Fonds de tiroir


Tout frais Maire annuel de Genève, le PDC Guillaume Barazzone, au prétexte de « faire des choix » dans le subventionnement des manifestations culturelles, proposait de ne plus subventionner que deux des sept festivals de cinéma actuellement subventionnés par la Ville. Deux, pas plus. Les cinq autres? Ils se démerdent. Ou ils arrêtent. Co-directrice du festival «Black Movie», visé par les propos du Maire annuel, Kate Reidy remet les pendules de Barazzone et du PDC (et de l'Entente, et de la droite coagulée) à l'heure : son festival a attiré 30'000 personnes en 2015, touche 12'000 enfants du canton, une grande partie des réalisateurs (« non occidentaux ») présentés à « Black Movie » se retrouvent ensuite dans les festivals les plus prestigieux (Cannes, Venise, Berlin, Moscou, Locarno...), et le budget du festival est inférieur au million, avec 130'000 francs de recettes de billetterie. Bref, Barazzone ne connaît rien au sujet dont auquel il cause en balayant « la réalité du terrain ». Alors faut la lui expliquer, la réalité du terrain. Reste à savoir si ça sert à quelque chose : si ça se trouve, il sait très bien qu'il a dit n'importe quoi, mais comme il l'a dit pour faire plaisir à ses copains du PDC, du PLR, de l'UDC et du MCG, il n'en a rien à secouer, de la réalité du terrain. Juste du rapport des forces politiques. Et de la nécessité de faire croire à la droite qu'elle a une politique culturelle. Noble ambition, non ? Plutôt combat désespéré.

La commission des finances du Conseil municipal, chargée d'examiner les comptes 2015 de la Ville de Genève, les a (à l'exception des socialistes, qui les ont acceptés) refusés. Pourquoi ? A droite, on les a refusé parce que comme on avait refusé le budget 2015 on ne voulait pas voter des comptes qui constatent le respect du budget. Chez les Verts et à Ensemble à Gauche, on les a refusé parce qu'on continue de régler d'autres comptes : ceux, politique, du référendum sur la rénovation et l'extension du MAH. Il faudrait que quelqu'un explique aux membres de la commission des finances que la seule chose qu'on demande à des comptes c'est d'être honnêtes et de refléter la réalité des dépenses et des recettes  : les choix politiques, c'est l'affaire du budget, pas des comptes. Bon, de toute façon, ce petit défoulement politicien est sans importance : la validation finale des comptes, c'est le Conseil d'Etat qui la fait. Même si le Conseil municipal les refuse. Alors hein, les états d'âme des uns et des autres, on s'en tamponne un peu le coquillard...

Le vote britannique de jeudi porte-t-il réellement sur une sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne ? On peut en douter, tant la campagne des partisans du «Brexit» l'ont transformé en défouloir contre l'immigration, y compris de la part de quelqu'un comme Boris Johnson qui, quand il était Maire de Londres, chantait les mérites et défendait les droits des immigrants, jusqu'à proposer la régularisation des « illégaux présents au Royaume-Uni depuis plus de douze ans ». Il est vrai que le vent à tourné, et qu'en Angleterre comme ailleurs, il souffle aujourd'hui d'au fond à  droite. Alors on s'adapte. Le leader du parti d'extrême-droite UKIP, Nigel Farage, n'a jamais, lui, eu besoin de tourner avec le vent : il a toujours tenu le même genre de discours que celui qu'il a tenu pendant la campagne sur le « Brexit». Genre : les femmes anglaises risquent d'être violées si on ne quitte pas l'Union Européenne. En attendant, c'est une députée anglaise, travailliste et pro-européenne qui a été assassinée par un militant néonazi. Qui, quand un juge lui demande son nom, répond « Mort aux traîtres, liberté pour le Royaume-Uni »...


Alors que six Maires de communes de la rive gauche exprimaient leurs réserves, voire leur opposition, à la traversée routière du Petit Lac, le Maire annuel de Genève, Guillaume Barazzone signait (mais en tant que Conseiller national) un tous ménages distribué à tous les habitants de ladite rive gauche pour soutenir ladite traversée (que le Conseil administratif de la Ville ne soutenait ni ne s'y opposait). Il nous souvient que lorsque Rémy Pagani, collègue de Barazzone au sein du Conseil administratif de la Ville, avait publiquement exprimé son opposition au projet d'extension de la caserne des Vernets, la droite avait couiné à l'irrespect du devoir de réserve (que le Tribunal fédéral avait rappelé lors d'une votation sur une baisse d'impôts). Là, quand il s'agit de la traversée, c'est le silence. Y'aurait-il quelque part deux poids, deux mesures ? Nooon, pas chez nous. Ailleurs, peut-être, mais pas chez nous, allez...

Deux pétitions signées par 10'000 personnes ont été remises le 20 juin à une représentante de la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga : elles demandent à la Suisse d'accueillir rapidement 50'000 réfugiés.  « Les frontières ne doivent plus tuer », a proclamé la présidente du syndicat Unia. C'est ce qui s'appelle être à contre-courant. Et c'est la preuve qu'on est vivants. Le sens du courant, c'est bon pour les poissons morts.  Et nous, on  préfère être un saumon vivant qu'une tanche morte.

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