Initiative des Verts pour des transports publics prioritaires : Roulez, TPG !


Le 5 juin, on votera à Genève sur une initiative des Verts proposant que priorité soit donnée aux transports publics sur le réseau routier, et que celui-ci, avec la circulation qu'il absorbe (mal), soit aménagé en fonction de cette priorité. Face à cette initiative, on votera aussi sur un contre-projet adopté par le Grand Conseil. Si l'initiative est claire, simple, nette (elle tient un seul article constitutionnel), le contre-projet, lui, prend huit pages de la brochure officielle pour y étaler ses dix articles. Et y coller la traversée routière du lac (qu'il faut apparemment coller partout, surtout là où elle n'a rien à faire). Les recommandations de vote sur les deux textes sont étranges : les Verts soutiennent le contre-projet alors qu'il s'oppose à leur propre initiative sur les transports publics, les socialistes font de même en faisant une croix sur leurs positions en faveur de la mobilité douce sur le pont et sur les quais et sur leur opposition à la traversée routière du lac. Au cas, hypothétique, où notre position vous intéresserait, on vous appelle à voter OUI à l'initiative des Verts et NON au contre-projet. Et en cas d'acceptation des deux, à privilégier évidemment l'initiative. Parce qu'elle est le premier pas nécessaire pour une réelle liberté de déplacement dans une ville congestionnée par la bagnole.

En voyage, le trajet le plus long est le franchissement de la porte pour partir...

De toutes les villes et de tous les cantons suisses, Genève est celle et celui qui se retrouvent les plus engorgés par le trafic automobile privé. Et celle et celui dont les transports publics sont les plus lents (15,2 km/h de vitesse moyenne, contre 24 à Bâle et 20 à Berne, par exemple), faute de priorité et faute de sites propres (seuls un quart du réseau des TPG en bénéficie). Avec pour résultat inévitable que les embouteillages de bagnoles bloquent bus et trams. Et qu'une personne seule dans une voiture en travers des voies en bloque jusqu'à 300 dans un tram.  Cette situation est un héritage, dont Genève, contrairement aux autres villes et cantons du pays, n'a pas réussi à se défaire : En 1950, Genève était la ville la plus motorisée d'Helvétie, avec plus d'une voiture pour dix habitants (presque deux fois plus qu'à Zurich... Pour guérir de cette apoplexie, les Verts proposent une solution simple, immédiatement applicable : donner, comme dans la plupart des centres urbains de Suisse, la priorité aux transports publics sur toutes les voies de trafic du canton. En augmentant la vitesse et la cadence des transports publics, on peut en effet faire d'une mesure trois coups gagnants : accroître la fréquentation des transports publics, leur transférer des utilisateurs de la bagnole en ville et accroître du même coup leurs recettes d'exploitation, sans coûts supplémentaires. Et même avec des économies (intelligentes, celles-là) à la clef : à elle seule, la réalisation d'une voie de bus sur le pont du Mont-Blanc a fait économiser un million de francs par an à l'Etat en faisant gagner un quart d'heure de temps aux véhicules des TPG aux heures de pointe... Or selon le fumeux "compromis sur la mobilité" présenté au Grand Conseil genevois par des représentants de (presque) tous les partis, le Pont du Mont-Blanc et les quais de la rade doivent rester affectés au trafic automobile "dans l'attente d'un bouclement autoroutier par une traversée du lac" en pont ou en tunnel, mais pour les bagnoles. Ladite traversée du lac n'étant pas réalisable (et encore, si elle est réalisée...) avant 2030 au plus tôt.

Plus de passagers dans des transports publics plus rapide, cela signifie moins d'automobiles privées sur les voies de circulation urbaines, de meilleures conditions de circulation pour les usagers professionnels (taxis, livraisons, services, urgences), moins de bruit, moins de pollution. Une meilleure qualité de vie, à tous points de vue. Certes, l'initiative des Verts n'apporte, comme l'écrit le Conseil d'Etat dans la brochure officielle des votations "qu'une réponse partielle aux problèmes" de mobilité à Genève -.mais elle ne prétend pas à plus. Simplement, cette réponse "partielle" est immédiatement concrétisable, et immédiatement efficace. Et financièrement indolore. "Les transports publics ne peuvent pas à eux seuls répondre à l'accroissement des besoins de la population" (c'est toujours le Conseil d'Etat qui cause) ? Evidemment que non. Mais l'initiative ne prétend pas leur accorder une exclusivité du mode de transport à Genève -elle n'entend que les privilégier, parce qu'ils sont plus économes, plus efficaces du point de vue de la quantité de personnes transportées (un tram plein = 300 voitures ne transportant que leur conducteur), moins gourmands en énergie et en espace, moins polluants et moins dangereux que les autres.

On sait qu'en voyage, le trajet le plus long est le franchissement de la porte pour partir. Il en va de même pour changer de politique des transports : la porte pour ce changement, c'est la priorité, immédiatement réalisable, aux transports publics. Pas l'attente interminable d'un désengorgement de la ville de la circulation automobile qui l'étouffe -et s'y étouffe elle-même.

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