Système de retraites : le premier pilier doit rester le premier


   
La solidarité ou la thésaurisation


Dimanche 25 septembre, dans le menu des votations fédérales, on a l'initiative syndicale "AVSplus", soutenue par toute la gauche, combattue par toute la droite (et le Conseil fédéral) et par le patronat. Un bon gros clivage politique basique. L'initiative propose une hausse de 10 % des rentes AVS. L'enjeu, c'est le choix du pilier du système de retraite à privilégier, et à soutenir, d'entre les trois qui constituent aujourd'hui ce système,  l'AVS, assurance sociale fondée sur la solidarité, plutôt que la prévoyance professionnelle (le "2ème pilier"), épargne forcée fondée sur la capitalisation individuelle, ou le "troisième pilier", c'est-à-dire l'épargne volontaire. Les syndicats et la gauche privilégient l'AVS, le patronat, la droite et le gouvernement privilégient le "deuxième pilier, et font tout ce qu'ils peuvent pour le renflouer. Un combat de principe autant qu'un combat de classe : la solidarité sociale contre la thésaurisation individuelle. Le premier pilier doit le rester : premier, et pilier. AVS+ y concourrait efficacement, à un coût tout à fait supportable pour les conributeurs (les salariés et les entreprises).


Quand les jeunes immigrés paient l'AVS des vieux UDC...

Selon un premier sondage, l'initiative "AVS +" recueillait 60 % d'avis favorables en moyenne suisse, et même plus en Suisse romande. Selon un second sondage l'initiative ne recueillait plus que 49 % d'avis favorables (contre 43 % d'oppositions), avec un soutien plus faible en Alémanie qu'en Romandie, plus fort chez les retraités que chez les actifs, et une majorité d'oppositions non seulement au PLR, mais aussi à l'UDC...  Il reste donc à la gauche à transformer le capital de sympathie dont bénéficie l'initiative en votes, pour obtenir la double majorité (du peuple et des cantons) nécessaire... Et d'autant plus nécessaire que la droite est à l'offensive pour faire passer l'âge de la retraite à 67 ans, et qu'un vote le plus massif possible pour l'initiative est le meilleur moyen, aujourd'hui, de contrer cette offensive. Pour l'avenir des retraites en général et de l'AVS en particulier, la présidente du PLR suisse, Petra Gössi, nous laisse princièrement, dans la "Tribune de Genève" du 26 août, le choix entre "trois possibilités de réforme : travailler plus longtemps, payer plus ou recevoir moins". Exaltant, non ? Et pourquoi pas les trois en même temps ? Ou mourir plus tôt ?

Nous vivons toujours plus longtemps : est-ce un problème pour l’AVS ? Non, car c’est la masse salariale (le niveau des salaires, le nombre de salariés, la productivité) qui finance l’AVS. Comme les personnes professionnellement actives sont plus nombreuses, produisent plus pendant un même laps de temps et sont mieux payées, elles contribuent par conséquent plus. En conséquence, les recettes de l’AVS augmentent malgré des taux de cotisation inchangés. Grâce à des revenus plus élevés, l’AVS amortit automatiquement depuis plus de 65 ans les coûts induits par la société vieillissante. L’espérance de vie a (fort heureusement) augmenté depuis la création de l’AVS en 1948. Elle est passée en moyenne de 67,3 ans à 82,7 ans. Pendant le même laps de temps, le taux de natalité a baissé, passant de 2,5 enfants par femme à 1,5 enfant. Le nombre de personnes actives par retraité(es) a baissé, passant de 6,5 à 3,4 personnes pour 1 retraité(e). Mais les dépenses de l’AVS n’ont pas explosé et leur part des dépenses de l’AVS au PIB est restée stable depuis 40 ans, malgré le vieillissement de la population. Grâce, notamment, à l'immigration, puisque plus y a de salariés, plus il y a de cotisants, et que c'est, en Suisse, aujourd'hui, l'immigration qui maintient, ou plutôt accroît, la population active -et donc les ressources de l'AVS.
La situation est paradoxale -et, finalement, assez morale : ce sont les jeunes immigrants qui paient l'AVS des vieux Suisses, y compris de ceux qui votent UDC et croient indispensable de freiner ou d'annihiler l'immigration.
L'immigrant africain payant l'AVS de Christoph Blocher : amusant, non ?

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