Genève : un référendum gagné, deux référendums perdus



Enjeux sacrifiés ?

La gauche politique, syndicale et sociale genevoise avait lancé trois référendums (qui avaient abouti tous les trois) contre trois mesures d'"économies" votées par le parlement cantonal, sur proposition du Conseil d'Etat. Trois mesures consistant toutes les trois à ponctionner soit les retraités et les invalides, soit les locataires, soit les assurés contre la maladie. Seule l'une des trois a finalement été refusée (par 56 % des suffrages) par les citoyens et yennes, celle réduisant les prestations complémentaires à la rente AVS. Les deux autres, celle réduisant les subsides à l'assurance-maladie et celle réduisant l'aide au logement, ont été acceptées par des majorités si étriquées (50,3 % et 52 %) que le regret de ne pas s'être suffisamment mobilisé pour les combattre, et les combattre unitairement, mous tenaille : ces enjeux n'ont ils pas été sacrifiés, sans qu'il y ait à cela le moindre calcul, au profit de l'un ou l'autre objet de la dizaine qui était soumise au vote, dimanche dernier ?

Que cela nous serve de leçon : il faudra se souvenir de ce qui nous a manqué, et de là où nous-mêmes avons manqué

Pour les votations de dimanche dernier, le PS avait fait campagne contre les allègements fiscaux et la spéculation sur les denrées alimentaires, les Verts contre le Gothard, Ensemble à Gauche contre le MAH et la caserne, et toute la gauche contre l'initiative udéciste de "mise en oeuvre", l'initiative démo-chrétienne sur la fiscalité du mariage... que restait-il de ressources, de temps, de militantes et de militants, pour combattre les réductions de prestations sociales frappées de référendums ? L'asloca et le rassemblement en faveur d'une politique sociale du logement ont fait campagne dans leur coin contre la réduction des aides au logement, l'Avivo dans le sien (mais avec plus de succès) contre la réduction des prestations complémentaires, et à peu près personne contre la réduction des subsides aux cotisations d'assurance-maladie. Une véritable campagne unitaire, comme celle qui a été menée contre l'initiative de l'UDC aurait sans doute pour inverser les résultats  : il ne s'en est fallu que de très peu pour que les trois mesures "d'économie" sur le dos de la population ne fussent renvoyées à l'expéditeur. Regrettable (même explicable) faiblesse de notre propre engagement, dont les plus précarisés feront les frais, sans même qu'une "économie" budgétaire soit réalisés (c'était la motivation de ces coupes dans les prestations), puisqu'au bout du compte, ce qui manquera à des subsides devra souvent être compensé par de l'aide sociale...
Que cela nous serve de leçon : il faudra se souvenir de ce qui nous a manqué, et de là où nous-mêmes avons manqué, lorsqu'en juin prochain, ce sera au tour des coupes budgétaires opérées par la droite dans les subventions sociales et culturelles en Ville de Genève d'être soumises au peuple municipal. Parce que là aussi, là encore, les engagements sociaux à l'intention des plus modestes des habitants de cette ville immodeste ont été dans la ligne de mire de la droite coagulée -et comme elle ne tirait pas au fusil de précision, mais au jugé et à la mitrailleuse, elle a arrosé tout ce qui était devant elle, tout le réseau de l'action sociale associative, de Caritas à l'Alcip... Or en juin, on aura à nouveau un menu de votations fédérales, cantonales et municipale proprement gargantuesque...

Après tout, si on a voté dimanche dernier sur trois mesures d'"économies" sur le dos des plus faibles, et si on votera en juin sur une palanquée de coupes budgétaires dans la solidarité sociale et dans la culture, c'est bien que nous avons lancé et fait aboutir des référendums contre ces décisions... Dès lors, assurer le succès de cette opposition dans les urnes, cela relève d'une sorte de suivi et de concrétisation politique de nos propres décisions et de nos propres engagements...

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