Fonds de tiroir


A propos de la réforme de l'imposition des entreprises, il conviendrait de se souvenir que celle qui nous pend au nez est la troisième du genre, et que la précédente, la deuxième, n'avait été acceptée au plan fédéral et en votation populaire, qu'à une courte majorité de 50,5 % des voix. Et que donc, même si le paysage politique s'est déplacé sur la droite, rien n'est perdu pour un bon gros référendum unitaire de gauche. Au plan suisse en tout cas. Voire au plan cantonal genevois.

En même temps que le vote sur le volet cantonal de la réforme de l'imposition des entreprises avait lieu en Pays de Vaud le deuxième tour des élections municipales. Pas de bouleversements sortis des urnes, mais quelques glissements : si à Yverdon, la gauche qui avait perdu la majorité il y a deux ans n'a pas réussi à la regagner cette année, et qu'elle l'a perdue à Vevey et Nyon, elle l'a renforcée à Renens (six sièges sur sept) et Morges (cinq sièges sur sept), confirmée à Lausanne (six sièges sur sept)... et l'a gagnée à Moudon, Ecublens et Prilly. Congratulations...

« Le Courrier » nous révèle (a priori, on s'en foutait un peu, mais ça agrémente ce qui nous tient lieu de débat en Ville de Genève) qu'à Meyrin, une élue (verte) siège «voilée» (foulardée serait plus précis, mais bon, on va pas chipoter) au Conseil municipal. Alors qu'en Ville de Genève, lorsqu'une élue d'« Ensemble à Gauche » a couvert sa tête d'un foulard pour manifester son opposition à un discours d'un camarade de son propre parti (c'était idiot, mais seulement idiot...), le président du Conseil municipal, Carlos Medeiros, a suspendu la séance, affirmant que «tout signe religieux est interdit dans cette assemblée», comme si un foulard porté par une athée revendiquée était un signe religieux (on peut vous balancer des centaines de potos de combattantes kurdes têtes couvertes, mais la kalach' au poing contre les fous furieux de Daech : et on s'en fout qu'elles portent quelque chose sur la tête, comme on se fout qu'elles soients musulmanes, athées ou yézidis...), et comme s'il était interdit par le règlement du Conseil, ou par la loi, ou par la constitution, de siéger dans la salle du Conseil avec un foulard (ou quoi que ce soit d'autre) sur le chef. Or ni le règlement, ni la loi, ni la constitution ne l'interdisent. Alors, plutôt que de faire tout un foin avec cette histoire, peut-être que le président du Conseil municipal, qui préside aussi la commission du règlement, pourrait se fendre d'une proposition de modification du susdit, pour y intégrer une phrase du genre « les membres du Conseil municipal siègent tête nue et à visage découvert ». Quoiqu'il se trouvera bien un jour une élue ou un élu portant pansement sur le ciboulot ou la face après une discussion franche et approfondie avec un élu ou une élue d'en face. Ou d'à côté. Sait-on jamais, hein, ce qui peut arriver dans cette salle...

L'ancien Conseiller d'Etat vaudois Pierre Chiffelle a été exclu du Parti socialiste le 9 mars pour s'être porté candidat « indépendant » à la Municipalité de Vevey, sur une liste concurrente de celle du PS, qui y présente deux candidat-e-s. Chiffelle estimait que sa candidature ne portait pas atteinte aux intérêts du parti. En fait, elle ne portait pas atteinte à quoi que ce soit : dix jours après avoir été exclu, il se prenait une veste aux élections municipales. Le PS aussi, notez bien (il perdait un siège à l'exécutif municipal). Comme ça, tout le monde est puni. Elle est morale, ton histoire ? Euh...

« Le Courrier » du 10 mars tartine sur les miliciens de la Patrouille des Ceintures Noires (« Black Belt Patrol », parce que chez ces gens-là, Monsieur, on se dit que ça fait bien de porter un nom anglo-américain), qui fait patrouiller quelques désoeuvrés un peu bas de plafond dans les rues genevoises de la fin de semaine, sous la conduite d'un ancien légionnaire professeur de sport de combat (le krav maga, notamment, un truc israélien) qui considère que puisque la police « est incapable de tout gérer » (mais qui le lui demande, à la police, de « tout gérer » ?), il faut la compléter par une milice « citoyenne ». Parce que, nous explique le chef de ladite milice, « l'Etat n'a pas le monopole de la sécurité » et que « la rue appartient aussi à celui qui y descend ». Ben ouais, d'ailleurs le Black Block ne dit pas autre chose...

La Ville de Genève a dû avertir les rentiers AVS et AI bénéficiant des prestations complémentaires municipales, que ces prestations, financées sur une ligne budgétaire réduite de 2 % par la droite coagulée, allaient par conséquence mécanique être réduites de 50 ou 60 francs an... dans l'attente d'un vote populaire qui les rétablira... si nous le gagnons.

Prenez une population immigrée (les réfugiés, les requérants d'asile, soit au total plus de 100'000 personnes en Suisse) dont on proclame urbi et orbi qu'il faut l'« intégrer » à la population résidente, un pays (la Suisse, donc) qui manque de main d'oeuvre, un gouvernement qui promet d'« exploiter le potentiel de main d'oeuvre indigène » (réfugiés compris, donc) pour pouvoir réduire son besoin d'immigrants nouveaux, et des budgets d'aide sociale qui explosent parce que les réfugiés sont écartés du marché du travail et que plus de 80 % des requérants d'asile et des réfugiés ont besoin de l'aide sociale pour vivre pendant les cinq à sept premières années de leur séjour en Suisse, à quelle conclusion pensez.-vous qu'arrive la Conférence suisse des institutions d'aide sociale (la CSIAS) ? Logiquement, à la conclusion qu'il faut intégrer les réfugiés au marché du travail : ça les intègre à la population résidente, ça les occupe, ça fournit à l'économie une main d'oeuvre qui lui manque et ça fait faire des économies aux budgets d'aide sociale. Logique, non? Utilitariste, évidemment, mais logique. D'autant que la plupart des réfugiés ne demandent que cela : avoir un boulot normal, payé normalement, pour pouvoir vivre normalement sans avoir à quémander de l'aide. Or seul un-e réfugié-e reconnu-e sur cinq est professionnellement actif (un-e sur deux après dix ans de séjour). La CSIAS demande donc l'abolition de la taxe de 10 % prélevée sur le salaire des requérants d'asile et la simplification de leur autorisation de travail. Mais qu'est-ce qu'on parie que si on arrive à faire ce que la CSIAS demande qu'on fasse, on entendra de Genève à Romanshorn les même blaireaux qui couinent contre ces feignasses de réfugiés assistés,  beugler contre ces salauds de réfugiés qui piquent les emplois des Suisses...



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