Fonds de tiroir


Les fuites des « Panama Papers » mettent bien en valeur le rôle de la Suisse dans le système mondial de fraude, d'évasion et de soustraction fiscales. Et de recel. Un sixième des 214'000 sociétés panaméennes répertoriées dans les clients de Mossack Fonseca depuis 40 ans, ont une origine suisse, comme quatre des dix banques clientes de l'officine panaméenne.  7300 de ces sociétés panamo-suisses étaient encore en activité l'année dernière, 80 % étaient gérées depuis Genève et la dizaine d'avocats et de fiduciaires qui ont administré le plus grand nombre de sociétés en 2015 gèrent à eux seuls un tiers de toutes les sociétés offshore suisses enregistrées auprès de Mossack Fonseca.  La Déclaration de Berne confirme : «la Suisse joue un rôle central dans le système mis au jour par les Panama Papers », et c'est « le coeur même du dispositif antiblanchiment helvétique qui est mis en cause » :  l'« autorégulation» choisie, sur pression des banques, comme principe de ce dispositif. L'autorégulation, kèsako ? C'est simple : ce sont ceux qui bénéficient du système et de ses pratiques qui les contrôlent. En d'autres termes, c'est le milieu des avocats d'affaires qui contrôle les avocats d'affaire. Une pratique parfaitement incestueuse. Un peu comme si on demandait aux marchands d'armes de vérifier le respect des lois sur les exportations d'armes, ou aux passeurs de contrôler l'application de la loi sur l'asile. Confortable, non ?

« Via Secura », c'est le dispositif pénal qui permet de sanctionner les actes de chauffards, par exemple par une peine minimale d'un an de prison pour tout automobiliste roulant à plus de 100 km/h dans un village (eh oui, y'a des cons qui se l'autorisent), plus de 140 km/h hors des localités et sur des routes normales, plus de 200 km/h sur une autoroute. Pour certains, ces peines sont abusives, et sanctionnent des délits qu'on peut commettre « sans le vouloir », comme le susurre le président de l'association « Stop aux abus de Via Secura » (ASAVS), Steve Peter (évitez-le sur la route, ce type a l'air dangereux). On peut donc rouler à cent à l'heure dans un village « sans le vouloir » ni s'en apercevoir. C'est la bagnole toute seule qui décide, le chauffeur roupille au volant. Le Conseiller national udéciste Jean-Luc Addor en remet une couche : perdre son permis (Via Secura prévoit aussi, évidemment, cette sanction, y compris pour des cas moins graves que ceux qu'on vient d'évoquer, mais toujours pour des cas qui ont mis en cause la sécurité des autres usagers de la route que ceux qui sont sanctionnés), c'est «une forme de mort sociale». Et se faire écrabouiller par un connard qui roule à cent à l'heure dans un village, ou à contresens sur l'autoroute, ou complètement bourré, c'est une forme de quoi ? de tache de sang sur la route, seulement ? Et n'avoir jamais passé son permis parce qu'on n'en a rien à secouer, c'est quoi ? une forme d'«inexistence sociale» ? Bon, bref, l'ASAVS a annoncé le lancement d'une initiative populaire pour «corriger les abus de Vis Secura». Qui a pourtant contribué par exemple à réduire de plus des deux tiers le nombre d'accidents graves liés à des excès de vitesse entre 2008 (plus de 100) et 2015 (301). Et qui, au surplus, ne menace en rien la grande majorité (non, pas l'écrasante, justement pas) des conducteurs de bagnole de ce pays. Mais qui inquiète beaucoup les 300 membres (dont des clubs de marque de bagnoles ou de motos) de l'ASAVS, laquelle est soutenue par plusieurs sections de l'Automobile Club de Suisse. Et qui contribue donc avec elles à rendre encore plus sympathiques les fanas de la bagnole.

Le cardinal archevêque de Lyon et Primat des Gaules (on ne ricane pas) Philippe Barbarin, dont 75'000 personnes exigent par pétition la démission pour prix de sa non-dénonciation d'abus sexuels commis par des prêtres sur des mineurs (il est poursuivi en justice pour cela), a demandé pardon aux victimes de ces abus. annoncé vouloir faire son «examen de conscience» mais refusé de reconnaître ses torts. L'évêque d'Orléans, Jacques Blaquart, a reconnu avoir «sous-estimé les risques potentiels» d'abus sexuels, et plaide une « certaine naïveté » à propos d'un aumônier scout inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour une dizaine d'agressions sexuelles sur des mineurs, dans les années '90, l'évêché, mis au courant des soupçons pesant sur l'aumônier, n'ayant rien fait pendant vingt ans pour l'écarter des jeunes, ni pour alerter la justice. Quant à l'évêque de Montauban, Bernard Housset, ayant eu connaissance du comportement pédophile d'un prêtre, il a mis plusieurs années pour le révoquer et l'évêque, celui de Pontoise, Stanislas Lalanne, dit ignorer si la pédophilie est un « péché ». Et des élèves du lycée catho (et jésuite) Saint-Louisde-Gonzague accusent la hiérarchie religieuse d'avoir voulu imposer le silence sur les agressions sexuelles qui ont eu lieu dans le lycée. Ouala. C'était notre rubrique islamophobe... euh... ah non, merde, on s'est encore gourés de religion néfaste...

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