12 objets soumis au vote populaire le 28 février : Ne pas oublier le plus urgent !


Dans le programme chargé des festivités votatoires du 28 février (12 objets à Genève -on est des privilégiés), quelques objets émergent du fatras médiatique, par des campagnes particulièrement vigoureuses. D'entre eux, celui qui suscite le débat le plus bruyant est sans nul doute la rénovation-extension du Musée d'Art et d'Histoire. Mais, outre qu'il faut avoir le privilège de résider en Ville de Genève pour pouvoir se prononcer décisivement sur cette proposition, ce débat le plus bruyant n'est ni le plus important, ni le plus symbolique, ni le plus urgent. Le plus important est certainement celui sur la délirante initiative udéciste de "mise en oeuvre" de la délirante initiative udéciste sur le envoi automatique des "criminels" étrangers. Et le plus symbolique est certainement celui sur l'initiative socialiste contre la spéculation sur les biens alimentaires... Quant au plus urgent, il est certainement la mise en votations, sur référendum de l'AVIVO, des syndicats et de la gauche, de deux "économies" que le Conseil d'Etat et la majorité du Grand Conseil entendent réaliser en faisant les poches des retraités, des invalides et des assurés-maladie.

Des économies risibles budgétairement, scandaleuses socialement et inacceptables politiquement.

Le 28 février, dans le menu gargantuesque des votations, deux objets cantonaux genevois renvoient au paquet d'"économies" que le Conseil d'Etat veut imposer -en les faisant, dans les deux cas, sur le dos (courbé) des rentiers AVS-AI. Economie espérées : 8 millions et demi de francs. En gros, un pour mille du budget cantonal.
Ces deux mesures ont été combattues par un référendum lancé par l'AVIVO, et soutenu par la gauche et les syndicats. Pour les référendaires, en effet, la situation financière du canton (l'un des derniers à être encore considéré comme "riche" dans le cadre de la péréquation financière intercantonale) ne justifie absolument pas qu'il s'en prenne aux plus vulnérables -en l’occurrence, les vieux et les invalides : les deux mesures d'"économies" (des économies de bout de chandelle pour l'Etat, mais pas pour ceux qui en feront les frais) consistent, l'une à réduire le subside d'assurance-maladie aux rentiers AVS et AI dont le revenu est à peine supérieur à la limite qui leur donnerait droit à des prestations complémentaires, l'autre à tenir compte partiellement de ce subside d'assurance-maladie (que les assurés ne touchent pas, puisqu'il va directement dans les caisses des assurances-maladie) dans le calcul du "revenu déterminant" le droit (ou non) aux prestations complémentaires cantonales, qui s'ajoutent aux rentes AVS et AI lorsque celles-ci sont insuffisantes à couvrir les besoins des rentiers (23'500 personnes touchent ces prestations complémentaires, 20'500 d'entre elles seraient touchées par la mesure proposée).

Ces mesures d'"économies" sont à la fois risibles budgétairement, scandaleuses socialement et inacceptables politiquement.
Risibles budgétairement, d'abord : l'"économie" totale réalisée ne serait que de 8,5 millions de francs, alors même que le canton touchera 11 millions de francs supplémentaires de la Confédération pour couvrir les subsides d'assurance-maladie et les prestations complémentaires.
Scandaleuses socialement, ensuite : les victimes de ces réductions constituent, pour la plupart d'entre elles, une partie importante de la population aux ressources matérielles les plus modestes.
Inacceptables politiquement, enfin : ces mesures d'"économies" ont été votées, au prétexte d'équilibrer le budget, par des  forces politiques qui ont refusé de voter ledit budget : les partis de droite (PLR, PDC, UDC, MCG). Il faut d'ailleurs croire que le Conseil d'Etat lui-même a conscience de la faute politique commise : il a mis plus d'un an pour soumettre au vote les deux mesures combattues par référendum. En espérant sans doute que les milliers de signataires des référendums allaient oublier qu'ils les avaient signés ?
Gageons qu'ils et elles ne l'ont pas oublié. Ni n'ont oublié à qui on a du de devoir se mobiliser contre des économies de bout de chandelles, réalisées en faisant les poches des moins bien lotis, faute d'avoir le courage de ponctionner un peu plus les hauts revenus, les grosses fortunes et les multinationales.

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