Fonds de tiroir


On a beaucoup glosé sur le résultat des votations du 28 février dernier. A-t-on suffisamment pris garde à la proportion, certes variable selon les objets, mais parfois assez considérable, de bulletins blancs qui ont fini dans les urnes, manifestant soit l'incertitude des votantes et tants, soit leur refus de choisir entre deux prononcements (ou deux campagnes) également insatisfaisants ? Les bulletins blancs ont été plus de 12'300 (soit prés de 9% des votes) sur la réduction des aides à l'assurance-maladie, qui n'a été acceptée qu'avec 650 voix de majorité... ils ont été plus de 10'500, soit plus de 7 % des votes, sur la réduction des aides au logement, qui n'a été acceptée qu'à un peu plus de 5000 voix de différence... ces deux propositions de la droite étaient combattues par la gauche, qui a donc perdu sur ces deux objets faute d'avoir réussi à convaincre les indécis de troquer leur bulletin blanc conte un bulletin « non. »... certes, on avait une portée d'autres chats à fouetter, comme le Gothard, l'initiative udéciste de « mise en oeuvre», l'initiative socialiste contre la spéculation sur les denrées alimentaires, le MAH (7.3 % de bulletins blancs, tout de même-)... mais sur ces objets le nombre de bulletins blancs et nuls reste largement inférieur à l'écart entre les « oui.» et les « non.», alors que sur les deux référendums que nous avons perdus, si on avait fait un petit effort, on aurait peut-être pu convertir suffisamment de votes blancs en votes .« non. » pour gagner... Bon, ben voila, que cela nous serve de leçon...

Le président d'Exit (l'association romande d'aide au suicide) a annoncé à l'ATS qu'« aujourd'hui, 1 % des Romands sont membres d'Exit ». En somme, le quorum est en vue...

Titre de la page du Journaliste dans le GHI de cette semaine, à propos de notre copine Magali : « Magali Orsini, une femme libre ». La voilà canonisée, deux semaine avant Pâques. Pour le Procès, le Golgotha, la Crucifixion, tout ça, y'a tout ce qu'il faut de Judas et de Ponce Pilate dans sa coalition. Mais faudrait qu'ils fassent gaffe, elle est capable de ressusciter rien que pour les emmerder pendant 2000 ans...

Un seul être ne vous manque pas et rien n'est dépeuplé. : le vice-président des Verts libéraux suisses, Laurent Seydoux, a annoncé qu'il quittait la vie politique. Qui l'avait déjà quitté bien avant. On s'en consolera. On espère que lui aussi, d'autant qu'il trouve que « la vie politique genevoise est à désespérer ». Ouais, surtout quand on n'arrive pas à y faire son trou... « La vie politique genevoise est autocentrée et tourne en rond », a déclaré Seydoux. Tout s'explique : c'est par la force centrifuge de la vie politique genevoise que Seydoux s'est fait éjecter du champ politique, et pas du tout parce que personne ou presque ne voit à quoi peuvent bien servir les Verts libéraux.

Il fallait s'y attendre (et d'ailleurs on s'y attendait -chassez le naturel, il revient au galop) : le crédit de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire n'avait pas été refusé depuis deux jours que déjà, la « Tribune de Genève », qui s'était illustrée naguère par un plaidoyer sans faille pour le Stade de la Praille, lance un appel à «rééquilibrer les priorités municipales nécessaires » entre le sport et la culture, et à les rééquilibrer « au détriment de la culture ». Avec cet argument massue: « un trou est apparu dans la glace » de la patinoire des Vernets. Ouais, et le trou, abyssal, apparu dans le stade de la Praille, il plaide en faveur de quoi ? D'un «rééquilibrage des priorités » de la «Julie», peut-être ?

Il n'a pas fallu attendre longtemps avant que les belles promesses déversées sur les bons cons de votants pour leur faire accepter le deuxième « tube » du tunnel routier du Gothard, soient non seulement oubliées, mais même carrément piétinées, par les partisans du tube en question. Ils avaient assuré que ce n'était que pour des raisons de sécurité qu'on doublait le tunnel, et que jamais, au grand jamais, une augmentation du trafic automobile, en particulier celui des poids lourds, pourrait en être la conséquence : c'est 650'000 poids lourd par année à travers les Alpes, pas une de plus. Et voila que le 2 mars, une majorité (de droite, évidemment : PLR plus UDC) a accepté (par une seule voix de majorité, moyennant sept abstentions) un postulat, émis par un conseiller national (le bien nommé PLR Jacques Bourgeois) qui trois jours auparavant assurait qu'on ne pouvait pas augmenter la capacité du tunnel routier du Gothard. Et qui donc a fait voter un texte demandant qu'on adapte (c'est-à-dire qu'on rehausse) le «plafond» de 650'000 poids lourds aux besoins (ceux des transporteurs routiers, donc). Tout ça ne surprendra pas les opposants au deuxième « tube », qui avaient annoncé l'arnaque. Mais si ça pouvait faire réfléchir les partisans de bonne foi, qui avaient cru aux promesses du lobby routier, ça aurait une utilité. Pédagogique.

Y'a un débat genevois qui doit paraître d'un absolu exotisme à Fribourg : le débat sur laïcité. Non seulement Fribourg n'est pas un canton laïque (il n'y en a d'ailleurs que deux en Suisse : Genève et Neuchâtel), mais on vient d'apprendre qu'avec la bénédiction des églises catholique et protestante du coin, « unanimes pour dire que notre tradition chrétienne doit être transmise à nos enfants » comme le résume une représentante des protestants (voui, on ne les brûle plus en place publique, à Fribourg), une « catéchèse œcuménique » va être introduite dans les cinq ans... à l'école enfantine. Aux enfants de 4 à 6 ans. Faut les prendre tôt, les gniards, pour leur bourrer le crâne. Et un enseignement religieux prénatal, utérin, directement dispensé aux fœtus, ils y ont pensé ?

En juin prochain, à l'initiative de son Premier ministre conservateur, David Cameron, la Grande-Bretagne votera par référendum sur son maintien dans l'Union Européenne, ou sa sortie de l'Union. Or etrangement, l'exemple de la Suisse (ou de la Norvège, ou de l'Islande) ne semble guère inspirer les partisans du « Brexit » (la sortie), alors que ceux du maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE l'évoquent précisément comme exemple à ne pas suivre : l'exemple d'un pays contraint de respecter des normes, des règles, des décisions européennes auxquelles il n'a pris aucune part. L'exemple aussi d'un pays qui, étant hors de l'UE est dans l'« Espace Schengen », et qui, n'étant pas dans la zone Euro, doit constamment surveiller la parité de sa trop forte monnaie avec le trop faible euro pour ne pas plomber ses exportations. L'exemple, en somme, d'un pays qui paie cher une illusion de souveraineté. Ils sont vexants, des fois, les Brits, quand ils veulent pas admettre qu'y en point comme nous... ça crève les yeux, pourtant...

Titre du « Courrier » du 2 mars, à propos de la progression en Suisse du nombre des membres des associations d'aide au suicide (Exit, Dignitas etc...) : « L'aide au suicide atteint un sommet ». Ouais, et après, elle se jette dans le vide ?

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