Fonds de tiroir


Selon une étude américaine, portant sur les 5000 habitants d'une petite ville américaine, Framingham, près de Boston, on souffre moins de démence qu'il y a quarante ans : à la fin des années '70 du XXe siècle, 3,6 % des personnes de plus de 60 ans développaient une démence. Au milieu des années 2000, elles n'étaient plus que 2 %. Explication: tous les facteurs de risque de démence (pression sanguine,  taux de cholestérol, tabagisme) ont été réduits, à l'exception de l'obésité et du diabète. Or ces facteurs, ceux de l'hypertension, qui entraîne la mort de neurones par des lésions dans le cerveau, jouent un rôle déterminant du risque de démence. Ombre au tableau, toutefois : la réduction de ces facteurs de risque cardiovasculaire n'a réellement joué de rôle dans la prévalence de la démence que chez les personnes à haut niveau de formation : « plus votre scolarité a été longue, plus vos neurones ont établi de connexions, et donc plus vous pouvez en perdre sans risquer la démence », expliquent les chercheurs. Bon, ben en voila une bonne nouvelle : quelqu'un peut-il se dévouer pour aller expliquer aux djihadistes que non seulement ils sont cons, mais qu'en plus ils sont démodés ?

Selon un rapport de l'OMS, si les jeunes de moins de 15 ans fument moins de tabac et boivent moins d'alcool en Suisse qu'ailleurs en Europe, ils consomment davantage de cannabis : 29 % des garçons et 19% des filles en ont déjà consommé (la moyenne internationale est de 15 %). Tout n'est donc pas perdu dans la lutte contre la vie saine.

Fin mars, et depuis des mois, La prison (et centre d'observation) genevoise pour mineurs « La Clairière », à Genève, connaît un taux d'occupation de 60 à 65 %, et son secteur de détention préventive de 30 % (alors que le secteur d'observation affiche complet). Les bons chiffres de la délinquance juvénile encouragent certains à se demander s'il ne faudrait pas fermer des lieux existants. Ainsi, dans le Jura bernois, le Foyer d'éducation de Prêles va fermer, ce qui va réduire le nombre de places disponibles en Romandie, où il manque déjà un foyer fermé pour les filles et une institution médicalisée pour les mineurs. Et d'aucuns considèrent que le foyer de Palézieux est trop faiblement rempli pour être rentable. Depuis quand la rentabilité est-elle un critère dans ce domaine ? Le président du tribunal genevois des mineurs considère plutôt qu'« on devrait se féliciter de voir une prison non remplie ». Disons que cela a au moins l'avantage d'ôter un prétexte pour en construire une nouvelle... Mais on ne se fait pas d'illusions : des prétextes, les carcérolâtres en trouveront d'autres.

Fatigué des conflits au sein de la coalition de la gauche de la gauche genevoise « Ensemble à Gauche », inquiet pour les prochaines échéances électorales cantonales (divisée en deux listes, « Ensemble à Gauche » avait perdu tous ses siéges en 2005 et échoué à les retrouver en 2009), convaincu que les diverses composantes de la coalition ne sont en désaccord que sur 10 % de leurs programmes, Le Parti communiste genevois leur a lancé un appel à l'unité. Bon, ben c'est comme si c'était fait.

L'indispensable résolution suivante a été déposée au Conseil Municipal de la Ville de Genève  :
Pour une exhortation sans indigence ni indifférence
« Considérant
- l'indigence du texte de l'exhortation prononcée à chaque ouverture de séance de notre honorable Conseil
- l'indifférence, pleinement méritée, avec laquelle la récitation de ce texte est accueillie
- l'imagination et le talent littéraire reconnus des membres dudit Conseil
Le Conseil Municipal
- invite chacune et chacun de ses membres à proposer au bureau un nouveau texte d'exhortation, afin qu'il le transmette à la Commission du Règlement et que celle-ci puisse sélectionner la meilleure proposition et la traduire en un projet de délibération à soumettre au plénum ,
- recommande aux auteurs des propositions de n'user, dans le texte de leur proposition, d'aucun des mots ni d'aucune des expressions suivantes ou de leur déclinaison :
- Nous prenons l'engagement
- la société du savoir
- proactif-ve
- changement de paradigme
- réduire la voilure
- usine(s) à gaz
- gouvernance
- efficient-e
- finaliser
- opportunité(s)
- innovant-es
- droit à la différence
- lien social
- vivre-ensemble
- stigmatiser
- aller de l'avant »
 Vous voyez qu'on est aussi capable de s'occuper des problèmes fondamentaux qui préoccupent nos concitoyens sur le terrain, et pas seulement des grands enjeux de la planète, même si on est la capitale mondiale du monde mondial...

Voilà une initiative populaire qui vient peut-être d'aboutir, et qui a déjà toute notre sympathie : l'initiative « Pour la dignité des animaux de rente agricole », lancée par un brave paysan du Jura bernois, Armin Capaul, qui entend décourager l'écornage des vaches en subventionnant les éleveurs de vaches à cornes. Plus de 100'000 personnes ont signé son texte, et sont donc de son avis. On verra bien s'il y a parmi elles assez de citoyennes et de citoyens suisses pour que l'initiative soit soumise au vote du peuple et des cantons, mais si tel est le cas, on appellera à voter « oui », même si, comme les Verts, on n'est pas convaincus qu'une telle disposition ait sa place dans la charte fondamentale de la Confédération. Mais dans l'idée qu'on se fait (en bons citadins, certes)  du monde animal de ferme, si les poules n'ont pas de dents, les vaches ont des cornes. Naturellement. Même si 90 % d'entre elles sont écornées (la corne naissante est brûlée au fer trois semaines après la naissance du veau) pour ne pas blesser l'agriculteur et ne pas que les meuhmeuhs se blessent entre elles. De toute façon, l'initiative ne veut pas interdire l'écornage, elle veut soutenir ceux qui y renoncent. Au fond, c'est juste une question d'espace : si les vaches en ont assez (d'espace, donc), le risque qu'elles se blessent est réduit. Voila. C'était notre rubrique « les grands enjeux de la décennie ».

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