Brèves


La commission du personnel de l'Hospice Général et le Syndicat SIT avertissent :  l'Hospice va accumuler un déficit de 10 millions en 2016, ce qui risque d'entraîner des suppressions de poste et des baisses de prestations, alors même que l'institution d'aide sociale est déjà en sous-effectif. Le personnel demande au gouvernement et au parlement d'allouer à l'Hospice des moyens supplémentaires, au lieu que de bloquer sa subvention (elle n'a pas bougé depuis dix ans) alors que la demande de prestations a augmenté de 62 % dans les seules cinq dernières années, signe d'une aggravation de la précarité sociale, sans même parler de la prise en charge des requérants d'asile, dont l'Hospice est chargé. Selon les syndicats et la commission du personnel, 80 postes seraient menacés du fait du déficit annoncé, alors qu'il en manque déjà près de 90, entre l'aide sociale aux résidents et l'aide aux migrants. Réponse convenue du Conseiller d'Etat Mauro Poggia : « les ressources du canton ne sont pas extensibles ». L'imagination rhétorique des gouvernants non plus. En revanche, la précarité sociale et la dégradation des conditions d'accueil des migrants, elles, le sont, «extensibles». Mais c'est pas grave : la solidarité, c'est pas dans l'air du temps. Et ni les pauvres ni les migrants ne votent.

La caisse de prévoyance (2e Pilier, pour les intimes) du personnel du canton de Genève (67'000 assurés, dont  22'000 rentiers) a perdu 75 millions en 2015, et a dû effectuer un prélèvement sur ses réserves pour payer les rentes des pensionnés. En 2014, le taux de rendement de la caisse était de 7 %, il est devenu négatif (-0,4 %) en 2015). En 2014, la CPEG avait déjà été recapitalisée à hauteur de 800 millions de francs, pour atteindre un taux de couverture de 60 % de ses engagements, après sa création par fusion de la caisse des fonctionnaires de l'administration et de l'instruction publique (la CIA) avec celle du personnel des établissements publics médicaux (la CEH). Elle avait atteint un taux de couvertuire de 61,6 %, mais en 2015, elle était retombée à 59,8%. Elle doit atteindre un taux de 80 % d'ici 2052. C'est loin, 2052. Mais le Conseil d'Etat a décidé d'une nouvelle recapitalisation de 207 millions, ce qui lui a permis de présenter des comptes cantonaux 2015 légèrement déficitaires, au lieu que d'en présenter de largement excédentaires, ce qui l'aurait privé d'un argument pour poursuivre sa politique de « rigueur » (c'est-à-dire de réduction des dépenses qui ne sont pas imposées par la loi). Comme quoi une caisse de pension, c'est pas seulement une institution de prévoyance : c'est aussi pour un gouvernement un moyen de ne pas avouer son imprévoyance, et un prétexte pour continuer une politique qui à la fin de l'année dernière avait provoqué 7 jours de grève, fait descendre des milliers de personnes dans la rue et suscité trois référendums.

Le Conseiller d'Etat Pierre Maudet (chef du département de la Sécurité) et le Délégué l'Intégration Nicolas Roguet ont réuni à la mi-mars une dizaine de représentants des organisations et associations musulmanes genevoises (dont Hafid Ouardiri et Hani Ramadan) « pour une discussion sans tabou », nous annonçait quelques jours plus tard « Le Matin Dimanche ». Et ça porte sur quoi, une «discussion sans tabou» de ce genre ? Ben, sur un tas de choses. En l'occurrence, sur la sécurité des lieux de culte, la perception de l'impôt ecclésiastique, la formation des imams, l'islamophobie, les cours de religion donnés dans les lieux de culte, du projet de loi sur la laïcité, tout ça, quoi. Hafid Ouardiri s'est félicité qu'aient été réunies autour d'une table par l'Etat «des organisations qui de l'ont jamais fait auparavant», comme si c'était le rôle de l'Etat (supposé être laïque) que de réunir les organisations musulmanes. Quant à Hani Ramadan, il s'est inquiété de «l'islamophobie et de la difficulté des femmes musulmanes pratiquantes voilées à trouver un travail ». Ah, parce qu'elles ont le droit d'en chercher, maintenant ?



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