Fonds de tiroir


Le 18 février 2015, le Conseil municipal de la Ville de Genève adoptait une résolution, dont le projet lui avait été soumis cinq ans plus tôt (faut pas être pressés...), s'inquiétant des licenciements opérés en Suisse pour cause d'activité syndicale, alors même que la Suisse est signataire de la convention  98 de l'Organisation internationale du Travail qui garantit les droits syndicaux, et que le Comité de la liberté syndicale de l'OIT recommande au gouvernement suisse de prendre des mesures pour que les syndicalistes licenciés pour leur activité syndicale puisse être réintégrés dans leur poste. Le Conseil municipal demandait au Conseil administratif de transmettre sa résolution au Conseil fédéral, ce que le Conseil administratif a fait... en mai dernier, plus d'un an après l'adoption de ladite résolution (faut pas être pressés...), en lui demandant de faire en sorte que la Suisse honore ses engagements internationaux. Et il a répondu, le Conseil Fédéral. Et même rapidement (un mois après avoir reçu la résolution municipale). Et même par la voix du président de la Confédération, Johann  Schneider-Amann. Jusque-là, tout va bien... mais il a répondu quoi, au juste, le président au nom du gouvernement ? euh... qu'il aimerait bien que la Suisse honore ses engagements internationaux sur les libertés syndicales, mais que le patronat ne veut pas, lui, et qu'il n'y a donc pas consensus, et que le gouvernement il aimerait bien qu'il y ait consensus, mais qu'il ne veut pas y forcer le patronat. C'est pas son genre, au gouvernement suisse, de forcer le patronat à quoi que ce soit.

On est bien contents, quand on va y faire nos courses : la Migros a accédé au classement des 500 plus grosses entreprises mondiales, établi par le magazine américain  « Fortune », à la 243ème place, avec un chiffre d'affaire de 27,4 milliards de francs en 2015.  Avec nos cabas M-Budget, on va se la péter grave...

Le « salon de massage » (d'aucuns le définissant plus franchement, et sans qu'il le démente, de bordel...) Vénusia a de l'humour, mais pas la commission de la Ville de Genève qui se prononce sur les affiches publicitaires que la Société générale d'affichage juge problématiques : pour la quatrième fois en cinq ans, les affiches de Vénusia ont été censurées par cette commission, qui les a jugées « dégradantes » pour l'image de la femme. L'affiche censurée en juin représentait un terrain de football sur lequel était dessiné un schéma tactique représentant le corps d'une femme, avec ce slogan : « chez nous, toutes les passes sont réussies ». En 2011, Vénusia s'était déjà vu interdire (mais par le canton, et pour « apologie du tabac »...) une affiche parodiant le tableau de Magritte « ceci n'est pas une pipe », représentant donc une bouffarde avec pour seul slogan « dès 160 francs »... On se demande ce qu'on censure, là : les affiches de Venusia, pas plus «dégradantes pour l'image de la femme» que bien d'autres, incitant à l'achat de bagnoles, de cosmétiques, de vêtements ou de n'importe quoi d'autre, ou l'activité de Vénusia, activité parfaitement légale...

Sur pression de l'UDC, dont c'est une obsession, soutenue par le PLR et une partie du PDC, le Parlement fédéral a intimé au Conseil fédéral l'ordre de retirer sa demande d'adhésion à la Communauté européenne, demande déposée il y a un quart de siècle (en 1992, juste avant le vote sur l'adhésion à l'Espace Economique Européen), et demande congelée, cryogénisée, depuis lors. Et surtout, demande d'adhésion désormais sans objet, puisque la Communauté Européenne n'existe plus. Donc voilà, la Suisse ne demande plus son adhésion à feue la Communauté Européenne. Et le Parti socialiste a retiré sa demande d'adhésion à la Troisième Internationale. Et Genève sa demande d'adhésion à la République française. Et le Tessin sa demande d'adhésion à la République Cisapline. Et les trois cantons primitifs leur demande d'adhésion au Saint-Empire romain germanique. On progresse, on progresse...

Le Conseiller national UDC du Valais Jean-Luc Addor a été inculpé en juillet de discrimination raciale pour avoir écrit « on en redemande », après qu'un homme, musulman, ait été tué dans une fusillade dans une mosquée à Saint-Gall. Addor, soutenu par son parti et défendu par Marc Bonnant, se déclare en « lutte contre l'avancée de l'islam en terre chrétienne » (la terre a donc une religion ? La vase aussi, apparemment) et a réagi à son inculpation en accusant le Ministère public valaisan de faire « le sale boulot des islamistes ». Faire le sale boulot des autres, on n'en accusera pas les udécistes : ils ont assez de sale boulot à faire avec le leur.

Selon les relevés de l'Office fédéral de la statistique, le nombre de mariages conclus en Suisse (41'900 en 2015) ne cesse de baisser (de 1,1 % entre 2014 et 2015), celui des divorces ne cesse d'augmenter (il atteint deux pour mille habitant-e-s) et de plus en plus d'enfants (22,9 % des naissances en 2015, en progression de 7,1 % en un an) naissent de parents non mariés, les reconnaissances en paternité suivant, en augmentation de 8,4 % en un an. Une seule solution, donc, paraît s'imposer d'elle-même pour rétablir la primauté incontestable du mariage (hétérosexuel et reproductif) sur les autres formes de vie en couple (ou plus si entente) : l'autoriser aux couples de même sexe. Le mariage pour tous pour sauver le mariage, quoi. Une idée géniale. Reste plus qu'à expliquer ça aux intégristes de tout poil.

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