dans l'ordre : l'UDC, le PS, le PLR, le PDC et les Verts). Et si cette évolution, mesurée par une enquête menée en 2008 et 2014, se constate, c'est que l'UDC en a été l'initiatrice, à partir de sa blochérisation, les autres partis suivant pour ne pas être largués par leurs propres contradictions. Dans les cinq plus grands partis du pays (dans l'ordre : l'UDC, le PS, le PLR, le PDC et les Verts) règne une « Discipline de fer», titre « Le Courrier »... « discipline de fer», c'est peut-être un peu excessif, non ? Ou alors, de fer blanc. Un truc qui se peut tordre. En tout cas dans des partis démocratiques... Alors bon, déjà que l'engagement politique, c'est pas le paradis tous les jours, s'il faut que ça ressemble carrément à l'engagement dans la Légion, on ne donnera pas cher de la qualité du débat politique ces prochaines années... Enfin, heureusement pour nous, on ne sévit que localement...

Le référendum lancé par l'Asloca contre la modification de la loi sur les démolitions, transformations et reconstructions a abouti. On votera donc sur cette réintroduction de la funeste pratique (interdite depuis) des « congés-vente »  (achetez votre appartement ou quittez le !) au prétexte de permettre aux locataires d'un appartement d'en devenir propriétaire. Et jusqu'en 2018, il va falloir qu'on fonctionne comme ça : à coups de référendums pour bloquer les régressions que la majorité de droite du Grand Conseil tente d'imposer dans tous les domaines. Exaltant programme, non ?


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