28 mai, 5 juin : Chaud, le printemps

Le printemps politique n'est pas le printemps saisonnier. Que la température frisquette de ces jours ne vous trompe pas : le printemps politique, cette année, sera chaud. Le Premier Mai, on était dans la rue. Comme tous les Premier Mai. Non pour célébrer la fête du travail, mais pour célébrer celles des travailleuses et des travailleurs. Et de leur émancipation. Dans trois semaines, on sera à nouveau dans la rue. Pour dénoncer les coupes budgétaires, les menaces sur les services publics, le mépris des salariés de la fonction publique. Et une semaine plus tard encore, nous serons dans les urnes. Pour annuler ces coupes, repousser ces menaces, rétablir les moyens nécessaire à la commune pour qu'elle puisse jouer son rôle, assumer ses tâches, faire son travail. Mais aussi, pour faire avancer le projet de revenu de base inconditionnel.


Léo avait tort : avec le temps, va, rien ne s'en va


Les votes populaires ne ferment jamais aucun dossier, n'effacent jamais aucun enjeu. Quels que soient ceux qui tomberont le 5 juin, sur chacun des thèmes qu'ils cristallisent à un moment précis, les fronts se reconstitueront sitôt faite l'annonce du résultat. Cela vaut pour le droit d'asile, évidemment. Mais cela vaut aussi pour le revenu de base inconditionnel -n'aura-t-il pas fallu trente ans pour que l'AVS, de sa revendication lors de la Grève Générale à sa concrétisation après la Guerre Mondiale, devienne réalité -et qu'il nous faille à nouveau, aujourd'hui, la défendre ? Chaque lutte, chaque projet, prend son temps, et chaque résistance aussi (jusqu'au niveau apparemment le plus trivial : ce n'est pas parce que le principe de l'absurde traversée routière du Petit Lac (de Genève) aura été acceptée le 5 juin que la résistance à sa réalisation cessera). Le temps de la lutte et le temps de la résistance est souvent plus long que le nôtre : les premiers manifestants du premier Premier Mai ne virent pas l'instauration de la journée de travail de huit heures... les grévistes de 1918 ne virent pas la reconnaissance du droit de vote et d'éligibilité des femmes. Et les condamnés genevois d'après le 9 novembre 1932 n'ont toujours pas été réhabilités. Et des revendications que nous allons porter, dans la rue et dans les urnes, ces jours et ces semaines prochaines, nombre d'entre nous n'en verront jamais la satisfaction, parce que nous seront morts avant.

Il n'empêche que Léo avait tort : avec le temps, va, rien ne s'en va. Ce qui nous tient debout, et en marche, c'est que rien n'est impossible dans l'ordre politique : aucune rupture, aucune avancée, mais non plus aucune soumission, aucun recul  :"L'histoire du monde montre qu'il n'y a pas encore eu de lien qui n'ait été arraché, que l'homme rejette infatigablement toutes les entraves; et cependant toujours et toujours on en imagine de nouvelles" (Max Stirner).
Il nous revient, individuellement comme collectivement, de choisir le pas de nos marches, comme il nous revient de choisir de lutter ou de nous soumettre, de faire ce qu'on nous dit de faire ou de faire ce que nous voulons faire.
     

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