Fonds de tiroir


Interpellé par une trentaine d'élues et d'élus municipaux et cantonaux sur les propos (tenus sur facebook) du président du Conseil Municipal, le MCG Medeiros, qui injuriait et menaçait un conseiller municipal socialiste et appelait à la formation de milices armées pour régler leur compte aux manifestants « sauvages » pour la culture alternative, le Conseil d'Etat a répondu qu'il n'avait aucun pouvoir de sanction contre un Conseiller municipal, fût-il président du Conseil Municipal, et qu'il ne pouvait que l'appeler à « la retenue qu'impose la dignité de la fonction ». Ensuite de quoi, une résolution déposée par « Ensemble à Gauche », qui demandait à Medeiros de retirer ses propos ou de démissionner de la présidence, a été refusée par le Conseil Municipal. Dont on rappellera que c'est lui (c'est-à-dire le MCG, l'UDC, le PLR et le PDC, en bloc, avec l'apport de voix venant d'« Ensemble à Gauche », et l'abstention de la majorité des élus de ce groupe) qui avait élu, pour un an, Medeiros, contre la socialiste Martine Sumi... Bon, bref, l'enseignement de l'épisode, c'est -à l'encontre de ce que prêche le Conseil d'Etat, qu'un Conseiller municipal ne peut pas être sanctionné par une quelconque « autorité de surveillance » mais seulement, au moment des élections, par les électeurs. Et que donc tout nous est permis. Notez bien qu'on le savait déjà, et que ça nous arrangerait plutôt, finalement.

Rien qu'un édito et deux pleines pages dans « Le Temps », pour défendre les pauvres spéculateurs sur les denrées alimentaires, attaqués par les méchants jeunes socialistes.... Ils ont des actions dans l'agroalimentaire, au « Temps »  ?

Selon l'Organisation Internationale du Travail, 27 millions de personnes supplémentaires ont été exclues du «marché» (on ne s'y fera pas...) du travail en 2015, la « pénurie d'emplois décents incitera davantage de travailleurs à renoncer à chercher du travail », un milliard de travailleurs vivent dans la pauvreté, un milliard et demi ne disposent pas de protection sociale et 40 % des foyers les plus modestes vivent moins bien qu'avant la crise. Alors que les 62 personnes les plus riches ont vu leur richesse s'accroître de 44 % en cinq ans, selon l'ONG Oxfam.  Voila. Donc l'OIT fait campagne sans le dire pour le revenu de base ? Ben ouais.

Le PLR genevois lance un référendum. Si, si,... Et sur quel enjeu fondamental le PLR lance-t-il un référendum ? Sur le plafonnement à 500 balles de la déduction fiscale des frais de déplacement, ce qui, pour les radelibes, équivaut à une augmentation d'impôt. Mais que voila un noble combat pour un parti politique qui sait déceler les enjeux prioritaires... Bon, avec un peu de pot, l'UDC et le MCG soutiendront le référendum du PLR. Ce qui évitera aux radelibes d'aller récolter eux-mêmes des signatures  : la démocratie directe, c'est bien, mais quand on a de la main d'oeuvre pour faire le boulot.

Titre du « Courrier » du 26 janvier, après la conférence de presse du Conseil Administratif (et de François Longchamp) sur le projet de rénovation-extension du Musée d'Art et d'Histoire : le Conseiller administratif « Rémy Pagani ne défend pas la convention » entre la Ville et la fondation du partenaire privé du projet, Jean-Claude Gandur. Non, en effet, Rémy Pagani ne défend pas la convention. Ni ne la désavoue. En fait, il n'en dit rien. ça valait la peine de le mettre en évidence ? Faut croire. Et chaque fois qu'un magistrat municipal ou cantonal ne dira rien de quelque chose on mettra son mutisme en exergue ? Qu'est-ce qu'on va se marrer...

Dans un (long) papier confus sur «Islam et laïcité», paru dans « Le Temps », le président de l'Institut National genevois, Pierre Kunz, nous balance quelques solides confusions, agrémentées de quelques âneries frappées au coin du relativisme mollachu. Du genre : « il n'est donc pas possible, comme le prétendent certains, de faire avec les musulmans ce que les Etats laïques européens, Genève en particulier, ont fait au début du XXe siècle avec le catholicisme, le protestantisme et la religion juive ». Mais personne ne demande de faire quoi que ce soit avec «les musulmans», en confondant les croyants d'une religion, en tant qu'individus (« les musulmans ») avec cette religion en tant que telle (« le catholicisme, le protestantisme et la religion juive »)... Ce que « Genève en particulier » a fait au début du XXe siècle, c'est séparer les églises et l'Etat. Rien d'autre. Et puis, au titre des âneries, celle-ci, qui ravirait n'importe quel xénophobe : « les musulmans sont là, chez nous, parce que, pour une raison ou une autre, d'une manière ou d'une autre, nous les avons accueillis, et, au même titre que les autres étrangers, ils sont désormais nos concitoyens ». « Au même titre que les autres étrangers », ça veut dire quoi? Que les musulmans sont, par définition, étrangers parce que musulmans ? Et les Suisses musulmans, ils sont quoi alors ? Des faux Suisses ? Des faux musulmans ? Allez, on efface tout et on recommence à zéro le B-A-BA sur la religion et la laïcité...

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