Fonds de tiroir


Gominator a porté plainte. Bon, si on s'en tient là, c'est pas franchement une info bouleversifiante, il n'arrête pas de porter plainte (ou d'annoncer qu'il va le faire), Stauffer Mais là, c'est plutôt rigolo : il porte plainte...contre Facebook. En juin, le réseau social lui annonce que son logiciel de reconnaissance faciale a repéré son portrait sur la page d'un inconnu, un incertain Martin Villeneuve. Qui se fait passer pour lui (et réciproquement). En plus, le Villeneuve en question serait Français. Circonstance aggravante. Stauffer s'aperçoit que sur cette page, il n'est pas le seul à figurer en photo: y'a aussi sa femme, sa fille, sa doublure (Medeiros) et Luminator (Roger Golay). Il demande donc à Facebook de faire retirer les photos en question de la page du pseudo-Villeneuve. Facebook refuse, malgré ce qui ressemble fort à une usurpation d'identité. Donc Stauffer demande le blocage immédiat de la page et annonce une plainte pénale. Ouala. Non mais franchement, on ne sait pas si «Martin Villeneuve» existe, mais s'il existe, il doit être sérieusement atteint dans sa capacité de discernement : se faire passer pour Stauffer (ou faire passer Stauffer pour soi), faut vraiment être maso. Même au MCG, ils n'en pouvaient plus de lui être assimilés...

Y'a quand mêmes des entreprises qui ont de la chance. Une sacrée chance, même. Ou une chance sacrée. Les Eglises allemandes, par exemple : elles perdent des clients (des fidèles, quoi), mais elles gagnent du pognon. Explication : chaque contribuable catholique ou protestant est obligé (pas comme à Genève, où cette contribution est volontaire) de payer entre 8 et 9 % de ses revenus à son église. C'est le fisc qui encaisse et qui reverse cette dîme à l'église concernée. Et comme le revenu imposable des allemands augmente réguliè-rement, même si le nombre de fidèles recule, la manne fiscale s'accroit. En 2015, les églises catholiques et protestantes alleman-des ont ainsi reçu 11,5 milliards et demi d'euros au titre du «Kirchensteuer» (6 milliards pour les cathos, 5,5 milliards pour les protestants), soit 700 millions de plus qu'un an auparavant, tout en ayant perdu plus de 400'000 fidèles... L'archevêché papiste de Bavière à reçu à lui seul 570 millions d'euros, ce qui en fait le plus riche d'Allemagne et sans doute du monde. Son patrimoine dépasse les six milliards, et celui de l'archevêché de Cologne frise les trois milliards et demi. On en fait des choses, avec tout ce pognon : en 2013, on a ainsi appris que l'évêque du Limbourg avait claqué 30 millions pour la construction de sa résidence épiscopale, dont 15'000 euros... pour sa baignoire. A ce prix, on espère qu'elle fait aussi usage de bénitier. Et que l'évêque marche sur son eau avant que de la transformer en vin. Heureux les pauvres, comme on dit dans les Béatitudes...

En mars de l'année dernière, dans le canton de Fribourg, une assemblée d'information sur l'installation d'un centre de requérants d'asile à la Gouglera avait tourné au défoulement xénophobe, des centaines d'habitants huant, injuriant et menaçant les élus qui défendaient le projet. Début août, rebelote dans le canton d'Uri (sans compter les épisodes du même genre survenus entretemps ailleurs, et qui n'ont pas attiré notre attention) : la conseillère d'Etat PLR Barbara Bär venue défendre un projet d'installation d'un centre de requérants (60 places) à Seelisberg (700 habitants) est ressortie toute retournée de la séance : « je n'avais jamais vu autant de haine ». Ouais, heureusement que la dernière votation sur l'asile est supposée avoir « dépassionné » le débat : on n'en est pas encore tout à fait au stade du pogrom. Pas encore. Pas tout à fait. Le pire n'est jamais sûr. Mais jamais exclu non plus.

