Fonds de tiroir


Il eût été surprenant, et somme toute inquiétant, que la crise du logement qui frappe Genève depuis des années ne s'invite pas au menu des votations du 28 février. Elle s'y invite, à cause) d'une modification de la loi sur le logement. La Constitution genevoise garantit le droit au logement et impose à l'Etat de prendre les mesures nécesaires pour permettre à toute personne et toute famille de trouver un logement approprié à des conditions financières supportables. Avec un taux de vacance (proportion de logements disponibles sur le total des logements) de 0,41 %, des loyers moyens de plus de 1400 francs pour des appartements en loyer libre, une augmentation des loyers de 12 % en 10 ans pour les logements vacants et une proportion de logements d'utilité publique inférieure à 10 % du parc locatif alors que la loi impose une proportion de 20 % le moment est particulièrement mal choisi pour péjorer encore plus la situation des locataires. Or c'est précisément ce que ferait, si elle était acceptée par le peuple, la modification de la loi sur le logement, votée par la majorité de droite coagulée du Grand Conseil : elle réduirait à la fois l'accès aux logements sociaux et les allocations permettant aux moins aisés de s'acquitter de leur loyer, alors que le cumul de ces allocations avec d'autres aides financières (les prestations complémentaires à l'AVS et l'AI, notamment) est déjà interdit, et que les aides sociales, les subsides d'assurance maladie et les aides financières aux bénéficiaires des prestations complémentaires ont également fait l'objet de réductions. Autant dire qu'il convient de voter NON le 28 février à la modification de la Loi sur le logement...

Les Restaurants scolaires de l'Europe, qui fournissent la pitance d'une dizaine de restaurants scolaires de la rive-droite, pour 1500 enfants, et jusqu'à 1200 repas par jour (tous les petites bouches à nourrir ne le sont pas tous les jours au restau scolaire), ont décidé de renoncer à leur proposer du porc. Pas pour des raisons religieuses, assurent-ils, mais pour des raisons de logistique : ils ne peuvent proposer deux menus à choix dans le temps imparti pour le service. Donc ils doivent renoncer à l'un des deux. Et c'est du cochon qu'ils se défaussent, pas des bovins, caprins, porcins et autres volailles. C'est con. D'abord parce que dans le cochon tout est bon. Ensuite, parce que le prix du porc est à la baisse, ce qui devrait réjouir les maniaques des zéconomies budgétaires. D'aucune entendent donc se mobiliser pour rétablir Porcinet dans les menus. Mais tant qu'à faire, on pourrait aussi en profiter pour exiger qu'on offre aussi du pinard aux gniards. Ne serait-ce que pour les désintoxiquer le plus tôt possible du coca et des sodas hypersucrés qui les rendent obèses. Et puis, ça ferait tellement plaisir aux islamophobes et aux judéophobes obsessionnels, qu'on en vienne au saucisson-pinard dans les cantines scolaires... Bref, en deux mots : groink ! et santé !

Alors comme ça, « les amours du procureur général créent un malaise » (la « Tribune de Genève » dixit) ? parce qu'il entretient une «relation sentimentale» avec une procureure, donc une subordonnée, et qu'il aurait acheté avec elle un appartement commun, il (ou elle) enfreindrait la loi sur l'organisation judiciaire qu'il avait lui-même rédigée (ou largement contribué à rédiger) quand il était député ? Ben ouais, c'est ça, le coup de foudre, ça prévient pas, on rédige une loi qui prévoit que des magistrats faisant « durablement ménage commun » (c'est long, «durablement» ?) ne puissent siéger dans la même juridiction et vlan ! On devient procureur et on tombe amoureux d'une procureure... Le Conseil supérieur de la magistrature (averti par Jornot lui-même) n'y a vu aucun problème, mais d'autres, au Palais de Justice, en voient un. Des jaloux (ou des jalouses), sûrement. L'évitable Marc Bonnant, consulté on ne sait trop pourquoi (parce que Warlutzel était indisponible ?) considère que le fait que le procureur général « aime les femmes est infiniment rassurant, un signe de vitalité et d'équilibre ». Parce que si le procureur général aimait les hommes, le poudré du barreau serait inquiet (mais de quoi?) et y verrait un signe de langueur et de déséquilibre ?

Le 11 novembre 2014, la gauche déposait au Conseil Municipal de Genève un projet de résolution demandant que la Ville de Genève se déclare « zone hors TISA » TISA est l'acronyme anglais d'un accord sur le «commerce des services», négocié à Genève dans l'opacité par les Etats-Unis, l'Union européenne et ses membres, et d'autres Etats dont la Suisse. Cet accord, s'il était finalisé, livrerait le champ d'activité des services publics, et des collectivités publiques, au marché et aux entreprises multinationales, y compris pour des services publics essentiels comme la distribution d'eau, la gestion des déchets, la protection de l'environnement, les transports... Se déclarer « zone hors Tisa » signifie refuser cette lopgique. La résolution ayant été acceptée par le Conseil municipal, le Conseil administratif a déclaré la Ville de Genève « zone hors Tisa » et encourage les autres communes genevoises à en faire autant (ce que Carouge, Meinier, Puplinge et Plan-les-Ouates ont déjà fait). Certes, c'est symbolique, une zone «hors Tisa» -mais quand cette zone est celle où est négocié Tisa, le symbole est réjouissant.

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