Nouvelle
loi sur le renseignement : Les illusions dangereuses
Dimanche soir, selon toute vraisemblance (et selon tous les sondages), la nouvelle loi sur le renseignement, qui renforce les pouvoirs et les moyens du service de renseignement de la Confédération, sera adoubée (et peut-être même plébiscitée) par le peuple. Ses partisans, tel Pierre Maudet dans la "Tribune de Genève" du 15 septembre, voient dans cette loi une simple adaptation aux menaces nouvelles (qui ne sont d'ailleurs pas si nouvelles que cela, si les moyens sur quoi elles reposent sont aussi nouveaux que les technologies qu'ils emploient), et une dotation à la Suisse d'un " Service de Renseignement digne de ce nom". Les adversaires de la loi, dont nous sommes, y voient à la fois une menace et une illusion dangereuse : une menace sur la liberté individuelle, une illusion de sécurité, fauteuse d'insécurité réelle. La peur étant mauvaise conseillère, l'illusion fera certainement accepter largement la menace. Sans plus de sécurité, avec seulement plus de surveillance.
Big Brother vous regarde. Pour vous protéger ou pour se protéger, lui ?
Les appels à un renforcement de l'efficacité des services de sécurité, des polices, des armées, des services spéciaux, des services de l'immigration, des garde-frontières se sont fait assourdissants depuis l'émergence du terrorisme islamiste. Ce sont ces appels qui fondent l'essentiel de l'argumentaire des partisans de la nouvelle loi sur le renseignement. Mais à utiliser le seul critère de l'efficacité, sans le soumettre, sans le plier à l'impératif de légitimité, de respect des libertés et des droits (dont celui à la protection de la vie privée), on se condamne à applaudir à l'efficacité des opérations "terroristes" auxquelles on croit pouvoir parer en renforçant les moyens de surveillance de toute la population -et donc le pouvoir des services de police, et donc de l'Etat, sur les citoyens. Car à leur détestable manière, les terroristes sont efficaces : ils tuent un maximum de personnes dans un minimum de temps avec un minimum de moyens. Et traumatisent leur véritable cible : non pas l'Etat, mais l'opinion publique. Pour se préparer à applaudir à l'efficacité de la prévention des actes de terrorisme, de la traque et du châtiment de leurs coupables, nous faut-il aussi applaudir à l'efficacité des tueurs ?
On a voté "non" à la nouvelle loi sur le renseignement. Parce que la surveillance généralisée nourrit une illusion de sécurité : à quoi servent la CIA, le FBI, la NSA, leurs ersatz et leurs avatars dans tous les pays capables de s'en doter (et la Suisse veut en être) ? Les services de sécurité et de renseignement américains sont capables de lire ce texte sous la forme où vous le lisez ; ils sont capables d'intercepter n'importe lequel de nos courriers électroniques, mais n'ont pas été capables d'empêcher un groupe terroriste de s'emparer sur territoire américain de quatre avions de ligne américains et de les jeter contre le WTC et le Pentagone...
Dimanche soir, selon toute vraisemblance (et selon tous les sondages), la nouvelle loi sur le renseignement, qui renforce les pouvoirs et les moyens du service de renseignement de la Confédération, sera adoubée (et peut-être même plébiscitée) par le peuple. Ses partisans, tel Pierre Maudet dans la "Tribune de Genève" du 15 septembre, voient dans cette loi une simple adaptation aux menaces nouvelles (qui ne sont d'ailleurs pas si nouvelles que cela, si les moyens sur quoi elles reposent sont aussi nouveaux que les technologies qu'ils emploient), et une dotation à la Suisse d'un " Service de Renseignement digne de ce nom". Les adversaires de la loi, dont nous sommes, y voient à la fois une menace et une illusion dangereuse : une menace sur la liberté individuelle, une illusion de sécurité, fauteuse d'insécurité réelle. La peur étant mauvaise conseillère, l'illusion fera certainement accepter largement la menace. Sans plus de sécurité, avec seulement plus de surveillance.
Big Brother vous regarde. Pour vous protéger ou pour se protéger, lui ?
Les appels à un renforcement de l'efficacité des services de sécurité, des polices, des armées, des services spéciaux, des services de l'immigration, des garde-frontières se sont fait assourdissants depuis l'émergence du terrorisme islamiste. Ce sont ces appels qui fondent l'essentiel de l'argumentaire des partisans de la nouvelle loi sur le renseignement. Mais à utiliser le seul critère de l'efficacité, sans le soumettre, sans le plier à l'impératif de légitimité, de respect des libertés et des droits (dont celui à la protection de la vie privée), on se condamne à applaudir à l'efficacité des opérations "terroristes" auxquelles on croit pouvoir parer en renforçant les moyens de surveillance de toute la population -et donc le pouvoir des services de police, et donc de l'Etat, sur les citoyens. Car à leur détestable manière, les terroristes sont efficaces : ils tuent un maximum de personnes dans un minimum de temps avec un minimum de moyens. Et traumatisent leur véritable cible : non pas l'Etat, mais l'opinion publique. Pour se préparer à applaudir à l'efficacité de la prévention des actes de terrorisme, de la traque et du châtiment de leurs coupables, nous faut-il aussi applaudir à l'efficacité des tueurs ?
On a voté "non" à la nouvelle loi sur le renseignement. Parce que la surveillance généralisée nourrit une illusion de sécurité : à quoi servent la CIA, le FBI, la NSA, leurs ersatz et leurs avatars dans tous les pays capables de s'en doter (et la Suisse veut en être) ? Les services de sécurité et de renseignement américains sont capables de lire ce texte sous la forme où vous le lisez ; ils sont capables d'intercepter n'importe lequel de nos courriers électroniques, mais n'ont pas été capables d'empêcher un groupe terroriste de s'emparer sur territoire américain de quatre avions de ligne américains et de les jeter contre le WTC et le Pentagone...
L'"antiterrorisme" est clivant et discriminatoire : il organise la
population en deux groupes, celui des suspects et celui des
non-suspects, c'est-à-dire tous les autres. On se retrouve avec la
distinction des "conformes" et des "dangereux". Au groupe
non-suspects, aux "conformes", sont encore garantis les droits
fondamentaux face à la police et à la justice, les libertés
démocratiques d'expression, d'association et de manifestation, et
le droit au respect de leur vie privée. Mais plus la surveillance
sera large, plus seront importants les moyens qui lui seront
accordés et les pouvoirs qui seront accordés aux services
policiers (et militaires) chargés de la mettre en oeuvre, plus
sera réduit le groupe de "non-suspects", des "conformes", des
inoffensifs. Et plus la masse d'information recueillies sera
importante, plus son traitement sera difficile. Aura-t-on alors
renforcé les moyens de prévenir les actes de terrorisme ? On aura
surtout (et peut-être n'aura-t-on abouti qu'à cela) renforcé le
contrôle de l'Etat sur la population.
Big Brother vous regardera. Pour vous protéger ou pour se protéger, lui ?
Big Brother vous regardera. Pour vous protéger ou pour se protéger, lui ?
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