Mais en voilà une idée qu'elle est carrément de génie : celle du « think thank » libéral « Avenir Suisse » de bidouiller le suffrage universel pour donner plus de poids au vote des jeunes qu'à celui des vieux... l'âge moyen des votants étant actuellement de 56 ans (vu le faible taux de participation électorale des jeunes), et devant passer à 60 ans d'ici 2035 (vu le vieillissement de la population), le groupe des retraités et pré-retraités finira par être carrément majoritaire dans les urnes, ce qui réduirait à néant toute idée de réforme, en particulier des régimes sociaux (retraites, assurance-maladie, assurance-chômage, aide sociale etc...). Du coup, «Avenir Suisse» suggère de rompre avec le principe « un-e citoyen-ne, une voix », en donnant plus de poids au vote des jeunes (la socialiste zurichoise Jacqueline Fehr fait la même proposition insane), ou d'abaisser la majorité civique à 16 ans pour rajeunir le corps électoral, ou de généraliser le droit de vote des étrangers (s'ils sont contribuables), ou de donner un simulacre de droit de vote aux enfants, mais exercé par leurs parents. Et si, plutôt que de donner aux jeunes un droit de vote pesant plus « lourd » que celui des vieux, on les incitait à faire usage du droit de vote égal dont ils disposent déjà et dont ils n'usent pas -quitte à se plaindre ensuite du résultat des votes où ils se sont abstenus ? Parce que si le vote des jeunes est régulièrement écrasé par celui des vieux, c'est tout simplement parce que les jeunes s'abstiennent massivement (quitte à geindre ensuite, comme les jeunes anglais après le Brexit) : à Genève, en 2015, le taux de participation des 20-19 ans était de 17,6 points inférieur à la moyenne cantonale... mais cette abstention peut aussi s'expliquer par des sujets mis en votation, qui n'intéressent pas les djeuns. Et puis, voter et élire ne sont pas les seules manière de participer à la vie politique, et aux choix politiques (seuls 10 % des électrices et électeurs inscrits participent à tous les scrutins -et on en est... Cela dit, il est vrai que, comme le rappelle judicieusement l'historien radical Olivier Meuwly, « les libéraux ont toujours eu de la peine avec le suffrage universel » (ils ne l'ont accepté que contraints et forcés par la révolution radicale -eux en tenaient pour le suffrage censitaire). Alors quand ils peuvent essayer de le tronquer, faut pas s'étonner qu'ils essaient... Mais on peut tout de même s'étonner que des socialistes les suivent dans cette offensive revancharde contre le principe « une personne - une voix ». Pas une demie-voix parce qu'on est vieux, ou une voix doublée parce qu'on est jeune, ou autant de voix qu'on a d'enfants : une voix. C'est trop simple, comme principe ?

L'UDC vaudoise s'est dotée, au printemps dernier, alors qu'elle était victime (consentante) d'une scission (le parti « libéral-conservateur », créé par Claude-Alain Voiblet), d'un « Document de référence politique » qui ressasse les obsessions xénophobe et autoritaires du parti. Et fait une place enviable à l'une de ses caractéristiques : le machisme bas de plafond. Le document décrit le féminisme comme une idéologie dévastatrice « qui pousse les femmes à s'épanouir de la même manière que les hommes, non pas en s'occupant des enfants mais en déployant une activité hors du cadre familial », que le féminisme est le consumérisme « ont entraîné un recours massif à la contraception (et aussi à l'avortement), ce qui a à son tour entraîné une forte dénatalité dans les pays occidentaux », compensée, horreur ! par « une forte immigration ».  On ne fera même pas mine d'être surpris de la misogynie du parti des vieux mâles suisses allemands : elle est constitutive de ce qu'il est, y compris en Romandie. On se contentera d'être surpris que des femmes (pas beaucoup, il est vrai) adhèrent à ce parti. Et soient surprises (et même pour certaines, choquées) de voir exprimé dans un document programmatique l'une de ses caractéristiques les plus évidentes : le machisme bas de gamme, version gros bide et bretelles. Elles croyaient avoir adhéré à quoi, au juste ? Aux Femmes Socialistes ?

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