Fonds de tiroir


Dans le paquet d'objets soumis au vote populaire le 28 février, y'en a plusieurs qui passent un peu inaperçus, vu le tintamarre qu'en suscitent d'autres. D'entre ces objets discrets, il y a celui, cantonal genevois, d'une modification de la constitution, qui prévoit de soumettre les comptes de l'Etat à une « révision externe », sans préciser si cette tâche devait être confiée à une fiduciaire privée ou à la Cour des Comptes (la Constituante s'était déchargée de la responsabilité de ce choix sur le Grand Conseil). La proposition soumise au vote, issue de la gauche du Grand Conseil, précise donc que « la révision des comptes de l'Etat est assurée par la Cour des Comptes», laquelle est disposée à le faire si on lui en donne les moyens humains (quelques postes supplémentaires) et a prouvé qu'elle était capable de le faire, en toute indépendance. On votera donc « oui » à cette proposition, issue de nos rangs.

Le MCG et l'UDC avaient, comme ils en ont le droit, fait convoquer une séance extraordinaire du Grand Conseil pour lui proposer la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la manif «sauvage» pour la culture alternative et son débordement par des « casseurs », le 19 décembre. Demande refusée par tous les autres partis, et expédiée à la poubelle, vu que la commission de gestion du Grand Conseil fait déjà le travail d'enquête demandé. Une séance pour rien, donc. Sauf financièrement : elle aura quand même coûté 20'000 balles au canton. On se permettra donc de ricaner doucement la prochaine fois que l'UDC et le MCG clameront leur volonté de « maîtriser les dépenses publiques ».

La « Tribune de Genève » nous rappelait, le 14 janvier, que les parlementaires fédéraux jouissent du privilège de donner à deux personnes de leur choix une carte qui leur permet d'entrer facilement au Palais fédéral et dans sa salle des pas perdus, là ousque zonent les parlementaires pendant les sessions. Et le quotidien nous détaille à qui les parlementaires genevois ont distribué ce sésame. Pourquoi n'est-on pas surpris que l'UDC Amaudruz en ait refilé un à un représentant du Centre patronal et l'autre udéciste Nydegger à un représentant des banquiers privés ?

L'UDC fait feu de tout bois pourri pour tenter de faire avaler sa puante initiative de « mise en oeuvre » de l'expulsion des « criminels étrangers» : dans une vidéo publiée sur Facebook, elle affirme d'abord qu'en Suisse 61 % des violeurs sont étrangers, alors que cette proportion ne correspond qu'aux individus accusés de viols après dénonciation à la police, et pas aux condamnés. Et elle donne ensuite quatre «exemples» à sa sauce pour corroborer son propos. Sur ces quatre exemples, trois sont ceux de cas où les violeurs n'ont pas été arrêtés, et où on ne connaît pas leur nationalité (on sait seulement qu'ils ne parlent pas bien allemand et qu'ils ont la peau mate). Mais la secrétaire générale de l'UDC a pondu un  argument choc : on ne sait pas si le violeur est étranger, «mais on ne sait pas non plus s'il est suisse». Donc l'UDC a décidé qu'il était étranger. Forcément. Parce que les étrangers, c'est des bêtes. Forcément. Puisqu'ils sont étrangers, les étrangers. Prenez patience, les gars et les garces, ça va continuer comme ça, à descendre dans les bas-fonds d'une argumentation de merde, jusqu'au 28 février. 

Les socialistes ont déposé au Conseil Municipal de la Ville de Genève une motion demandant qu'une fois par semaine un repas sans viande soit servi dans les crèches, less cantines et les restaurants scolaires de la Ville. Et la présidente de la Fédération des restaurants scolaires, la Verte libérale (mais nettement plus libérale que verte) Sue Putallaz n'est pas contente: « imposer une exigence de plus aux cuisiniers n'est pas la priorité ». Que ça ne soit pas « la priorité », on peut être d'accord... mais est-ce que c'est une raison pour que les chti nenfants n'aient pas droit (et non obligation), une fois par semaine, à ce à quoi les détenus de Champ-Dollon (et de quasiment toutes les prisons de Suisse) ont droit quand ils veulent ?

L'Hospice Général, chargé de l'hébergement des requérants d'asile à Genève, a prévu d'installer à cette fin des habitats temporaires (un « village »  de containers aménagés) sur le site de Belle-Idée. C'est-à-dire celui de l'Hôpital psychiatrique universitaire de Genève. L'une des pointes du triangle formé par l'hôpital de gériatrie, l'hôpital de pschiatrie et la prison de Champ-Dollon. L'UDC de Thônex lance une pétition contre cette installatiion de réfugiés dans un quartier si accueillant. C'est vrai, ça, héberger des réfugiés entre des frapadingues, des grabataires et des délinquants, ça fait tache dans le paysage.

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