Fonds de tiroir


On n'est jamais si souvent né à Genève qu'en 2015. Et on n'y est jamais si souvent mort, non plus. 5390 chtis bébés sont nés à Genève de mère domiciliées dans le canton, l'année dernière (presque autant d'enfants nés étrangers que d'enfants nés suisses). Et 3393 personnes sont mortes dans le canton dans la même année. Ce qui fait un solde démographique naturel de 1997 personnes de plus en un an. Sans compter le solde migratoire (qui s’essouffle un peu), mais en comptant les naissance ici d'enfants nés de parentes immigrés : en clair, moins d'étrangers nous arrivent de l'étranger, mais les étrangers déjà arrivés font plus d'enfants. L'augmentation des naissances est la conséquence directe de celle de la population : les femmes ne font pas plus d'enfants (le taux de natalié genevois est de 1,47 enfant par femme en 2015, un chiffre stable depuis dix ans), mais il y a plus de femmes qui font des enfants, parce qu'il y a plus de femmes. Y'a de la logique, là dedans. Et les meufs, elles enfantent de plus en plus tard (l'âge moyen des femmes donnant naissance était de presque 33 ans l'année dernière -c'est le plus élevé de Suisse), du fait de l'allongement du temps de formation, du report de l'entrée dans la vie « active » et des changements de comportements, qui expliquent aussi l'augmentation de la part d'enfants nés hors mariage : 28 % en 2015 -il y a quarante ans, cette part n'était que de 4 %, la diminution du nombre de mariages et donc celle du nombre de divorces, y'a de la logique là-dedans. Voilà pour le carnet rose. Pour la rubrique nécrologique, on a compté en 2015 234 décès de plus qu'en 2014. La faute à quoi ? A la grippe hivernale et à la canicule estivale. Mais si on meurt plus, on meurt plus vieux : 60% des décès sont de personnes au moins octogénaires. Ouala, Tout baigne  : on n'est pas en crise démo-graphique, y'a moins d'immigrants qu'avant qui se pointent, y'a plus d'enfants qu'avant qui naissent, et on meurt plus vieux qu'avant. Et on râle toujours autant. Ben quoi, on est à G'nêêêêve, non ?

C'est la septième cause de décès dans le monde. ça ronge le foie, dégénère en cancer ou en cirrhose. Puis tue, quand ça peut. ça s'appelle l'hépatite C. Un pour cent de la population suisse est porteur de la maladie. Mais au moins 10 % de la population des détenus de Champ-Dollon. C'est pas grave, elle est pas dommage, la population des déte-nus de Champ-Dollon. N'empêche que le chef de la médcine pénitentiaire genevoise, Hans Wolff s'inquiète : il n'y a aucune stratégie unifiée de lutte contre cette saloperie entre les différents can-tons, alors qu'elle se transmet facilement d'un détenu à l'autre : le virus est coriace et patient, il peut survivre pendant des semaines sur une brosse à dent ou un rasoir. Ou une seringue : Injections de drogue, tatouages, lui permettent de se propager. Et la surpopulation car-cérale n'arrange pas les choses. Des cantons romans, seul Genève distribue des seringues propres en prison, considérant que comme il est impossible d'éviter l'usage clandestin de drogue injectable, il vaut mieux éviter qu'il soit facteur d'une épidémie potentiellement mortelle. Celle du sida, ou celle de l'hépatite C. En Suisse alémanique, certains cantons refusent d'assurer le traitement contre l'Hépatite C aux détenus étrangers. Pour des rai-sons d'économie. Un malade non soigné, ça coûte moins cher qu'un malade qu'on soigne ? En tout cas, si ça meurt, faute de soins, ça ne coûte plus rien. Et ça libère un lit.

A celles et ceux que les polémiques sur la burqa et le burkini laissaient sur leur faim, en voici une à peu près du même tonneau : à Wädenswil, charmante petite ville de 21'000 habitants au bord du lac de Zurich, un couple d'habitants a fait taire les cloches du temple protestant de 22 heures à 7 heures, le tribunal admi-nistratif ayant estimé que le besoin de repos primait le respect d'une tradition séculaire. Mais la paroisse a fait re-cours, au motif que deux personnes ne pouvaient pas mettre à mal cette tradition séculaire. Dans une affaire du même genre, le Tribunal fédéral avait d'ailleurs estimé en 2010 que la tradition et l'intérêt général l'em-portaient sur les intérêts particuliers. Bon, on leur offre un muezzin, aux habitants que les cloches dérangent ?

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