Fonds de tiroir


Le Conseiller fédéral Guy Parmelin n'est pas ministre depuis six mois qu'il a déjà dû présenter des excuses, pour ne pas s'être récusé  lorsque le gouvernement s'est prononcé sur les allégements fiscaux accordés lors de la vente de terrains agricoles. En fait, il s'est même prononcé en faveur de ces allégements, alors qu'il a été co-propriétaire d'une parcelle agricole pouvant être vendue en zone à bâtir, et qu'il pourrait bénéficier d'une quote-part au gain d'une vente future, même s'il a remis la totalité de la parcelle à son frère. Bref, il a superbement ignoré la règle selon laquelle « les membres du Conseil fédéral se récusent lorsqu'ils ont un intérêt personnel direct dans une affaire ». Du coup, Parmelin, plaidant la bonne foi, joue les andouilles et admet avoir commis une erreur en se prononçant dans une telle affaire. Guy Parmelin est sûrement un très brave type. Un peu niais, ajouteraient les mauvaises langues. Dont nous ne sommes pas. Parce que nous sommes persuadés qu'un type un peu niais n'aurait jamais été présenté par l'UDC comme candidat au Conseil fédéral, n'aurait jamais été élu par le Parlement, et n'aurait jamais été nommé à la tête du Département militaire. Jamais.

Oberwil-Lieli, dans le canton d'Argovie mais à moins de kilomètres de Zurich, va payer plusieurs centaines de milliers de francs pour huit ou dix réfugiés. Pourtant, Oberwil a pour maire un Conseiller national UDC, Andreas Glarner responsable du dossier de l'asile pour le parti xénophobe, et 40 % de l'électorat de la commune vote UDC. On se dit qu'il, doit y avoir quelque chose de pas net, dans cette histoire. Une commune UDC va vraiment payer pour des réfugiés ? Ben non, en fait, elle va payer pour ne pas les accueillir sur son  territoire. C'est une commune riche, Oberwil. Elle peut payer. Même pour ça. Ou surtout pour ça. A l'automne, Andreas Glarner avait fait inscrire au budget de la commune une ligne de 290'000 francs destinée à payer la taxe infligée par le canton aux communes qui refusent de prendre leur part de la répartition des réfugiés attribués par la Confédération au canton d'Argovie. Un collectif de citoyens s'est créé contre cette décision, et a fait annuler le budget par l'assemblée communale, mais un référendum a été lancé contre cette annulation, et pour rétablir la taxe d'exemption. On votait le 1er mai. Pour convaincre une majorité de ses concitoyens de payer pour se préserver des métèques, Andreas Glarner n'a pas hésité à invoquer les attentats de Bruxelles et les viols de Cologne. Histoire de bien leur faire rentrer dans le crâne que d'entre les huit ou dix réfugiés qui devaient venir à Oberwil, il y avait certainement des terroristes et des violeurs. Dans ces conditions, que près de la moitié des votants au référendum municipal aient accepté les réfugiés tient un peu du miracle. La taxe d'exemption du refus d'accueillir les bougnoules a finalement été acceptée (et donc les réfugiés refusés) par 579 voix contre 525, avec près de 70 % de participation. Elle devrait se monter à 400'000 francs, puisque ce ne sont plus huit, mais dix réfugiés que la commune aurait dû accepter. Faut les comprendre, les oberwilains : 10 réfugiés, ça doit correspondre à quelque chose comme un demi pourcent de la population locale. Carrément une invasion, quoi. Comme quoi, la Suisse profonde, elle sait reconnaître les périls. Les vrais. Les basanés.

Le roboratif Claude-Alain Voiblet, ex-président de la section lausannoise de l'UDC, viré du parti mais restant conseiller communal et député indépendant, a fondé son propre groupe au Conseil communal, le groupe libéral-conservateur, qui comptera cinq membres dès le 1er juillet, sur les douze que comptait l'UDC lausannoise. C'est marrant, on aime bien quand ça se passe chez l'adversaire, ce genre de conneries, mais moins quand ça menace de se passer chez les alliés. Même s'il est peu probable qu'on en arrive là à Ensemble à Gauche ou au MCG, puisqu'il n'est pas possible de créer un groupe parlementaire en cours de législature à Genève, ni au Conseil municipal, ni au Grand Conseil... C'est con, on l'aurait bien suggéré à Stauffer et Medeiros...

Trois objets fédéraux ont été inscrits au menu des votations du 25 septembre (jour de la colchique), sans compter les objets cantonaux : une initiative écolo « pour une économie verte », qui demande que la Suisse réduise son empreinte écologique des deux tiers d'ici à 2050 (on votera «oui»), une initiative populaire (de gauche) pour « une AVS forte », qui demande une hausse de 10 % des rentes de retraite (on votera « oui » aussi), et une nouvelle loi sur le renseignement, combattue par référendum, qui renforce les moyens de la police fédérale au nom de la lutte contre le terrorisme (on votera « non »). Tous enjeux dont on se fera un devoir de vous recauser dans les mois à venir.

Un référendum municipal a abouti à Vandoeuvres, un des parcs à bourges de la rive-gauche genevoise. Il a été lancé contre un crédit de construction de trois bâtiments locatifs et de leurs prolongements (parking, éco-point, aménagements extérieurs). Pourquoi n'est-t-on pas surpris qu'un tel référendum aboutisse, sur un tel sujet, dans une telle commune ? Des bâtiments locatifs à Vandoeuvres, enfin...n'importe quoi...  pourquoi pas une mosquée à Ecône, pendant qu'on y est ?

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