Fonds de tiroir



On avoue : les aventures politiques de Gominator, on a un peu de peine à suivre. Le 29 avril, il se fait battre d'une voix dans l'élection à la présidence du MCG (à laquelle il s'était présenté après l'avoir laissée à Luminator et annoncé qu'il allait se retirer de la vie politique). Dans la nuit du 29 au 30 avril, furax, il tire au canon sur son parti devenu « une auberge des intérêts personnels et des privilèges de certains dirigeants » et annonce qu'il va en démissionner et démissionner de ses mandats de député et d'administrateur désigné par le Grand Conseil. 15 jours plus tard, le Grand Conseil se réunit, mais pas de démission  en bonne et due forme de Stauffer. Ni d'ailleurs de Stauffer lui-même  : il annonce qu'il est bloqué à Belgrade. Entre temps, il aura tenté de pousser le Conseiller d'Etat, étiquetté MCG, Mauro Poggia à user de son influence sur le parti pour le remettre en selle, lui, Gominator, à la place de l'usurpatrice Ana Roch, à laquelle il avait tout de même suggéré de laisser le président sortant, Luminator, présider un an de plus. Alors quoi ? démissionnera ou pas ? siégera comme indépendant ou ne siégera pas ? restera au MCG pour y mettre le souk ou créera un nouveau parti  ? Parce que bon, en créant le MCG, Stauffer a ouvert une benne de recyclage des invendus politiques de tous les autres partis, sans exception. Qu'il sorte de cette benne pour en ouvrir une autre afin de recycler les invendus du MCG lui-même ne serait après tout qu'une forme de continuité.

Il n'y a plus que sept personnes à occuper un « emploi de solidarité » dans les services de la Ville de Genève (il y en avait encore une quarantaine il y a quatre ans), par la société «Démarche» qui les toutes placées au Musée d'Art et d'Histoire. A la fin de l'année, la convention qui lie «Démarche» à la  Ville sera résiliée par la première,avec l'accord de la seconde, pour des raisons économiques. Deux de ses sept personnes pourront être intégrées dans la fonction publique municipale, mais les cinq autres risquent de se retrouver au chômage. Cette situation illustre le caractère malsain du système même des «emplois de solidarité» : celles et ceux qui en «bénéficient», par exemple à l'accueil ou au gardiennage des musées, font le même travail que les employés municipaux, mais sont payés deux fois moins. Beaucoup d'associations ont utilisé ce système, qui leur permet d'employer du personnel à « bas prix », sous-payé et de plus payé en partie par l'Office de l'emploi. En 2012, le Conseil administratif avait décidé d'une sortie progressive de ce système. Depuis, plus de la moitié des EdS ont été engagés par la Ville, notamment dans les bibliothèques, et le « taux de réinsertion » des EdS employés par la Ville est de 50 % alors qu'il n'est que de 15 % pour l'ensemble de EdS.  Pour les sept EdS encore en fonction, le syndicat SIT demande à la Ville de leur proposer des postes fixes, afin d'éviter qu'ils se retrouvent au chômage en n'ayant plus pour vivre qu'au maximum 80 % de leur salaire d'EdS, qui ne se monte au maximum qu'à 3725 francs par mois. Le Conseiller administratif Sami Kanaan annonce que l'exécutif de la Ville étudie pour eux la création de nouveaux postes, mais « doute que cela soit bien accueilli par le Conseil Municipal », ou plutôt sa majorité de droite coagulée -la même qui s'est illustrée en décembre par des coupes linéaires dans les subventions, les fonds généraux et les crédits de fonctionnement. C'est vrai qu'il vaut mieux être prudent, compte tenu de l'état de la réflexion sociale de cette majorité, capable de couper dans les subventions des organismes qui viennent en aide à la population la plus précarisée en expliquant que c'est pour sauver la Ville d'une catastrophe financière que ni les budgets, ni les comptes de la municipalité n'annoncent. Bien au contraire.

Il n'est pas contre le droit de grève, le Conseil d'Etat genevois. D'ailleurs le serait-il qu'il ne pourrait pas le dire, c'est un  droit constitutionnel, le droit de gève.. Mais il est pour que les grèves qu'il ne peut interdire dans la fonction publique aient le moins d'effet possible. Et surtout, qu'elles se remarquent le moins. Que la population ne s'en aperçoive pas. Alors il instaure un service minimum maximum partout oì il peut. C'est ce qu'il a tenté de faire avec la police cantonale. Dont le syndicat n'a pas du tout apprécié. Surtout qu'en période de restrictions budgétaires, le service minimum maximum, c'est le quotidien des services publics -y'a qu'à aller voir à l'Hôpital pour s'en rendre compte : le flux tendu, c'est la routine. Bon, bref, lors des grèves de la fonction publique de décembre dernier, le Département de la Sécurité avait imposé aux policiers et gendarmes un « service minimum » équivalant à un service double de celui des werk-ends ou des « ponts » fériés, genre Pentecôte. Une manière de réduire administrativement le nombre de grévistes, comme en 1918, lorsque les cheminots avaient été mobilisés sur leur lieu de travail pour les empêcher de participer à la Grève Générale.  Et là, paf ! le 15 mars, la Chambre administrative de la Cour de Justice, saisie par les syndicats, statue que les exigences de Maudet contreviennent au droit de grève, garanti par la Constitution. Du coup, le département de superMaudet l'a mauvaise : il condescend à prendre acte du jugement et annonce une prochaine décision relative au service minimum, mais, mauvais perdant et de mauvaise foi, croit devoir préciser que « la sécurité de la population » restera sa « priorité absolue (...) quoi qu'en disent les syndicats ». Qui n'ont jamais rien dit d'autre. Et sont prêts à organiser eux-mêmes le service minimum en garantissant la « sécurité de la population » sans remettre en cause le droit de grève. Même pas celui du Conseil d'Etat.

Les comptes de la campagne sur le projet de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire ayant été rendus. on peut en tirer au moins deux conclusions : la première, c'est qu'avoir plus de pognon que l'adversaire ne garantit pas qu'on le vainque : les partisans de la rénovation-extension ont fait une campagne à 400'000 balles et ont perdu, ses adversaires une campagne à 200'000 balles et ont gagné. La deuxième conclusion, c'est qu'il n'y avait pas d'un côté de l'argent douteux et de l'autre de l'argent propre, d'un côté la dépendance à l'égard de sponsors intéressés et de l'autre le pur désintéressement patrimonial : l'illustre Jean-Claude Gandur n'a pas financé la campagne en faveur du projet qu'il soutenait et dont il bénéficiait, alors que le clan adverse (Genève est plus près de la Corse qu'on l'imagine), les Barbier-Muller, a financé près du tiers de la campagne des opposants (dont les comptes ont été vérifiés... par l'un de leurs donateurs : comme dit le chef du service des votations et élections, « du point de vue du degré d'indépendance, c'est limite ». Bon, ben voila : ceusses qui aiment les fronts bien délimités, avec les bons d'un côté et les méchants de l'autre, les esthètes contre les mercenaires, devront trouver un autre exemple. On trouvera sûrement. Faut juste nous laisser le temps de prendre une grosse baffe sur une initiative lancée par des miséreux pour aider les pauvres en confisquant les riches et en taxant l'improbable mais sacro-sainte « classe moyenne »...


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